eDEN
FANZINE HOUSE
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UN GROOVE UNE NATION
NUMÉRO1 MAI/JUIN 92
10 FRANCSles clefs du paradis
eDEN est édité par l'association COLLECTIF eDEN 171 rue Lafayette 75010 PARIS.
Pour les abonnements et la publicité, nous contacter (tarifs très intéressants !)
COMITÉ DE RÉDACTION : Adelaide Dugdale, Christophe "Widowsky" Monier, Christophe Vix. CONCEPTION GRAPHIQUE : Michaël Amzalag @ M/M, Paris. COLLABORATEURS : Jerry "Jay Rémi" Bouthier, Sylvain "Le Gland" Legrand, Thierry Pilard, Alain Quême, Spider, Patrick Vidal. MERCI : Aram, Nicolas.
Imprimerie spéciale. Dépôt légal à parution. Directrice de la publication : Adelaide Dugdale. (c) eDEN 1992 Reproduction interdite.
SOMMAIRE
Nº1 Mai/Juin 92ÉDITO/4
TRIBUNES/6
FÊTES/14
DRUGSTORIES/23
UP&DOWN/25
SKEUDS/26
DJs/47
La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n'engageant que leurs auteurs.
ÉDITO
« COMMENT ? Un fanzine sur cette putain de zique de merde ! Vous vous foutez de la gueule du monde ? » Non, chers lecteurs, on vous méprise. Fidèles de la house, émigrez ou restez dans un placard, la France n'est pas tendre avec ce qu'elle ne comprend pas. Six ans que la house prit naissance, six ans de mépris, six ans que certains prédisent sa fin... La house n'est pas l'émanation d'une disco queen défoncée mais bien l'expression d'une génération d'individus se reconnaissant dans le rythme, les fêtes, la danse et la fusion des genres.
Une génération en voie de frustration si la police et les tenanciers de boîtes et de salles se liguent pour briser notre élan. Entre les prix exorbitants des locations de salle, l'archaïsme des boîtes et le décervelage techno des raves, les gens qui apprécient la house dans son ensemble n'ont qu'à rester chez eux. Non, on veut sortir des sentiers battus et on finira bien par y arriver !
Qu'y a-t-il à comprendre dans notre démarche ? Rien d'autre que l'envie de vous stimuler et de vous envoyer au septième ciel. eDEN souhaite devenir le reflet des différentes sensibilités et également un regard sur l'actualité de la scène house en France, qui manque d'objectivité et de moyens d'information. Ce journal est à la disposition de toute personne appréciant la house, nous attendons proposition et critique.
On vous cause, profitez-en !
eDEN
TRIBUNES1
LE CAUCHEMAR DE NOS RAVES
OK, que se passe-t-il dans les raves à Paris ? Y aurait-il une conspiration de dealers pour substituer à une véritable programmation un magma de bruit ? Veulent-ils pousser les ravers à prendre plus de drogue ?
La scène rave est pourrie. Personne ne mangerait dans un restaurant au nom de SALMONELLOSE, alors qui voudrait danser dans une rave nommée CAUCHEMAR ? Ce n'est pas une coïncidence si le mot RAVE est proche du mot RÊVE, le contraire de NIGHTMARE. Comment appeler les prochaines raves ? Merde, le chat est dans le robot, le gynéco a oublié l'anesthésiant ; ça me donne de bonnes vibrations, et vous ?
Une rave est une célébration, pas un deuil. Si les raves actuelles continuent de nous bombarder avec une cacophonie de sons et nous rappellent notre dernière visite chez le dentiste, on va avoir besoin d'analgésiques ! That's not the point. Une rave n'est pas un concours, le vainqueur n'est pas le type le plus jeté. To speed or not to speed ? Come on geezers, it's shit and U know it. Prenez en exemple Laurent Garnier et d'autres DJs ayant travaillé en Angleterre au lieu de nous imposer une musique toujours aussi hardcore après 5h du mat ! Utilisez vos cervelles. Les ravers de Paris veulent être stimulés, pas électrochoqués. Prouvez que vous connaissez aussi bien le garage, la deep house, la techno Detroit que la techno deutsch, qui ignore tout SOUL !
Le problème, ce n'est pas juste les organisateurs, mais surtout les ravers qui devraient avoir honte de leur apathie. Votez avec vos pieds ! Si la musique ne vous plaît pas, foutez le camp ! L'été arrive, it's going to be a fine night tonight... Alors célébrez-le ! Faîtes votre été de l'amour !
Technotrauma ? Non merci, moi je voterai avec mes pieds.
ADELAIDE DUGDALE
TRIBUNES2
NOUS SOMMES DES ÊTRES HUMAINS
C'est merveilleux ! Paris est un vaste temple où des sons de fête résonnent, les organisateurs rivalisent d'imagination pour susciter chez leurs semblables un enthousiasme délirant...
Voilà ce que j'aimerais raconter, la réalité en est fort loin, tout nuit et conspire à nuire à ce que Paris ait une nuit à sa hauteur. Les raves ont apporté un nouveau souffle dans le milieu sclérosé des clubs parisiens, en dehors de leur système mondain et financier. Les raves ont offert à leur début un espace nouveau à une génération en quête d'identité et de défoulement. Quelle est la philosophie des raves ? Les gens se retrouvent pour danser sans distinction sociale et ethnique et se reconnaissent à travers la house. Cette musique stimule l'adrénaline et tend à vous projeter hors de notre quotidien. Dans une certaine mesure, les Anglais ont là innové et développé un rituel récréatif propre à nos sociétés européennes. La scène house parisienne ne dégage pas la même ambiance de joie. QUAND VA-T-ON ARRÊTER DE NOUS DÉCÉRÉBRER ? Une fois encore la France risque de passer à côté d'un mouvement plein d'avenir à cause d'une scène house mort née... Mort née à cause d'un milieu qui ne reconnaît qu'une techno et à cause d'une absence de public, qui vit dans l'ignorance ou bien qui aura disparu par excès de dope. Quel avenir ! Les raves restent les seules occasions de sortir sur Paris, mais peut-on supporter un tel déchaînement de BPM primaires ? Certaines raves font preuve d'un certain prosélytisme qui s'opère par la sélection musicale ; D'où que vienne cette tendance hardcore, cela risque d'être le chant du cygne de la house en France... Nous sommes des êtres humains ! Nous souhaitons un retour à l'esprit premier des raves et à une musique plus variée, chantant l'amour, la paix, l'espoir et l'harmonie.
En un mot : DANSER = VIVRE
VIX
TRIBUNES3
LE CALME APRÈS LA TEMPÊTE
Le dimanche peut être plus beau que le samedi soir. Si tu n'es pas prudent, le matin peut apporter stress, fatigue et d'autres inconvénients. Cogite un peu et profites-en ! Cela peut être plus intéressant que la veille... Vive la culture du dimanche !
INGRÉDIENTS :
1 La bouffe : remplis le frigo avec de la bouffe sexy : yaourt, marrons glacés, Danette, du thé... Oh là là, on va s'éclater !
2 Le haschich : need we say more ?
3 Vêtements : chauds et confortables
4 Relaxation : un bain à la lueur d'une bougie avec un amant ou tout seul, ou une douche avec les mêmes spécifications. L'expérience t'activera le sang.
Attention au choix de tes petits camarades ! Si le soleil brille, les Bionic Lovers te proposent le formi-fucking-dable matin « suivant la nuit après » (dixit Lozza Gazza). Ne cherche pas asile dans ta chambre, ne ferme pas les volets ! Profite de Paris, d'un pain au chocolat ou d'un joint au bord du canal St-Martin, ou des Buttes-Chaumont avec un amant ! S'il pleut comme vache qui E et si tu disposes d'un grand appart, fais la fête avec tes potes ! Quoi de mieux que de passer la matinée à laver tes cheveux et ceux de tes amis et à se faire masser ? Si le chill-out est un succès, la fatigue te quittera comme une chauve-souris fuit les enfers. Si tu écoutes de la musique, évite le hardcore, c'est pour les têtes brûlées... Connais-tu THE ORB, A TRIBE CALLED QUEST, KLF, Ambient Collection ? Utilise-les ! Si tu n'accroches pas, un chiffre : 101.5 (FM). Et pour les fidèles qui lisent cet article, que pensez-vous de l'église ? Le dimanche matin à Notre-Dame, à la Sainte Chapelle, dans une église russe vous coupera le souffle ! Religieux ou pas, assis toi sur un banc d'église et chill out ! De l'encens, des bougies, un orgue et des chœurs...
ATTENTION, ne pense pas qu'avec le cœur, mais aussi avec la tête. Garde les pieds sur terre ! Si tu es aux portes d'Éden, dimanche, laisse la porte ouverte et n'oublie pas la réalité.
THE BIONIC LOVERS
TRIBUNES4
D.A.N.S.E.R.
Finalement, quel plaisir de danser jusqu'à épuisement sur de la bonne musique. Peu importe qu'elle supporte l'appellation Techno, House, Deep ou Garage dès lors qu'elle exprime et stimule en nous le bonheur et l'énergie. Car, sans ces deux notions, toute soirée risque de faillir à sa mission. Mais... Quelle mission déjà ? Et bien, tout simplement nous faire bouger à un point tel que se sentir bien dans son corps mais aussi et principalement dans sa tête devient inévitable. Et si l'émotion est avant tout personnelle, elle est appelée à se transformer en joie collective. Comme chacun cherche à partager cet excès de bien-être, l'euphorie efface simplement tout ce qui pouvait nous séparer dans d'autres circonstances. Mais attention tout ceci ne peut se réaliser que si : 1- La musique est dotée d'un contenu réel et construit, et 2- Si le public est conscient que ce n'est pas l'extasy (ou toute autre substance) qui permet de s'amuser réellement. L'extasy n'est qu'un agrément et rien ne se passera jamais dans une rave si l'on n'a pas le profond désir de profiter de la musique et l'envie sincère de communiquer avec autrui.
ALAIN
FÊTES
#1
Parler des clubs suppose un léger retour en arrière. Deux soirées forment la pierre angulaire de l'ambiance parisienne et sont significatives. La première aurait dû être LOVEPARTY, qui allait proposer pour le Nouvel An aux parisiens une rave dans ce qu'elle a de positif, à commencer par le nom ; Cependant elle n'eut pas lieu... Heureusement des personnes inspirées réussirent l'exploit d'organiser deux jours après l'annonce de l'annulation de cette soirée une rave « formi-fucking-dable » dans les environs de Paris. Mon dieu, quel hasard ! La deuxième prit le nom de MÉGATON et était promise à devenir le haut lieu techno de la capitale, le carton représentait un champignon atomique fort évocateur de l'ambiance bonne enfant de ces raves. Que s'est-il produit ? Un miracle ? Une apparition ? Non, Mégaton devint involontairement le monument de la scène techno française : une main malencontreuse mit le feu à l'établissement en question. Mon dieu, quel hasard !
Depuis le mois de janvier, les quelques dizaines de rave qui ont eu lieu n'ont pas toutes laissé un souvenir impérissable, loin de là. Saluons quand même HAPPY LAND d'avoir organisé une rave digne de ce nom à la Défense le 18 janvier, enfin des DJs talentueux et un concert. Il est simplement regrettable que cette organisation dynamique ne soit pas aussi inspirée depuis dans le choix des DJs. COSMOS FACT avait ébloui Paris par ses premières raves, comment ne pas oublier le temps de RAVE AGE à Champigny, au Collège Arménien et au Bourget ? La scission n'a rien engendré de bon malheureusement. Comment qualifier les raves organisées à MOZINOR et surtout à MONTREUIL par Cosmos Fact ? Rarement autant de violence prit tant d'ampleur... Quant à RAVE AGE du 29 février, l'idée de produire FRANKIE BONES et ADAM X sur Paris était séduisante en soi, mais il est dommage d'importer le côté le plus trash de la scène new-yorkaise alors que le Sound Factory est un vivier de DJs talentueux. Petits parisiens, croupissez dans la techno ! Le même soir à l'Espace WAGRAM se produisait la soirée sûrement la plus intime de Paris, une association d'étudiants de la fac de Leeds loua l'espace à l'insu de tous, sauf de nous, et ce fut fuckingsuper ! Programmation breakbeat avec des moments ragga-techno excellents, sans oublier des petits anglais adorables et des bières à 5 F !
GALACTICA le 28 mars à l'Aquaboulevard suscita quelques intérêts et démontra les points forts des raves british : musique dynamique quoique très speed et infatigables « pickles » sautillants. À côté l'organisation laissa un véritable bordel se développer au vestiaire, qui a été pillé (au fait, à quand le dédommagement ?), et se dota d'une sono crachoteuse (comme trop souvent sur Paris) et finit trop tôt.
La surprise de la saison a été la rave organisée par BEATATTITUDE le 25 avril, des inconnues notoires, qui vont sûrement apporter un nouveau souffle à la scène house parisienne. Déprogrammée brutalement de son lieu d'origine, la soirée a finalement eu lieu Quai d'Austerlitz et a été montée en une après-midi. Bravo ! Enfin de nouveaux DJs à Paris (Reds, Djul'z et Serge "Therapy" Papo) et des MCs locaux. (Starr Warrs), sans oublier la présence de La Tortue. La programmation ne fut pas des plus mémorables, mais quelle fraîcheur à côté des autres !
Les soirées péniche offrent un spectacle différent. Comme disait notre chroniqueur techno national sur les ondes hertziennes à propos de Tricky, « la plus ancienne et la moins chère soirée techno », il n'y a que les fidèles qui viennent ! Surtout prenez des analgésiques et restez chez vous ! Les soirées donnent lieu à des rencontres plus intimes et plus fortes en sensations diverses à ceux qui apprécient les délices de la lobotomie. Quelle chance de rencontrer des gens formidables ! Quelle joie de se faire marcher dessus ! Quelle intensité dans ces réunions informelles au bord d'un canapé ! Les mots me manquent, l'émotion aussi.
Le manque de créativité caractérisant les boîtes parisiennes, il est difficile de signaler quelques bonnes soirées., mais il serait injuste de ne pas signaler FEAR OF A DANCE PLANET de Mandel. Ce dernier organise quelques bonnes soirées en différents endroits où le garage et la deep deviennent des éléments naturels. Merci Jésus !
VIX
#2
CHRONIQUE D'UNE TECHNO TEA DANCE DIMANCHE 3 MAI 14-22H
19, AV. VICTORIA
DJs : LA TORTUE/PACMAN/(SALVATORE RUSSO)
OBSERVATEUR : LE GLAND
Curieux, Alain et moi nous rendons à cette tea-dance nouvelle formule où peut-être sera-ce l'occasion de passer un dimanche après-midi à l'ombre des premiers rayons de soleil et, surtout, de découvrir une autre fête qui s'annonce plus conviviale, sans avoir certains inconvénients : crapahuter dans la banlieue, dans la nuit glauque, à la recherche d'une usine désaffectée où se passe la rave hypothétique annoncée par Rognant et flyers douteux, tout en se demandant comment on va faire pour rentrer ! Là c'est mieux ; l'endroit est on ne peut plus central, la chose se passe à des heures dues et on a la possibilité de sortir un dimanche sans voir les hordes de touristes dont Paris dégorge en ce moment.
Le prix d'entrée (50 F) n'incluant aucune boisson est une aberration une fois encore et, dans la foulée, citons également les tarifs conso : de 10 F - un thé (en teabag !) servi dans un gobelet plastique avec 10 cm3 d'eau - à beaucoup plus... Organisateurs de fêtes, maintenant que vous vous êtes fait assez de thunes, ne pourriez-vous pas remettre les tarifs à leur place SVP ? (entrée 20 F/thé 5 F).
Le lieu est petit, juste ce qu'il faut, les murs sont propres, il y a des chaises pour s'asseoir et des coins pour s'installer. Ca ressemble à un appart aménagé pour l'occasion. Il y a deux salles, la première où les DJs jouent et les gens dansent avec un light show sympa et un écran large animé des visuels d'Amfétamine (!), la seconde dite « chill-out » - on se demande pourquoi car le véritable chill-out digne de ce nom, c'est sur le trottoir que ca se passe. Pour la déco, le déploiement de tulle fluo n'est pas nécessaire d'autant plus qu'on se prend les pieds dedans ; de même, les fresques comportant symboles et autres gribouillages d'auteurs, elles aussi fluos, franchement on s'en lasse - Mozinor a déjà bien donné dans le genre.
Une constatation troublante : les ravers sont des dégueus. Ils ne savent pas pisser dans le trou. Une fois de plus, je découvre des chiottes inondées d'urine où la chasse n'est jamais actionnée. Mais bon, par rapport à celles de la nuit Rave Age du 29/2/92 qui avait remporté le 1er prix des toilettes les plus explosées de merde, cela restait fréquentable j'ai pu faire mon pissou dans le trou.
L'ambiance est plutôt friendly, pas trop défoncée pour une fois mais les tronches habituelles sont là comme toujours, et de ça aussi on s'en lasse - nucomers are welcome. Sinon, la température dans la salle est bien montée à 50 °C, ce qui nous a donné quelques torses nus à mater. Hot !
Les DJs nous ont fait une musique qui date, à base de techno proute classique mais tout de même, il y a eu un passage inattendu de samba-house très bouge-miches et remue-loloches que perso, je trouve plus sexy que tous les grincements techno d'une certaine production belge réunie, ainsi que plusieurs plages tribal-house et même on a eu droit à Strings Of Life : un peu d'émotion dans un monde de brutes. Donc, dans l'ensemble, une programmation très habituelle de la par de ces deux DJs sans aucun effort particulier pour innover. La Tortue est décidément nul aux mixages, il ferait mieux d'utiliser des K7, enregistrées à la pause en play-back. Cela nous éviterait quelques désastres d'enchaînements dont lui seul a le secret. Train a bit and you'll get it ! Par contre, Pacman montre plus de souplesse, et même, il la joue très subtile à certains moments, non seulement en tant que mixeur, mais aussi dans le choix des morceaux. En plus, il est gentil comme tout.
Conclusion : cela faisait un mois que je n'étais pas sorti, j'ai bien dansé, cette techno tea dance était plus que supportable mais bon, rien n'a vraiment évolué au sein de cette scène et je pense qu'il en faut encore beaucoup pour faire remonter le niveau des initiatives de ce genre, ne serait-ce que pour nous donner envie d'assister à la prochaine...
#3
ARENA SAMEDI 9 MAI
32-34, RUE MARBEUF 75008 PARIS
DJS : LOUISE/SEB FONTAINE/MACK DRESE/BERTRAND
OBSERVATEUR : VIX
Une fois de plus c'est l'arnaque ! Si Seb (c'est bien ?) officie au Ministry Of Sound comme le prétend le carton, alors il fait du pousse-pousse dans les chiottes ! Et si les organisateurs veulent monter la soirée de la capitale, ce n'est pas avec une entrée à 1OO F qu'ils y arriveront.
Cependant Arena vaut le détour, c'est toujours plus agréable qu'une rave techno et DJs Louise et Mack se débrouillent convenablement, ils ont une bonne programmation. Quant à Bertrand, pourquoi si mal terminer après avoir si bien commencé ? La fin ressemblait à n'importe quelle rave prout. La sono était presque excellente, c'est normal pour des Anglais, et nous avons eu droit à de beaux visuels sans rapport avec la house, mais bon ?
L'ambiance était plutôt calme, pas d'hystérie collective et pour cause, ce n'est pas en ouvrant un V.I.P. Bar qu'on attire les gens les plus intéressants. Vous avez compris, à la prochaine vous viendrez avec votre carte bleue! Prochaine soirée le 23 mai, et cela reste quand même intéressant car on s'y amuse.
#4
VOODOO PARTY VENDREDI 15 MAI ÎLE DE LA JATTE NEUILLY
DJs : MOBY/SASKIA "MISS DJAX"/FREDDY
OBSERVATEUR : ADELAIDE DUGDALE
En entrant dans la salle ma 1re pensée était de m'être trompée et de me trouver dans un four. Oh, the heat coming off the red faces ! La piste était bourrée de danseurs, notamment des peaky-blinders anglais. Leurs visages étaient rouges comme... Comme des visages de ravers anglais, quoi. Avec MOBY, la salle en bas était pleine sans arrêt (vous voyez ce que je veux dire sur la qualité de musique) La programmation était superbe, très speed, très mélodique, mais en même temps assez dur. MOBY n'était pas agité comme à certaines P.A. en Angleterre l'année dernière. Quand il a quitté la scène, j'aurais dû l'imiter. Saskia est arrivée et le changement a été flagrant. L'ambiance s'est enfuie à la vitesse d'un TGV. Comment quelqu'un de si joli peut passer des morceaux si épouvantables ? Je ne le comprendrais jamais. Oui, elle a vraiment mis le chat dans le micro-onde ce soir-là. J'ai dû m'échapper vers le calme pensant qu'il y avait un ouvrier avec un marteau-piqueur dans ma tête. Je n'aime pas dire du mal des DJs, surtout des filles (car je trouve qu'il n'y en a pas assez), mais c'est plus agréable d'écouter des morceaux plus légers.
Le plafond de la piste était tellement bas que je me suis cassé la tête plusieurs fois. La salle du haut était grande comme une tente, les lumières baissées, très chill-out. Les Anglais ont donné une ambiance très nutty, on pouvait vraiment les distinguer des autres, très habitués à se faire FUBAR (Fuck Up Beyond All Recognition)
En conclusion, MOBY était vachement bon ; l'avez-vous entendu le soir suivant sur Nova ? Mais si Even Heavens veut faire un vrai coup de cœur, il vaut mieux trouver des meilleurs endroits, plus raves, moins boîtes. Ne crachez pas sur les autres organisateurs, c'est trop mesquin. On n'est plus à l'école, OK ?
AGENDARAVES :
BABYLONE 22/5 espace Voltaire DJs : James, KTS, Nach, Panik, Pascal
TEMPLE-PARTY I (BIS) 22/5 warehouse Saint-Ouen DJs : Jack, Paul Jay, Per, PA : TERRACE
ARENA 23/5 Élysée Marbeuf DJs : Bertrand, Laurent Garnier, Mackie Marvel
BRAINWAVE SOUND PART II 23/5 péniche La Seine DJs : Merlin, Moon, guests
TEKNO TANZ RESISTANCE 23/5 warehouse à Bobigny DJs : Laurent Hô, Liza Neliaz, guests
UNDERGRAVE 27/5 17, rue de Châtillon 75014 DJs : Dimitri, DJ Dee, PA : PILLS
HAPPY LAND 30/5 foyer de la Grande Arche DJs : Brainwasher, G.N.D., La Tortue, Pacman, Rave Crusader, PAs : OLIVER ADAMS, CODE RED, DIGITAL ORGASM, INNER LIGHT, MISS LIE, PRAGA KAHN, LORDS OF ACID
OUCH! 30/5 ou 6/6 Jussieu DJs : DJ Tom, Serge "Therapy" Papo, Patrick Vidal
PASSION IN FASHION 4/6 Central DJs : DJ Tom, Serge "Therapy" Papo
COSMOS FACTORY 6/6 Mozinor DJs : Eddie de Klerk, Pacman, Stika, Topolina, Yohm
BEATATTITUDE 13/6 DJs : DJ Reds, Djul'z, Kid Paul, guests
P.U.R. PLAISIR 14/6 péniche Liquenda pont de Grenelle DJs : Danny KG, DJ Tom, Patrick VidalONE NIGHTERS :
CABARET jeudis Folies Pigalle DJs : Jules, Patrick Vidal, PAs : divers
COMIC STRIP mercredis Les Bains DJs : Jules PAs : divers
FUCK vendredis et le 27/5 La Luna, DJ : DJ Tom
TRICKY lundis péniche Rubis, DJs : Pascal, Yann, guests
TWO THOUSAND 1 dimanche sur 2 Shéhérazade DJs : La Tortue, guests
ULTRAWORLD mercredis Flashback DJ : Fred
WAKE UP PARIS jeudis Rex Club DJs : Deep, Laurent Garnier, guestsCLUBS :
LE CAFÉ VOGUE tlj DJs : Andre, Jules, Kimo, Thierry Perdereau
LA CASBAH tlj DJs : Andre, Conrad, Thierry Perdereau, Patrick Vidal
LA LUNA tlj DJs : Andréa, DJ Tom, Fifi, Thierry Scordel
LE MEMORIE'S mardi au samedi DJ : Brainwasher
LE SHÉHÉRAZADE samedis à partir de juin DJs : Fousto, Patrick Vidal, guestsOrganisateurs de soirées, écrivez ou téléphonez-nous pour figurer sous notre rubrique agenda, ou pour prendre une page de pub.
COUP DE GUEULE
THE INVADERS, fin février. Excédé par une programmation hardcore débilitante, je me réfugie à l'abri des fréquences agressives pour écouter au baladeur un peu de garage. Un individu me demande d'écouter au casque et me le rend violemment : « Pouahhhhh ! C'est de la musique de nègre ! » Quelques instants plus tard, je le retrouve aux platines. No comment.COUP DE CŒUR
Quelques tapageurs croyants à la diversité musicale ont organisé trois soirées sans prétention à JUSSIEU ; à chaque fois ce fut un vrai bonheur d'entendre une programmation ressemblant un peu à celle que les Londoniens peuvent entendre le samedi soir au Ministry of Sound. On se rend compte alors que cette musique n'est pas limitée aux boîtes.
VIX
SOURIEZ
UP en HAUT DOWN EN bas LEVER LES BRAS Rentrer la tête 33T EN 45T À -8 33t et 45t à +8 BÉGO VERT Bégo jaune VICKS Pullmol YAOURT À LA BANANE Yaourt à la fraise CHUPA CHUPS Tétines ADAM ET ÈVE Mickey et Minnie DIRTY CHIC Fashion prout STÜSSY Stasi BONNETS DE SKI Casquettes de base-ball THE GREEN MAN L'Homme invisible eDEN Les Inrockuptibles LES ANGLAISES Eurodisney BAUME DU TIGRE Eurodisney EURODISNEY Eurodisney
TRIBUNES5
DRUGSTORIES : E-CULTURE IN QUESTION
(My private road is the Ecstacy drive)
Do we belong any E-culture ? The answer is yes, definitely. But as everything didn't start with an E, we should manage without it every now and then. In fact, House was born of clean heads - no E-heads in the area at that time.
And now that bad-trip-techno has spoiled it all (les parisiens savent de quoi je parle : il semble qu'il soit à la mode d'avoir « l'exta triste » dans les fêtes), it is even more important to think twice before you swallow an E. What's the point of getting high when there's no vibe around ? Well, I dunno. I choose not the fast lane on the Ecstacy drive. On en est tous venu à gober un soir ou l'autre. La légende et le leitmotiv « Ecstacy-Ecstacy » ne parlaient que de ça. On a pris une grande claque dans la gueule quand l'extase est montée pour la première fois, parce que c'était la première fois ; et aussi les gens, la musique et l'événement étaient différents. Depuis on a eu quelques bons scotchages, mais la montée est devenue de plus en plus difficile - sans parler des descentes où tout devient trop réel, trop vite. Entre temps on a laissé sa naïveté au vestiaire, on s'est renseigné sur la molécule et on s'est rendu compte que claquer 200 balles dans un X, acheté à n'importe qui, dans une soirée qui veut dire n'importe quoi, c'est perdre son argent, son temps et sa tête pour rien. On voulait juste s'amuser, s'aimer, danser, se toucher et écouter la house qui fait décoller - les anthems de Pacific State, Move Your Body, SUBURBAN KNIGHT, 2 For Joy, Help Me To Believe, etc. - mais à la place, sous faux X (où est passé le MDMA ??), on se demande ce qu'on fait là dans ces soirées zombie où plus aucune synthèse ne se fera entre la musique et l'amour. Aujourd'hui je tourne la page et je me reconstruis un rêve comme avant l'extase, où rien qu'une vibration de basse me mettait en transe ; et je vais peut-être essayer Fast Blast ou Rise & Shine parce que j'ai beaucoup à rendre à mon esprit, mon corps et mon âme.
LE GLAND
SKEUDS
MANIFESTE HYSTÉRIQUE :
À la fin de la précédente décennie, le show-biz français a tout essayé pour que la révolution house n'atteigne pas nos côtes : campagne de dénigrement systématique, censure et blocage divers, interdiction d'antenne (NRJ prohibant les disques contenant les termes « acid » ou « ecstasy »), refus de cette musique par les programmateurs, présentation fausse et négative par les journaux et les télés (voir une certaine émission de Ciel mon mardi ! en 89), insistance mise sur l'aspect drogue au détriment de l'aspect artistique.
De nombreux clubs et DJs préfèrent passer les DOORS ou BOB MARLEY. Quant aux maisons de disques, elles refusent tout simplement de sortir, de distribuer et de promouvoir les disques de house. Mais le mouvement est devenu trop fort à l'étranger. Nos frontières se révèlent très perméables et la house envahit nos campagnes, d'abord par le nord, vite relayé par quelques héros parisiens : musiciens, DJs, journalistes, organisateurs de soirées et de raves.
Aujourd'hui, le show-biz honni espère se faire de la thune avec des ersatz de house (de LORCA à LAGAFF), ou en sortant des compils techno hâtivement bouclées, sur les pochettes desquelles les mots « rave music » sont soulignés par des autocollants « pub TV »...
N'enrichissons pas ces gens-là ! Boycottons les pressages français, sauf lorsqu'il s'agit de productions françaises, ce qui implique un réel effort de la part de la maison de disques, et le désir de développer la scène house dans ce pays (voir chez Rave Age Records, Fnac Music Dance Division, bientôt Delabel...). CD ou vinyl, achetons des pressages originaux, imports américains, anglais, belges, hollandais, italiens, européens pour certaines multinationales, etc.
Vous aurez en plus l'avantage d'être plus proche de l'artiste : la gravure et donc le son seront contrôlés par lui, la pochette sera plus conforme à ses souhaits et moins polluées par des références et des codes supplémentaires. Sans compter que les imports sont disponibles plusieurs semaines avant la sortie officielle, que les CD maxis américains sont beaucoup plus généreux en minutage et en nombre de versions que ceux normalement vendus ici, que le vinyl des petits labels étrangers est souvent de meilleure qualité, etc. Quant au prix, si vous cherchez un minimum, la différence sera souvent très faible. Pour les trouver, fréquentez les Fnacs Montparnasse, Italiens, Champs Disques, Danceteria, BPM, USA Import... Évitez les magasins anti house comme la Fnac Forum, Sound Records, New Rose...
LE FOU FURIEUXCD :
Le CD est de bien meilleure qualité que les meilleurs vinyls. Les basses vous tapent encore plus dans le ventre. Les aigus vous scient encore plus radicalement les oreilles. Il est inusable. Il est pratique. Il est programmable (pour sauter les plages qui vous font chier). Il est beaucoup moins encombrant. Il est plus mignon. Une pochette immonde (et il y en a beaucoup en dance) passe bien mieux en petit. Il est économique (l'équivalent de 12 maxis pour 130 balles, qui dit mieux ?). Il propose souvent des mix et des bonus tracks inédits en vinyl. On l'écoute en voiture, en chill out, dans le métro, dans son salon, dans son lit, etc. Et surtout, on le sample beaucoup plus rapidement... C'est décidément le meilleur support pour la house music !
WIDOWSKY
CD COMPILS :UNDERGROUND DANCE MUSIC VOL. 1 (Atlantic/US) :
Compil de 7 maxis sortis récemment par le Black Music Department d'Atlantic, voici sans hésitation le disque du semestre. Son écoute devrait être rendue obligatoire à tous ceux qui emploient les mots « deep » et « groove » à tort et à travers. Démarrage sur les chapeaux de roues avec le célèbre Holdin' On de MICHAEL WATFORD réalisé par Roger Sanchez et une partie de l'équipe du dernier album d'ADEVA. 2e moment fort : Outta Limits de MISSION CONTROL super deep avec un refrain étrange sans doute composé par SISTERS OF MERCY en plein délire house (ben voyons). Étape finale, la montée vers l'extase avec les 3 derniers morceaux : d'abord Spread Some Love de TONY RANSOM, bombe garage uplifting ; puis Sunday Afternoon de RUDOULPHO, instru-mental de 10'20", tout en hypnose jazz house, avec une programmation de percus éblouissante et une simplissime mélodie au piano qui vous transperce la tête ; enfin l'apothéose avec Touch Me, autre titre de RUDOULPHO en bonus sur le CD, merveille de groove chanté avec une espèce de désinvolture atypique (note de Christophe Vix : le parfait morceau deep glitter !).AREA CODE 212 (Creation/UK) :
Bien que sorti sur une maison de disques anglaise, il s'agit d'une compil de musique new-yorkaise non disponible en CD autrement. 7 titres parus sur différents petits labels plus un excellent inédit de MK (Mark Kinchen habiterait désormais New York). Les autres très bons morceaux sont It's Just An Ecstacy de PROJECT XYZ qui sonne comme du Strictly Rhythm (sans en être), Love Of Life de YOHAN SQUARE, bon exemple de ce que ferait A TRIBE CALLED QUEST s'ils se mettaient à la house, I Said I Like It de DJ DELITE et You Are The One de GROOVELINE, 2 house tracks avec vocaux échantillonnés. Par contre I'm A Bitch de la très surestimée A BITCH CALLED JOANNA est une grosse merde. L'entendre débiter des insanités en anglais et espagnol sur une musique style Who's That Beat 89 vous fera juste bailler.WAREHOUSE RAVES 6 (Rumour/UK) :
Depuis plusieurs années, Rumour Records, spécialisés dans les compilations, publient leur série des Warehouse Raves dont le principe est de proposer un assortiment des hits undergrounds du moment, avec une grande variété de style et d'origine et, en accord avec un certain esprit balearic, avec toujours un titre absolument pas house. Cette fois-ci, il s'agit de l'épouvantable Rofo's Theme de ROFO, instrumental hi-NRG cheap qui sert sûrement de générique à un jeu télévisé en Belgique, alors que, par exemple dans le volume 2, on avait eu le droit au sublime The Bottle de GIL SCOTT-HERON, bizarre... À part cette faute de goût facilement réparable avec la programmation de votre lecteur, ce volume 6 est vraiment parfait pour aborder l'été : 2 bombes techno-piano uplifting (M&M et C-BOUNCE), un superbe Joey Negro garage (MYSTIQUE/Fire), son petit frère tout aussi bon (le GEORGE NORMAN'S HAYWIRE), le morceau délirant d'un percussionniste français vivant à Londres (PASCAL'S BONGO MASSIVE/Père cochon), un morceau techno donnant lui aussi envie de lever les bras et de sauter en l'air (ça existe ! INDUSTRIAL/The Future), le célèbre Green Man de SHUT UP AND DANCE mélangeant breakbeats et violons néoclassiques, et le curieux ACEN avec sa voix ultra pitchée prise je suppose sur JAMES. Par contre, les M-D-EMM, LFO et KICKS LIKE A MULE sont à mon avis très mauvais, mais sont effectivement des tubes de raves. Quant au classique garage Reachin' de PHASE II, j'aurais préféré un des nouveaux mix de JOEY NEGRO au lieu de celui-ci que tout le monde a déjà 10 fois (au moins sur la Garage Sound Of Deepest New York) ; mais je suis très exigeant...CLOSET CLASSICS VOL. 1 (More Protein-Virgin/UK) :
Une somme des meilleurs morceaux du meilleur label anglais de pop house, dans des versions remixées par MASSIVE ATTACK, BROTHER IN RHYTHM, BELOVED, etc., distribuée en pressage anglais et à prix réduit par Virgin France, cela aurait pu être l'affaire de l'année ! Mais quoi, 11 morceaux, 40 mn : que des versions courtes ! Le boss de More Protein, c'est-à-dire Boy George (alias JESUS LOVES YOU alias Angela Dust), veut-il jouer avec nos nerfs ? Se rend-il compte de la frustration que représente l'écoute du 10 Glorious Years Mix de After The Love interrompue en plein milieu ? Et qu'a-t-on à foutre d'une version de 1'40" (!) et sans rythmique du tout récent simple de JAGDEEP SINGH (même pas bon pour le sampling : il y a des nappes tout le temps) ? Et pourquoi le La La Gone Gaga Mix de Generations Of Love, et non pas le Totally Outed Mix, qui aurait tant fait plaisir à tous ceux qui étaient à Ibiza l'été dernier ? Et pourquoi pas le très deep Mouthquake Master Mix du Love On Love de DR. MOUTHQUAKE sorti en 89, avec sa superbe basse échantillonnée l'année suivante par LIAISON D pour Sirenas ? Bon, arrêtons là, à 80 F ce CD reste hautement recommandable.
WIDOWSKY
CD ALBUMS :JAMIE PRINCIPLE "The Midnite Hour" (Smash-Polygram/US) :
JAMIE PRINCIPLE est un des pionniers de la house de Chicago. Il sort aujourd'hui chez Smash Records (qui nous avaient donné il y a quelques mois le remarquable album de D'BORA) un CD de house garage très funky, fait, comme Baby Wants To Ride et Rebels en 88, avec la collaboration de Steve "Silk" Hurley. Principle a un style très reconnaissable : il mélange chant en voix de tête, paroles chuchotées et gémissements, et enrobe le tout de petites séquences de synthé. Un peu CARLTON + PRINCE sur des rythmiques house. Écoutez en priorité : Hot Body, You're All I've Waited 4 paru un peu avant en maxi, Please Don't Go Away et le superbe down-tempo If It's Love.BAS NOIR "Ah... Bas Noir" (Atlantic/US), COLONEL ABRAMS "About Romance" (Acid Jazz-Scotti Bros./US) :
2 excellents albums de garage classique.
Je recommande vraiment le COLONEL ABRAMS à tous ceux qui avaient aimé Bad Timing sur la Garage Sound Volume III (pour mémoire, la meilleure compil de 91 avec la This Is Strictly Rhythm). Moments forts : You Don't Know (Somebody Tell Me) (sorti en maxi), In The Groove (offert en 2 versions) et le formidable et uplifting Straight Up. Et il n'y a que 3 titres non house (sur 12).
On connaissait BAS NOIR, duo vocal féminin pour avoir sorti quelques maxis chez Nu Groove. Voici leur 1er album chez Atlantic, qui devient peu à peu une référence incontournable en matière de house noire américaine. Contrairement au 1er simple à en être extrait, Superficial Love, plutôt urban soul ainsi que 3 autres morceaux sur les 11 que contient le CD, le reste est complètement garage, fait avec des pointures comme les frères Burrell ou Dee Dee Brave.QUAZAR "Seven Stars" (Go Bang!/NL) :
QUAZAR est un groupe de techno hardcore hollandais. A priori tout pour déplaire. Mais comme leurs compatriotes FRD, on sent qu'ils ont écouté et assimilé beaucoup de bons disques, particulièrement ceux sortis chez Trax en 87-88 à Chicago. Ils ont un beau son, ample, équilibré. Ils savent programmer leurs batteries et leurs percus d'une manière suffisamment fournie, avec ce qu'il faut de groove. Ils savent se servir de leur TB-303 ; ils savent aussi la remplacer par d'autres synthés et trouver ainsi leurs propres sons originaux. Ils utilisent même une chanteuse (trahison !) sur (FF Into) The Future et sur Change For The Better. Ils ont surtout composé un classique absolu, Seven Stars (qu'on trouve ici en 3 variations), 10 fois pompé depuis sa sortie maxi il y a 2 ans. Le parfait album acid pour 92.
WIDOWSKYMR FINGERS "Introduction" (MCA/UK) :
Avril 92 voit le retour d'un musicien que l'on ne devrait pas avoir à présenter ; Larry Heard sous le pseudonyme de MR FINGERS. Largement inconnu en France, il vient de boucler en GB une tournée de plusieurs clubs (Hacienda à Manchester, Warehouse à Brighton, quelques showcases à Londres et Glasgow). Coïncidant avec la promo du simple Closer tiré de l'album intitulé Introduction, cette mini tournée a permis au public présent d'apprécier la maturité de ce musicien - producteur, mixeur - si discret depuis 1988 et exposé presque soudainement à une reconnaissance plus large en 92. Après avoir fait partie de plusieurs groupes de jazz-fusion et de R&B, Larry Heard créa en 1988 son propre groupe FINGERS INC. en compagnie de deux chanteurs (Ron Wilson et ROBERT OWENS, ce dernier également DJ en dehors du groupe). Après un unique et excellent album Another Side sur le label Jack Trax, FINGERS INC. se sépare, ce qui semble étrange vu le succès underground rencontré par leur production. Il semble que des problèmes de droit et d'édition dus au label DJ International dont dépendait le groupe, auxquels s'ajoutèrent des ennuis financiers, aient été à l'origine de la rupture de FINGERS INC.. Retourné à un job alimentaire, Larry Heard a continué cependant à composer et à remixer pour de nombreux groupes. Distribuée à une échelle peu importante, la liste (non exhaustive) est impressionnante : remix pour DIANA BROWN & BARRIE K. SHARPE, BLACK SOCIETY, 2ND AVENEW, production de RICKY DILLARD, ADAMSKI, KIM MAZELLE, LIL LOUIS, MONDEE OLIVER, ELECTRIBE 1O1, RON WILSON, KRISS COLEMAN, TEN CITY, THE IT et plus récemment Any Love pour MASSIVE ATTACK. Pour le meilleur, on peut détecter les traces de FINGERS INC. dans l'album Introduction qui vient de paraître. Toujours le même attrait pour des mélodies qui une fois en tête ne veulent plus en sortir, drumbeats tout en retenue, claviers et cuivres jazzy, une production subtile, bref le disque d'intérieur rêvé (d'extérieur si vous décidez de pousser le volume). Éventuellement, Robert Owens, toujours inégalé en inflexions dramatiques ou plaintives, assure les vocaux sur Empty que Larry Heard a composé en 1988 en imaginant confier le chant à Anita Baker ! Présent aussi sur Dead End Alley, Owens retrouve les accents de FINGERS INC. sur un background de house élastique. Sur plusieurs titres uptempo, On A Corner Called Jazz, Alright, apparaissent en guests KYM SIMS (filière Steve "Silk" Hurley), SHAWN CHRISTOPHER et Darnell Rush ; excellent casting sur ces morceaux qui rappellent pour beaucoup les meilleurs moments garage de l'album de Frankie Knuckles sorti l'année dernière. Quatre instrumentaux : l'ambient et entêtant Uniform Variations, le plus heurté USSR, tablas pour un raccourci Ibiza-Chigago de la bien nommée plage de calme Waves Against Shore et l'insouciance « cour de récré » de Children At Play pour conclure un album très consistant qui élève house, soul et dance à un niveau inattendu. Le nom de MR FINGERS ne doit pas rester confidentiel plus longtemps !
THIERRY PILARD
CD MAXIS :LIDELL TOWNSELL "Nu Nu" (Mercury/US) :
Depuis 1 an, les pionniers de la house music reviennent sur le devant de la scène, et ce n'est que justice. Au tour de LIDELL TOWNSELL de sortir son 1er maxi sur une major, en attendant l'album. Fait avec les réalisateurs de l'excellent Summertime de DJ Jazzy Jeff, Nu Nu est une merveille de house vocale, simple et belle, avec son gimmick rappelant Night Moves de RICKSTER. 3 mix conseillés sur les 6 que contient ce CD : le Nu Club Mix à la Gypsy Woman (Mercury oblige), le So Fine Mix quasiment un autre morceau, deep techno (n'oublions pas qu'en 87-88, Townsell sortait chez Trax Records quelques bijoux comme The Groove, As Acid Turns, Jackin' Tall, I'll Make You Dance), et l'hyper dépouillé Hot Radio Apella (une boîte à rythme, une basse, des voix : l'essentiel).PRIMAL SCREAM "Dixie-Narco EP" (Creation/UK) :
Sautez les trois 1res plages (dont un Movin' On Up identique à celui du LP) et allez directement à la 4e pour Screamadelica, absent de l'album du même nom, mais que connaissent tous ceux qui étaient à l'Élysée Montmartre le 19 janvier dernier. 11 mn de house funkadélique chantée par Denise Johnson comme le Don't Fight It, Feel It de l'année dernière. Indispensable entre un Saint Etienne et un Beats International.THE PRODIGY "Everybody In The Place" (XL/UK), NJOI "Live In Manchester" (Deconstruction-RCA/UK) :
Deux disques représentatifs de la techno anglaise intelligente actuelle : tempos aux alentours de 130 BPM, rythmes house doublés de rythmes hip hop accélérés, structures compliquées des morceaux avec changements rapides d'un motif à l'autre, mélange techno-acid-breakbeats, utilisation bienfaisante de piano et de chant. Impossible de s'ennuyer.
Le NJoi est un long mégamix de plusieurs de leurs morceaux, anciens (Adrenalin, Manic, ...) ou inédits. Comme c'est censé être un live, il y a un MC et des bruits de foule tout le long ; et vous aurez vraiment l'impression de vous trouver au milieu d'une rave du nord de l'Angleterre. La 2e partie est à mon avis la mieux, avec intervention d'une chanteuse, et un peu de piano.
Les Prodigy méritent la palme de l'originalité et de l'audace. Ils n'hésitent pas à ajouter à leur techno uplifting des bruits et des voix complètement hétéroclites, pris sur des vieux disques ringards, à la télé, ou je ne sais où. Ils sont là pour s'amuser et ne se prennent pas au sérieux. C'est tant mieux. Je recommande vraiment ce CD contenant la version longue et le montage radio de Everybody In The Place (le tube avec son motif principal rappelant Come Together de Primal Scream), et 3 autres titres dont le totalement délirant G-Force.LAURENT GARNIER "Join Hands Remixes", SHAZZ "Moonflower", REVELLE "Gonna Make You Feel Alright", IMPULSION "Higher" (Fnac Music/F) :
Chez Fnac Music dance division, on sait que la house est la musique du futur et que c'est au sein de la nation house que se trouvent les artistes les + intéressants et les + créatifs. On veut découvrir les nouveaux musiciens français et on mise sur le développement de carrière à long terme. Voilà pourquoi sortent ces 4 maxis.
Le disque de LAURENT GARNIER propose 5 remix, du + piano au + techno, de Join Hands, titre le plus joué de son mini LP paru à la fin de l'année dernière.
SHAZZ, lui, nous offre avec Moonflower un morceau très ambient house qui aurait pu figurer sur la Give Peace A Dance Volume 2. Son 2e mix est instrumental légèrement + lent et + deep.
Gonna Make You Feel Alright (Doctor Flow's Mix) de REVELLE est une bombe house à la new-yorkaise. Les 2 autres versions sont tout aussi bonnes, l'une italo garage et l'autre soul mid-tempo. Papsy, l'homme derrière les manettes, a tout compris au sens de « Groove ».
Quant à Higher d'IMPULSION, je n'en pense évidemment que du bien en étant le coresponsable avec DJ Pascal R. Le 1er mix tourne à 127 BPM et mélange piano, techno et breakbeats. Les 3 plages suivantes sont un enchaînement à 120 BPM d'un mix garage avec scat, d'un mix techno hypnotique et d'un a cappella. Enfin en bonus sur le CD, une version instru du 1er mix.
Découvrez et défendez la house française, achetez ces disques !
WIDOWSKY
« Le corps, le cœur et l'esprit »
MAXIS VINYL :TONI SHANNON "Something About You" (U.S. - Metropolitan/US) :
Provenance Newark, New Jersey. C'est tout dire... Zanzibar, ADEVA, Tony Humphries etc. Bienvenue à Garage Land pour cet impeccable 12" sept mixes. Solide vocal dans la grande tradition (du vécu !), un petit côté Basement Boys dans le "Z" Bar To Shelter Mix, bref un disque hors mode qui nous prouve (mais faut-il encore le prouver ?) que le garage n'est pas the next big thing mais bien la source de la house et surtout l'incarnation de ce que la musique noire a de plus pur. C'est dans l'intensité des vocaux que se cache la vérité GROOVY !SHAWN CHRISTOPHER "Don't Loose The Magic" (Arista/US) :
Déjà énorme à Londres, un hymne ! À vérifier durant l'été à IBIZA ! Pourquoi attendre un revival disco déjà obsolète lorsque des morceaux de cette trempe arrivent sur nos platines. Mélodie catchy à souhait (remember D. Summer) mais un pur moment de plaisir. Quatre mixes : le Hitman 12" flirte avec le Philly Sound sans pour autant être nostalgique, le Morales plus dépouillé enlève un peu de caractère au titre, Morales encore nous offre un superbe mix piano/voix et retrouve du même coup l'essence de la chanson. Todd Terry lui oublie la mélodie au passage pour offrir une véritable bombe, le Magic Todd Dub, à coup sûr un véritable floorfiller. MAGIC !
PATRICK VIDALFIRE ISLAND "In Your Bones" (Junior Boys Own/UK) :
Inaugurant Junior Boys Own, un label indépendant parallèle au fameux Boys Own que distribue FFRR, Peter Heller & Terry Farley signent ici, sous le nom de Fire Island, leur toute 1re production. Certes ces 2 DJs du Londres chaud étaient déjà à l'origine des funky Bocca Juniors avec Andy Weatherall (Raise (90) et Substance (91), 2 simples hors pair), mais c'est récemment que la notoriété grimpante de ce duo s'est fortement vue concrétisée sur les pistes de danse grâce à une poignée de remix brillants et ravageurs (DSK, SUE CHALLONER, SUNSCREEM après la plupart des THE FARM). In Your Bones, mêlant le groove et les voix d'un garage speed à la répétitivité infernale d'un techno black, vous conduit illico en terrain orgasmique. Incroyablement proche de leur quasi légendaire 8 Minutes Of Madness Mix du What Would We Do de DSK, toujours pas sorti dans le commerce alors qu'une quantité infime de promos-clubs circule à prix d'or, voilà une occasion de rattraper le temps perdu et de se rendre compte à quel point la scène balearic anglaise, au mieux de sa forme, s'apprête à vivre un 5e été d'amour toujours plus inventif et euphorisant !A MAN CALLED ADAM "Bread, Love & Dreams" (double DJ promo Big Life/UK) :
Permettant aux maisons de disques de mettre en compétition plusieurs mix ou remix avant de décider ceux qui finiront commercialisés, les double packs sont de + en + fréquents car ils permettent vraiment la seule et meilleure des sélections, celle des DJs, celle des danseurs. Ainsi A.M.C.A. se retrouve avec pas moins de 9 mix différents de ce morceau très disco tiré de leur attachant 1er album, sorti il y a quelques mois en import seulement (The Apple sur Big Life). Des mix du groupe (funky fresh) à ceux de Graeme Park (garage, un poil trop cool sûrement), de Steve Anderson de BROTHERS IN RHYTHM (un peu technoïsant, bien dans le style DMC) ou d'Andrew Komis (disco explosif très US), on a tout le choix que l'on désire. Mais ce duo soul futuriste peut miser sérieux sur le Slam Mix que Stuart McMillan et Orde Meikle ont superbement réalisé de leur Écosse éloignée. Ces DJ, as du remix, n'arrêtent pas 1 seconde, après SHEER TAFT, KYM SIMS, DSK, BRAND NEW HEAVIES, PERCEPTION et même leur label Soma (la Falling de ONE DOVE, leur propre Seduced...), leur son personnel, deep mais musclé, est bel et bien en train de s'établir de manière très sérieuse.REACT 2 RHYTHM "Whatever You Dream" (Guerilla/UK) :
On ne parle plus que de Guerilla en ce moment. Effectivement, l'air de rien ce petit label, dirigé par William Orbit et son compère/manager Dick O'Dell, est en train de créer un nouveau type de techno qui se danse et s'apprécie sans ecstasy. Plus musical et définitivement original, ce son qui vous hypnose des heures durant, comme une sorte de reggae post-rock et très dub, est fort probablement le renouveau que beaucoup de pistes attendent fébrilement. En tout cas, voilà bien un signe que la créativité européenne est aujourd'hui au moins égale (si ce n'est supérieure) à ce qui se fait aux USA. Whatever You Dream a été remixé par D.O.P. (Dance Only Production), leurs voisins de label, et tout est là : la basse entêtante, vombrissante, les percus déchaînées, les petites séquences qui planent au-dessus des têtes, waooh ! Tentez de checker les autres sorties de Guerilla, elles valent toutes le coup et notamment le sulfureux Let Go de TWO SHINY HEADS qui fait un énorme carton à l'heure actuelle.FUTURE SOUND OF LONDON "Papua New Guinea" (Jumpin' & Pumpin'/UK) :
Stop, disque historique ! Pendant que les raves hardcore d'outre-Manche redécouvrent le ska au travers du ragga-techno (un son moins bête qu'il n'en paraît, et en tout cas + dansant et - inaudible que ce qui passe habituellement dans ces grandes fêtes, où n'est-ce pas finalement le + bas dénominateur commun qui unit les corps mais aussi les esprits ?), les DJ et musiciens les + excitants du moment (Sacha, LEFTFIELD, Justin Robertson, Fabi Parras, SLAM...) se rapprochent eux aussi d'une vibe reggae. Les rythmiques, dures, se situent toujours entre 118 et 128 BPM, mais la basse monstrueuse drive tout ça, devenant le SEUL élément qui compte vraiment. Appelée Skank, cette transe stoned ne vous lâche pas, on ne peut s'éloigner de la piste, on est envoûté. Dû à 2 jeunes programmeurs très audacieux, Papua New Guinea est sorti depuis plusieurs mois, mais les DJ aventureux, s'accrochant fermement à ce disque très original ont réussi à galvaniser un certain succès jusqu'à ce qu'un Weatherall fan se mette en tête d'en faire un petit dub qui vient de voir le jour.FPI PROJECT "Feel It" (I) :
Impossible de parler house sans se pourfendre au moins d'une production italienne. Tellement organisés et plus rapides qu'aucun autre pays, ces salauds n'ont pas arrêté depuis Black Box et Sueño Latino. Une nouvelle idée, un nouveau son se profile ; bang, avant même de dire ouf, ils vous ont fait ce que vous commenciez à chercher, ce que vous aviez envie d'entendre. Ah, il paraît déjà loin le temps de cette house efficace un peu poisseuse, car ils nous servent maintenant leur propre cru de garage, d'instrumentaux percussifs, de techno accessible. Nommez ce qui vous chante, ils l'ont déjà fait ou sont en train d'y songer. OK, il y a un tas de trucs destinés aux radios commerciales mais au moins 20 % de leur production reste démente. Ainsi cet été, on va beaucoup entendre ce Feel It au gimmick vocal samplé sur le Generation Of Love de JESUS LOVES YOU de l'an passé. Et c'est tout mérité. Ca explose, ça hurle, the right stuff, quoi.
JAY RÉMI