eDEN
FANZINE HOUSE

LA MAISON COMMUNE
NºDOUBLE3-4 NOVEMBRE/DÉCEMBRE 92
15 FRANCS

HOUSE FRANÇAISE
GEORGE MOREL
KEVIN SAUNDERSON
THE ORB
SHAMEN

goût double









eDEN est édité par l'association COLLECTIF eDEN 171 rue Lafayette 75010 PARIS.
COMITÉ DE RÉDACTION : Adelaide Dugdale, Christophe "Widowsky" Monier, Christophe Vix. CONCEPTION GRAPHIQUE : Michaël Amzalag @ M/M, Paris. COLLABORATEURS : Cécile Alizon, Djul'z, Jerry "Jay Rémi" Bouthier, Danny Josephs, Sylvain "Le Gland" Legrand, Didier Lestrade, Éric Morand, Thierry Pilard, Alain Quême, Spider, Serge "Therapy" Papo, Patrick Vidal.
Imprimerie Schaffer. Dépôt légal à parution. Directrice de la publication : Adelaide Dugdale. (c) eDEN 1992 Reproduction interdite.



ITINÉRAIRE
Nº DOUBLE 3-4 Novembre/Décembre 92

ÉDITO/4
FRANCE/6
DEUTSCHLAND/50
ESPAÑA/54
UNITED KINGDOM/60
UNITED STATES/74
SKEUDS/90
DJs/98
YOPLABOUM/109
AGENDA/110



La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n'engageant que leurs auteurs.









ÉDITORIAL
OUI !
Entrez dans la maison commune et venez vous déranger l'esprit ! La France s'aperçoit qu'elle a une scène HOUSE (petite), vote oui à Maastricht (petit) et rejoint enfin ses voisins européens. Des DJs et des musiciens décrochent des contrats, certains s'exportent, les raves foisonnent et ont des plateaux de niveau international, des journaux apparaissent ; bref on trouve plus facilement le moyen de s'exprimer. L'identité de la house d'ici se crée un peu tous les jours et renforce une scène en pleine agitation. Qu'est ce que le son français ? Peut-être peut-on dire qu'après avoir ingurgité passivement les influences et les styles du monde entier, nous les croisons, les digérons, et nous recracherons un nouveau son qui envahira la Terre (on peut rêver et c'est ce qui s'est passé partout ailleurs). Osons les métissages entre précision et efficacité nordiques et langueur et sensualité latines, cris de plaisir internationaux et french kisses (ou french letters...), accords à 4 sons des Afro-Américains et ceux de Debussy ou Ravel, inexpressionnisme et figuration libre, chimie et grands crus, rythmes rap ou 4 to the floor discos et percussions africaines ou antillaises... Peu importe ce qu'on obtiendra, monstre ou 8e merveille du monde, il n'y a plus un instant à perdre : bougeons-nous et même magnons-nous le cul ! En tout cas à eDEN, nous vivons dans l'urgence et notre nouveau slogan est :
DÉCRUSTACEZ-VOUS !!! L'élan amorcé cette année ne tient qu'à un fil, à des compils « dance » destinés à tester un nouveau marché et qui décideront beaucoup trop de monde de la suite des événements... Logiquement, nous vous proposons dans ce nº un dossier sur la house française pour faire le point et pour donner envie... Logiquement nous éclatons notre sommaire par un itinéraire qui vous mènera à Toulouse, Berlin, Madrid, Eivissa, Londres, New York, Détroit...
Échange. Mélange. Harmonie. Nous avons tous notre place.
eDEN & le Monde entier









DOSSIER HOUSE EN FRANCE



HOUSE FRANÇAISE1
SHAZZ ET PAPSY

SHAZZ n'est plus un inconnu. Il s'est fait remarquer avec Moonflower, son 1er maxi, qui avait été single of the week dans le magazine anglais Mixmag Update. Ce même canard a annoncé la sortie de son nouveau skeud par une interview et une photo. Shazz, qui a « toujours rêvé de ça », avait déjà fait parti de 2 groupes, l'un style électro-BRONSKI, l'autre plus disco-soul. Il est tombé un jour par hasard sur son son d'aujourd'hui, en s'occupant vaguement avec l'ordinateur d'un copain. D'un coup, hup ! SHAZZ est né. Par contre Papsy n'est pas aussi bien connu. Dommage. Né aux États-Unis mais d'origine sénégalaise, le compositeur et producteur de Gonna Make You Feel Alright de REVELLE est un étudiant en informatique lui aussi tombé par hasard sur la musique. « J'en faisais d'abord pour m'amuser et puis je me suis rendu compte que ce que je faisais pouvait intéresser les maisons de disques. » Les 2 musiciens sont amis et travaillent à l'occasion ensemble. Ils ont chacun signé avec Fnac Music et leurs nouveaux morceaux sont sortis récemment : un EP pour SHAZZ et Hold On de KAT CALL pour Papsy, remixé par Reynald "Crazy Frenchman" Deschamps. Mais à part ça, il n'y a plus de points communs entre eux. Oh, sauf un : Tous 2 sont des mecs hyper-géniaux.
Chaque jeudi au Rex, ils sont là, vers le fond de la salle ; ils viennent pour écouter ce que met sur les platines le changeur de disques, mais rarement pour danser. Ah ce sont de vrais connaisseurs des 4 to the floor, non ? P. : « oui, avant je croyais qu'un rythme devait être syncopé... Maintenant, même en écoutant un pied, j'arrive à prendre mon pied. » Mais si les 2 sont des fanas de groovesome choons, pourquoi restent-ils en France, un pays pas très renommé pour sa musique ? La réponse est simple. S. : « Il y a tellement rien de tout, que je crois que c'est intéressant de développer ça en France. Il faut vraiment sortir les gens de leur variété et tout ça, et leur montrer qu'il y a autre chose, qu'il y a des choses intéressantes dans la house et la danse. P. : C'est très dur d'imposer de façon naturelle ce qu'on fait comme aux États-Unis ou en Angleterre, mais on bénéficie quand même d'une certaine virginité du terrain. On peut essayer de poser les 1res pierres d'un édifice house en France et être les pionniers de la scène. » Alors, vos influences ? P. : « David Morales. Je crois que c'est le seul gros post-producteur qui a le même credo, enfin j'essaye de faire les mêmes choses que lui, et c'est le seul qui a une grande dimension harmonique. S. : Larry Heard parce qu'il a une finesse qui me met à genoux devant tout ce qu'il fait. » Évidemment. Shazz lui a déjà rendu hommage avec le morceau A Corner Called Shazz, d'après la chanson de l'album Closer de MR FINGERS. Travailleriez-vous avec de grands artistes français qui n'ont jamais touché un sampler de leur vie ? P. : « Collaborer avec MC SOLAAR, ça me plairait beaucoup. C'est quelqu'un pour lequel j'ai beaucoup de respect ; j'adore ce qu'il fait. Il a énormément de talent, ses textes sont excellents, son attitude aussi. C'est quelqu'un de très intelligent. » Et Shazz ? Peut-être VANESSA PARADIS par exemple ? « Si jamais elle est ouverte, on est ouvert aussi... Il faut qu'on trouve un terrain d'entente, si elle chante comme elle chante ; ce serait intéressant de pouvoir attirer de gros artistes français vers la house. Si on arrive à trouver la bonne intersection, des gens comme ça, avec une grosse production house/dance pour les clubs, je pense que ça pourrait donner des choses très intéressantes. »
ADELAIDE DUGDALE



HOUSE FRANÇAISE2
IMPULSION ET DISCOTIQUE

Dans la scène house française, 2 groupes ont une histoire bien particulière. DISCOTIQUE, formé de Patrick Vidal et Christophe "Widowsky" Monier, fut un des tous 1ers à sortir un maxi house, Sexe, sur Rave Age Records en 90. IMPULSION, formé de DJ Pascal R et Christophe "Widowsky" Monier, fait parti de l'écurie Fnac Music et leur 1er disque, Higher, a reçu un accueil assez chaleureux de la part des médias. Au lieu de les interviewer chacun de leur côté, on a préféré les réunir pour essayer de faire ce que les Anglais réussissent souvent dans la presse dance music, c'est-à-dire un petit tour de table sur la situation house en France, leurs problèmes vis-à-vis de la production, leurs espoirs en tant que musiciens.
« - Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Christophe : J'ai rencontré Pascal il y a plusieurs années, quand on sortait tous les soirs, à la Locomotive, vers 85. À l'époque, Pascal était déjà DJ, dans des petites soirées, chez des copains, le week-end. Moi je faisais déjà de la musique mais il n'y avait pas encore de house. Je faisais partie d'un groupe, OLGA VOLGA, qui était, vaguement, entre KRAFTWERK et NEW ORDER. Et c'est comme ça que j'ai rencontré Patrick, qui avait entendu une de nos maquettes et qui nous a proposé de travailler en studio. Ça, c'était en 87. Et puis on s'est perdu de vue. J'ai trouvé un job comme attaché de presse chez Barclay, en 88, quand les 1ers disques de ffrr arrivaient. Et on s'est retrouvés en sortant du rayon house du Virgin Megastore, avec chacun ses disques sous le bras.
Patrick : J'avais juste enregistré quelque chose et je revenais de vacances à Ibiza. C'était en 89. J'avais composé ce morceau, je lui ai fait écouter et de fil en aiguille, on a fini par sortir ce disque chez Rave Age. À part ça, j'étais aussi DJ depuis 82 au Bains.
Christophe : Juste avant ça, fin 88, Pascal et moi avions fait un morceau acid, qui fut notre 1er titre écrit ensemble.
- Patrick, tu as eu un parcours qui est unique dans la scène française. Tu es apparu en 77 avec le punk et tu as eu une évolution logique vers la dance music. Alors que d'autres personnes, comme KENT, ont eu un parcours très réactionnaire.
Christophe : c'est vrai, d'ailleurs KENT n'est pas le seul à avoir régressé. Quand on voit ce que font aujourd'hui STÉPHANE EICHER ou ÉTIENNE DAHO, qui ont laissé tomber l'électronique pour des tambourins et des guitares acoustiques...
Patrick : j'ai toujours été intéressé par la musique black. Le rock, j'en faisais, mais je n'en écoutais pas. Et j'ai fini par comprendre que le rock n'était pas un support qui m'allait. La chanson pop parfaite ne m'intéresse pas.
- Pascal, tu écoutais quoi, comme musique, à l'époque ?
Pascal : punk, rock, industriel. Je me suis trouvé à être DJ parce que le père d'une amie possédait des péniches dans lesquelles il y avait des fêtes. Puis j'ai travaillé au Rex. Donc ça a été une progression naturelle.
- Vous avez une idée très précise du type de musique que vous voulez produire ?
Patrick : je sais ce que je veux faire mais après il y a un problème de technique et de vérité. Par exemple, on vient de faire un titre garage et pour l'instant c'est moi qui le chante mais je préférerais si c'était un black qui le chantait. M'entendre sur un support garage, ça ne me satisfait pas. La difficulté, c'est qu'on est quand même français et que si on veut faire quelque chose de vraiment soul ou groovy, on sent ses limites. Ou alors, on ne fait que des instrus.
Christophe : moi je sais précisément ce que je veux faire mais c'est assez récent. Ce n'est pas une question de style mais de savoir-faire. Les harmonies sont réfléchies alors que la production et les effets dépendent plus du hasard.
- Comment vous sentez-vous en studio maintenant ?
Christophe : grâce à Patrick, j'ai eu une approche du studio très progressive. Je n'angoisse plus trop parce que je prépare beaucoup le travail chez moi, à l'avance. Ce qui est gênant, c'est qu'on ne sait jamais à l'avance si on va réussir son mix. Ça, c'est paniquant.
- Quels rapports avez-vous avec les autres musiciens house français ?
Patrick : je n'en ai pas. Je ne les connais pas parce que je travaille dans un club où ils ne vont jamais. C'est pas du tout la même scène. Mais j'ai réussi à rencontrer Manu de Rave Age, PILLS.
Christophe : c'est un peu pourquoi on a créé eDEN, c'est qu'il fallait un lien entre toutes ces personnes : les musiciens mais aussi les DJs, les plasticiens, les journalistes. On a de très bons rapports avec SHAZZ, PAPSY. De + en +, il y a un travail communautaire qui se crée.
- Comment vous voyez les choses évoluer, en France ?
Christophe : en musique, je vois une énorme amélioration en matière de production. Sur ce niveau, ça me semble bien parti, et ça sera de mieux en mieux et ça va atteindre assez vite un niveau international. Au niveau des gens qui achètent les disques, ça va très lentement. Et au niveau du public des raves, cela reste toujours très marginal.
Pascal : il y a pas mal de DJs français qui se mettent à faire de la musique, comme Érik Rug, et c'est une bonne chose. Bientôt, les gens qui font de la techno vont tourner en rond, ce qui permettra de passer à autre chose.
Patrick : moi je suis pas trop optimiste, surtout en ce qui concerne la scène house. Pour avoir vécu plusieurs vagues depuis 77, je sais très bien que les gens font ça d'une manière superficielle. Je sais qu'il y a des gens qui continueront à faire cette musique avec beaucoup de cœur mais une partie du public house a été punk, puis vidéaste, puis performer et maintenant ils font de la house. D'autant plus que les structures des maisons de disques vont noyer tout ça très vite. Il va falloir tenir le coup. À mon avis, ça va être très difficile en France. Les articles ont été faits, Best, Rock & Folk et Actuel « ont donné » et c'est tout. En définitive, les Français sont très forts pour pourrir les mouvements. On va tout de suite vers le négatif. Les Anglais mettent des années pour digérer un phénomène mais nous, on met 6 mois pour le gâcher.
Christophe : je crois qu'il y a quand même un public qui achète des disques de house et ce public se développe. Lentement mais progressivement. Nous sommes au tout début. Par exemple, on n'apprend pas à faire un disque du jour au lendemain. Le 1er, tu le rates, le 2e est un peu mieux, le 3e est complètement réussi.
- Ce qui me fait peur, c'est que je me demande, après toutes ces années, comment on va pouvoir faire de la house si cette house ne se vend pas ?
Christophe : il faut juste espérer qu'elle va se vendre à l'étranger. Moi j'arrêterais tout de suite la musique si je n'espérais pas atteindre bientôt un niveau international. La seule chose qui n'existait pas en France, c'était les structures pour pouvoir sortir des disques et apprendre à ne pas se tromper. Maintenant, ça y est, on les a.
Patrick : le hip hop s'est bien cassé la figure en 84. Et maintenant, ça marche.
- Quelle est votre exigence de base pour une rave ?
Christophe : ce sont des gens qui sourient et qui sautent en l'air.
Patrick : c'est la rave de Beatattitude à la gare de l'Est le 21 juin. Les raves de Champigny étaient bien. Il n'y avait pas trop de voyeurs.
- De toute façon, même si il y en avait, il y avait tellement de fumigènes qu'on les voyait pas (rires). »
DIDIER LESTRADE



HOUSE FRANÇAISE3
ALPHABET ET OCB

Lorsque Jay Rémi revient en France en 88 après 4 ans passés à Londres à faire de la musique et du graphisme (notamment pour Frankie Paul, That Petrol Emotion, Voice Of The Beehive etc.), la house music est fermement installée en Europe sauf en France où elle est rejetée. Laissé froid par l'acid, Jay Rémi est par contre fan de early Chicago house, garage et indie dance et la situation de ces nouvelles musiques dans notre pays le désole. Il décide d'agir et devient lui aussi un activiste de la house, un de ces pionniers qui ont permis à cette musique de vivre dans notre pays malgré tout. Il fonde un 1er groupe, ALÉSIA, et réussi à imposer sa page Body & Soul dans Best où chaque mois il présente et interroge une personnalité de la house music, et chronique quelques maxis essentiels. À cette époque, on le voit dans toutes les teufs, particulièrement quand son frère Tom officie derrière les platines. Ce dernier, vidéaste et surtout DJ, a l'occasion de jouer à plusieurs Rave Age, aux raves de Pat Cash, à la féria de Nîmes, aux fêtes Dream à l'Hôpital éphémère et au Rex Club, au Power Station, au Mad de Lausanne, à Jussieu (Ouch!) et lors de Sundance et de PUR plaisir. Les 2 frères et quelques-uns de leurs amis fondent Universalis, qui organise des raves et des soirées en 90-91. En ce moment, on peut entendre Tom au Palace (Vitamino) et à La Luna (Fuck). Quant à Jay Rémi, il est aujourd'hui associé à JR, musicien et programmateur, au sein d'un groupe, ALPHABET, et d'une société de production musicale, Pop 7. ALPHABET se fait d'abord connaître par des remix de morceaux d'autres artistes : DISCOTIQUE, INDOCHINE, PETER KINGSBERY, LUSSIA, JEAN-LOUIS MURAT, ROY ROBY, THE SILENCERS, ZWAP, et du générique de Canal +. Ce dernier remix est présent sur la compil de dance française PUR sortie cet été par Delabel. Ce n'est d'ailleurs pas le seul titre de ce disque auquel ils ont participé ; il faut dire qu'ils sont à l'origine de l'idée de cette compil avec Emmanuel de Buretel, le directeur de la maison de disques. On y trouve Vole, le 1er morceau original d'ALPHABET dont voici la genèse : « on a invité à Paris Sally et Steve, de A MAN CALLED ADAM, avec qui on a jammé en studio pendant 3 jours. On va essayer de continuer de faire participer des gens extérieurs (chanteurs invités) à nos prochains titres car on aime bien cette démarche d'échange/collaboration. Il y a aussi OCB qui est le projet de Tom (et dont Crash est sur PUR). Un EP est en préparation pour New Rose. Les morceaux sont très DJ, ils suivent de près la mouvance créative, l'évolution des pistes de danse. Sinon on a aussi travaillé sur le concept d'ABRACADABRA (Shanka sur PUR) dont on aimerait faire un album. Philippe, un copain, est arrivé avec cette idée de faire des titres dance en n'utilisant que des samples du monde entier et tout particulièrement d'origine ethnique. Se doutant qu'il serait évidemment un peu gonflé de se mettre en avant, nous, à la place de tous ces chanteurs, musiciens, acteurs, prêtres etc. que l'on a samplé pour nos compositions, on a pensé à ABRACADABRA qui serait une sorte de collectif abstrait, comme un ghetto-blaster du tiers-monde. On écrit également des titres pour Sylvie S... (Tempo sur PUR), une chanteuse pop/dance qui vient de Nice. On aime bien explorer des directions différentes, ça permet de renouveler ses idées. Ca devient vite chiant de toujours faire la même chose. »
Un des faits marquants de cette année 92, c'est la sortie de nombreux maxis et compils de house française ; que pensent-ils de cette soudaine explosion ? « Il fallait bien que ça commence un jour. On est évidemment très content mais ça prendra sûrement pas mal de temps pour que les choses décollent vraiment. Il y a quelques créateurs, super ! Maintenant, ce qu'il faudrait, c'est un public ouvert, qui sorte et qui danse. Ca a quand même pris 20-30 ans pour que l'idée du rock soit comprise et acceptée, alors que maintenant elle n'a plus aucune valeur, c'est ironique ! La dance justement, c'est tout sauf une formule établie. Elle a récupéré l'énergie mélodique, l'intensité un peu rebelle du rock/pop, mais aussi le groove et le flamboiement du funk et de la soul, même si son aspect novateur est son principal intérêt. C'est pourquoi on est un peu méfiant sur cet engouement soudain pour le techno, c'est un peu réducteur. En même temps, on n'est pas non plus des puristes du garage. Il ne faut pas oublier que la house est née de l'interactivité entre ces 2 pôles, la musique noire américaine et la musique blanche européenne. Une culture neuve de brassage est née de cet alliage, c'est très excitant. »
Et en particulier que pense le journaliste Jay Rémi de la production d'ici ? « La plupart des musiciens house qui sortent des disques en France se débrouillent bien. Et il faut reconnaître que les labels qui sortent des trucs sont ambitieux et courageux. C'est cool et à long terme, ça risque de leur rapporter. Malheureusement, à moins d'avoir un hit sur la scène internationale pour stimuler l'intérêt des gens d'ici, il y a peu de chance qu'il se passe quoi que ce soit. Les gens n'achètent pas de maxis, il n'y a pas du tout le culte du DJ et des musiques qu'il promeut... »
C'est bien pour ça qu'il faut faire aussi des CD maxis, des compils et des albums à l'instar des Européens du nord et, de + en +, des Anglais. Justement, comment les ALPHABET/OCB trouvent-ils les DJs français ? « D'un côté, tu as les DJs des boîtes ringardes qui sont plombiers pendant la semaine. Eux n'en ont rien à foutre du nouvel état d'esprit de la dance. À la limite, ils ne savent même pas que ça existe. Ils regardent le Top des clubs chaque semaine et passent ce qui marche. Hélas, c'est très proche, trop proche des radios FM. Et actuellement sur les ondes, la mode est aux golds. Donc que font les boîtes ? Elles passent des golds. C'est un cercle vicieux. Le patron de la boîte fait chier le DJ pour qu'il y ait des tubes ; alors celui-ci baisse les bras et ne programme que ce que le public est supposé attendre, sans magie. Beaucoup - pas si vieux que ça et parfois branchés dance - ne comprennent pas qu'il n'y ait pas forcément MARVIN GAYE ou THE CLASH à un moment dans la soirée. Mais le style mariage, c'est fini. Aller écouter un (bon) DJ aujourd'hui, c'est faire preuve de curiosité et d'un besoin d'éclate physique (comme quand tu vas voir un show). Bien sûr, le public est aussi important que le DJ ; c'est pour ça que c'est particulièrement difficile ici. Les gens ne doivent pas rester figés, à analyser la situation comme dans un concert. Ou alors, tout le monde est stoned et là, tu entres dans l'univers des raves. Ou même si l'esprit est souvent assez sympa, + occupé à discuter qu'à danser, personne ne fait gaffe à la musique. Du moment que ça speede ET QU'IL N'Y AIT AUCUNE MÉLODIE, c'est bon. Alors les quelques DJs français à s'être spécialisés dans ce créneau ne se font pas chier et ne passent que du bruit à part bien sûr Garnier et une toute petite poignée d'autres. C'est comme l'esprit alternatif dans le rock : si c'est pas hardcore, alors c'est commercial, donc c'est de la merde. C'est dingue de réagir comme ça. La dance music n'est pas le nouveau punk, c'est fini tout ça. Chacun pense qu'il a raison dans son coin et est absolument hermétique à la vision de l'autre. Ca manque pas mal d'unité, de tolérance et de respect. Car réuni par le même désir de fête, toute cette clique pourrait facilement cohabiter dans la joie. Ca a pris 2-3 ans en Angleterre pour que les VRAIS fêtards et fans de musique house se construisent leur scène (DJs/groupes mais aussi magasins de disques spécialisés, labels indés, clubs, magazines, fanzines) ; alors ici, ça sera combien ? L'esprit hypra-extrême des raves françaises a dégoûté plein de curieux qui ont pris peur face à la violence systématique du hardcore. Ils mettront peut-être des années à retenter l'expérience. Pourtant la danse est un acte sensuel, assez féminin finalement. Bien souvent ce sont les filles qui mettent l'ambiance, qui s'éclatent vraiment. Et pourtant nos raves n'exploitent absolument pas la communion sexy de la danse. C'est limite si une fille mignonne peut se balader seule dans une rave sans se faire emmerder par une majorité de dragueurs machos. Bien souvent, elle préférera ne pas sortir. »
WIDOWSKY



HOUSE FRANÇAISE4
WAVE

« Après 1 an passé dans les fêtes et à faire de la house, tout me prend la tête, même mes trucs. La 909, elle me tape sur le système, la 808 aussi. C'est toujours pareil, toujours les mêmes sons. Ça évolue, ça change, mais tellement lentement ! Tu as un mouvement qui va de + en + hardcore ; celui-là est devenu tellement débile que ça ne durera plus longtemps comme ça. Puis tu as l'autre qui heureusement devient + musical. Au début, c'était original, c'était sympa, mais maintenant tout le monde et n'importe qui fait de la house ! » Qui tient ces propos provocateurs ? C'est Philippe Lussan, 24 ans, la moitié de WAVE. Son histoire est exemplaire : français, il vit à Londres depuis 12 ans, a demandé la nationalité anglaise par principe, passe tous les 2 mois à Paris. Mais la France le stresse, lui prend la tête car tout le système, social ou musical, y est sclérosé. « Les Anglais sont + tolérants, + libres ; ils n'ont pas ce besoin bien français de tout mettre dans une catégorie. » Il a appris le piano classique, puis le piano jazz, et a fait un disque de jazz-funk il y a 5 ans (COCKTAIL). Il a beaucoup écouté de New Age, KITARO, PAT METHENY, DAVID SYLVIAN, TALK TALK. Il aime WAGNER, CHOPIN, SATIE, DEBUSSY, la deep house, les trucs italiens, les K7 mixées de ses potes DJs. Il regrette le manque de musique dans la house, qu'elle se résume parfois à une rythmique simpliste et à un accord en boucle... En clair il préfère le plaisir des oreilles à celui des pieds (néanmoins nous l'avons vu danser au Planet de Berlin ou ailleurs...). Il rencontre en janvier dernier le Rhythm Dr., DJ anglais bien connu, avec qui il fonde WAVE. Ce dernier est chargé d'ajouter sa science du rythme et de la programmation aux musiques que compose Philippe. Ils font 6 démos, puis Philippe s'envole pour New York y faire le tour d'une dizaine de labels indépendants. Nervous, Minimal, Project X, Emotive sont intéressés. Mais Eight Ball (le label de MOOD II SWING Wall Of Sound) réagit le + vite et les signe. Un test pressing avec Enjoy Life et Thoughts Of You est envoyé aux DJs. Ce 1er disque de WAVE est une vague de nappes, d'accords sensuels développés sur plusieurs mixes aux noms évocateurs : Expressionist Dub, Surreal Mix ou Baroque Mix ! Les réactions sont tellement bonnes (Knuckles...) que 8 Ball décide d'en faire 2 maxis. Un EP 4 mixes de Enjoy Life sortira début novembre et l'autre titre sortira + tard. Et après ça ? « Nos prochains morceaux garderont ce beat qui fait danser, ce qui est quand même important, mais il faut qu'ils soient agréables à écouter chez soi. Nous mélangerons ces 2 aspects, nous ferons plusieurs versions. » Alors WAVE : deep, ambient ? À vous de juger, mais à écouter de préférence en chill-out.
VIX & WIDOWSKY



HOUSE FRANÇAISE5
UNDERTOW

« On a fait un disque que Phil ou moi, en tant que DJ, Olivier peut-être, on aurait acheté dans un magasin de disques, parce qu'il est kicking, comme dirait Phil. On n'a pas l'impression d'avoir apporté quelque chose - je crois qu'on a fait un bon morceau de house. » C'est DJ Deep qui parle, qui, avec Phil Good (!) et Olivier A., a créé Dreams Are Always Fragile sous le nom d'UNDERTOW. En fait c'est Deep qui commande l'interview ; un mec pour qui la musique n'est pas qu'une question de vie ou de mort, mais + que ça. Être 3 personnes dans le studio, dont une aux opinions très fortes, cela a-t-il posé des problèmes ? « Quand vous êtes 3 dans un studio tout le temps, vous apprenez vachement sur les gens... On s'est engueulé 2 ou 3 fois mais on est resté + ou - d'accord. Toutes ces propositions, que ce soit celles de Phil, celles d'Olivier ou les miennes, c'était très productif. » Avec ou sans engueulades, ces 3 taupes de studio ont la même façon de faire au sujet de la musique. Phil & Deep se sont agrafés quand ils ont découvert qu'ils partageaient la même manière de travailler : « avoir une petite histoire dans la tête, des flashs émotionnels, quoi. » Olivier est de la partie parce qu'il bossait avec the Good one sur des morceaux de ROUSSIA (possible house diva du futur ?). L'évangile selon Olivier, connu aussi sous les noms de Mushicrucians Inc., I FLY et qui a le + d'expérience dans le monde para-diddle du 64 pistes, c'est de « mettre une philosophie ou un rappel de notre propre vie à l'intérieur de notre musique. » Si les fournisseurs du techno-ninja étaient morts (ils sont bien vivants grâce à la techno toytown d'outre-Manche), non seulement ils se retourneraient dans leur tombe, mais ils tournoieraient à 78 rpm. Cependant, ces idées doivent susciter de l'espoir chez les gens de Detroit, ou pour être + précis, chez une certaine personne qui habite dans la Motortown. Mam'zelle rumeur, qui vole à la vitesse supersonique, chuchote à l'oreille des groovers de Paris que Derrick May, le geezer renommé entre autres choses pour sa boîte à disques super-sexy, signera peut-être le morceau sur son 2e label, Fragile. Mais ce serait perdre un talent français, anglo-français si tu préfères, au profit de l'autre côté de l'atlantique ; un fait qui ne fera pas avancer la lutte pour la reconnaissance des talents parisiens. « La France pour l'instant est un marché fermé pour la musique dance, dit Deep, on a envie que les choses avancent ici et on peut toujours signer en même temps sur un label français (en double licence). L'éventuel logo Fragile sur le label français, ce n'est pas mal pour ce dernier.
- En même temps c'est difficile de refuser un honneur comme ça » ajoute Olivier. Alors Dreams Are Always Fragile est-il le 1er morceau français de techno intelligente ? Dernier mot à Deep bien sûr : « on a fait un morceau et on a choisi la techno parce qu'on aime ça. Si c'est intelligent, je m'en fous. J'ai fait passer des émotions, tant mieux. »
ADELAIDE DUGDALE



HOUSE FRANÇAISE6
PILLS

117-155bpm. Ludovic et Anthony sont des musiciens Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes, une présence humaine est indispensable derrière l'ordinateur et PILLS le montre. S'il fallait les résumer je dirais : naturel. Sans être néobabaproutnewage, ils pensent que les 90's verront le retour des valeurs humaines : nous sommes des êtres humains ! Cette source d'inspiration correspond à l'esprit house (paix, harmonie, joie...) et apporte un + non négligeable à leur techno mélodique et drôle. PILLS démontre que des musiciens venant du milieu rock peuvent réussir dans la house, donc espoir ! Ce genre de parcours révèle peut-être là la force et l'originalité de la house française. D'ailleurs ils travaillent également 2 autres formations, une pop, ICE BATH, et une hardcore, ULTIMATE HIGH. La nation house française est embryonnaire, mais ils comptent bien en faire partie et pensent que celle-ci réunit toutes les catégories sociales Entrez dans la maison ! Ils font de la musique, pas du bruit, et souhaitent que leurs morceaux puissent s'écouter aussi bien sur une piste de danse que dans un salon. L'album en préparation reflète leur éclectisme : du garage au hardcore. Un album conçu comme une rave, un voyage qui devrait être proposé à chaque occasion. Produits par Rave Age Records, ces 2 elfes de la transe hypnotique se produiront en concert à Paris et en province, et viennent de tourner un clip très bucolique, pour la sortie de la compil Ravelation de BMG sur laquelle ils ont 2 titres. Leur discographie ne cesse et ne cessera de croître, ils sont présents sur la compil Tekno Nostrum de R.A.R. et doivent sortir bientôt 2 maxis sur le même label. Continuez et apportez beaucoup de bien aux gens !
VIX



HOUSE FRANÇAISE7
MANU CASANA/RAVE AGE

Le pionnier. Après le punk, Manu Casana est venu à la house au hasard d'une warehouse party à Londres en 87, en pleine vague ACID. Par hasard et c'est le choc, comme beaucoup d'entre nous. Il commence par faire écouter autour de lui les disques qu'il ramène, puis par organiser des raves avec Rave Age, distribuer des imports et finalement crée le 1er label house indépendant français : RAVE AGE RECORDS.
La 1re fête Rave Age a lieu rue d'Aubervilliers en mars 89 avec GARY CLAIL, le ragga-housey fou de Brighton ! Puis ce fut une série de raves folles et pleines d'énergie qui restent encore dans la mémoire collective des 1ers ravers : Fort de Champigny et Collège arménien. Une époque où beat et mélodie étaient encore appréciés. En travaillant pour Plus au sud, il put importer et faire découvrir les productions anglaises, hollandaises et allemandes ; mais cela ne suffisait pas et il décida de monter un label.
Pourquoi un label ? Par nécessité ! Il y a des choses à faire en France et un potentiel de talents et d'énergie à exploiter, sinon il aurait été un des 1ers à s'expatrier. Organiser des raves, c'est bien, produire et faire prendre conscience au public, c'est mieux ! Et les Français ne sont pas plus nuls que les autres, alors pourquoi pas se lancer dans la production ? Cela crée un espace d'échange propre et une identité musicale qui se découvre peu à peu. La house française est celle des French lovers, une house et une techno sur laquelle on s'enlace en dansant. Les Français développent un style qui reprend les différentes tendances house en les intégrant. Notre personnalité, mi-latine, mi-nordique, est peut-être ce petit + qui fait déjà craquer certaines personnes... Quant au débat sur l'emploi du français ou non, « ce n'est pas parce qu'on ne parle pas la même langue qu'on ne peut pas marcher main dans la main ! »
R.A.R. découvre des formations qui ont une carrière : I FLY, ELECTROTÊTE, DISCOTIQUE, PILLS. Et si elles se retrouvent sur des compils françaises ou étrangères, où est le problème ? Rares sont les labels qui peuvent rester complètement indépendants et ignorer les offres des majors. Néanmoins R.A.R. sort bientôt la compil Tekno Nostrum que Manu présente plus comme un échantillonnage, un sampler, de la production française qu'un produit marketing. 15 titres bientôt disponibles qui montreront une fois de plus la vivacité de la scène française : allons-y !
Monter un label est un prétexte pour reprendre le message de la house : décloisonner les gens. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de paroles que la house est dépourvue de message. Ainsi grave-t-il à même le vinyl : « Le fric et le sexe pour le pouvoir, la conscience et l'amour pour la vie. »
VIX



HOUSE FRANÇAISE8
ORGANISATEURS

PEACE OF MIND :
Emmanuelle et Sophie sont deux jeunes femmes qui pensent apporter quelque chose en +, leur approche des soirées et la philosophie résolument affichée de leur organisation le montre : Peace Of Mind ! Leur première fête a été l'occasion de tester leur idée : bien-être général. Le prétexte n'est pas de se faire exclusivement du fric, mais d'essayer de faire danser et de matérialiser l'énergie dispensée par la musique en réalisations plastiques. Peace Of Mind = House + Art. Il faut en profiter, les raves permettent à des gens de toute origine de se retrouver en dehors des codes établis, surtout en dehors des boîtes. Paix et Harmonie. Leur idéal : une fête où les gens se révéleraient et comprendraient qu'il faut vivre ensemble et non les uns contre les autres...Utopie ? Tant mieux car ce sont les idéalistes qui sont le moteur du Progrès !

COSMOS FACTORY :
Que dire ? N'entrons pas dans les détails : Cosmos Factory fait de grandes raves et perpétue un nom profondément ancré dans l'esprit des premiers ravers. Installé à Bastille, T.S.F., leur magasin de disques, ancre encore un peu + Cosmos Factory et concrétise un développement cohérent. Maintenant on peut écouter et acheter des disques, et se retrouver dans leur espace plutôt serein. Chrystelle et Éric travaillent en duo, développent un style personnel et ont des idées sur la scène française.
Éric : « C'est un village, tu changes de chaussure le matin, le soir tout le monde est au courant ! Moralité nous travaillons nos raves seuls, sans partenaire et en proposant une fête de qualité. Le son français ? À l'époque disco une grosse production française inondait les clubs, aujourd'hui la techno française semble être une référence multiple aux autres sons...Mais je suis optimiste.
Chrystelle : Les raves sont un défoulement, je sens toujours une impatience à l'entrée. Nous essayons de bien choisir les DJs et nous nous déplaçons pour les écouter. Ainsi le mythe de Joey Beltram disparaît de lui-même quand tu l'écoutes...
Éric : Qu'y a-t-il de mal à proposer une entrée à 100 F ? Entre une soirée-péniche à 60 F et ce que nous faisons, la différence de prix se justifie. Cette année est cruciale, si la techno ne décolle pas, on peut partir. Mais qu'on ne dise pas qu'il ne se passe rien, ce qui se produit ici est aussi intéressant qu'ailleurs. »

LUC BERTAGNOL :
Underground. Ce fou de musique refuse la récupération médiatique et les épiciers de toutes sortes ; il clame haut et fort qu'on peut toujours se débrouiller pour organiser une fête. Sa définition du phénomène rave se résume ainsi : rassemblement de gens dans un endroit hors norme, où les gens expérimentent les retrouvailles avec eux-mêmes et avec les autres, à travers une musique qui, en principe, les rapproche. Ouais ! Luc appartient à ces 1res personnes qui ont organisé des raves, tout simplement par envie de faire partager l'enthousiasme de la découverte de cette nouvelle forme de célébration, et c'était en 89. Il commença au sein de Rave Age puis constitua Cosmos Factory avec le succès qu'on connaît. Longue carrière et CV chargé, Luc Bertagnol continue avec Move Over de faire raver.

HAPPY LAND :
À pile ou face. Il était une fois Jérôme qui aimait sortir, il fait partager à son ami Paolo son enthousiasme pour les raves, et tous deux décident de se lancer. L'un amène l'idée, l'autre ses compétences d'organisation et de décorateur. Le sort a souvent décidé d'une fête, tout dépendait d'une pièce de monnaie... Alors est-ce le hasard qui a permis à Happy Land d'exister ? Cette organisation ne prétend pas être à la pointe du mouvement, elle veut organiser de grands événements en partenariat avec des maisons de disque et des médias importants et augmenter le rayonnement des raves. Frédéric, qui s'occupe de la communication, n'y est pas pour rien dans l'évolution, il n'hésite pas à remuer ciel et terre pour la réalisation des projets. Et ça marche ! Happy land compte à son actif un grand nombre de raves et de soirées, ce qui est assez remarquable en un an d'existence.Rappelons qu'ils ont organisé LFO à La Défense, Technoland au même endroit et Serious Beats au Bourget. La réussite d'Happy Land démontre que la scène rave est + riche que certains ne le croient, elle peut être aussi bien représentée par des organisations grand public que par des formations marginales, tout le monde trouve sa place. Un mouvement meurt peut-être autant par la récupération que par les luttes intestines. Alors faîtes gaffe !

SANS OUBLIER : Invaders, Beatattitude, Fantastic 4 (Toulouse), Deeper Dream Dimension (Strasbourg), Fantom, Goa, Even Heavens, Sweet Power, Ouch!, Tekno Tanz, Basic Groove et tous ceux qui se font et se défont. C'est génial, ça bouge tout le temps !
VIX



HOUSE FRANÇAISE9
RESPECT FOR AGENCY : WEDDINGS, PARTIES & BAR MITZVAHS...

Nuff respect 4 da DJ ! Alors que ce respect n'avait pas été donné aux magiciens des platines, une agence de DJs a été créée à Paris pour combler ce manque. Commencé par le bureau de presse Martine Meyer d'après une idée d'Éric Morand (D.A. de Fnac Music Dance Division) & de Laurent Garnier, Respect For espère améliorer la qualité de la musique à Paris. D'après ce dernier, « il faut que les DJs soient + respectés à Paris ; ils sont tellement mal payés ! Il y a eu récemment une grande évolution, les gens sortent de + en + pour la musique ; peut-être la scène house française avancera si on fait accepter cette idée aux boîtes & aux promoteurs. »
Avec son équipe européenne, Respect For est déjà connue des clubs anglais. Elle a de + des liens avec Dynamix (la + célèbre des agences outre-Manche) et espère faire des échanges de DJs entre les 2 pays. Que l'agence soit une réussite ou pas, c'est ce qu'il reste à voir. À peine créée Érik Rug est parti. Deux mois + tard, Allister Whitehead et Paul Wain suivaient le même chemin (Démissionnaires ? Démissionnés ?? On ne saura jamais avec un bureau de presse, n'est-ce pas ?). Les DJs à l'agence en ce moment sont : Laurent Garnier, Mandrax, Loïk, Deep, David Guetta, La Maquina, Paul Amstrong, Jeyssy & Reds. Selon Philippe qui travaille pour l'agence, « Respect 4 existe pour voir les Français danser. » Passez le mot les gars et respectez leurs vœux.
ADELAIDE DUGDALE



TRIBUNES1
A HOUSE 4 THE POOR

Quand on vit à Paris on doit payer son loyer. Quand on a un job moyen avec un salaire moyen, il ne reste pas grand-chose pour se payer à bouffer. Quand on essaye de se nourrir correctement en vivant à Paris, on dépense aussi beaucoup. Quand on veut sortir et écouter de la house, on n'a pas 100 F à mettre. Quand en + on envie de s'offrir un X à 200 F, on se demande vraiment comment on va faire. Et quand, comme pour certains, on veut s'acheter des disques, juste quelques-uns pour écouter la house chez soi, alors là, il faut carrément faire un choix. Oui tout est cher mon bon Monsieur, mais s'il devait y avoir une exception pourquoi ne pas l'appliquer à tout ce qui touche la house de près ou de loin. Si Paris comporte réellement une house nation pourquoi n'est-elle pas liguée socialement pour mieux se défendre contre l'inflation ? Peut-être parce que certaines personnes en ont décidé autrement. Et l'utopie house restera un rêve.
LE GLAND



TRIBUNES2
ROCK'N'ROLL

Quand on pense que la house s'étend du garage au hardcore, que pour la simple techno on doit compter une tendance américaine, une Anglaise, une Belge, une Allemande, que des dizaines de labels se tuent à distribuer le travail de centaines d'artistes, et que pour le tout-venant français, house = boum-boum, je m'inquiète et même j'ai peur. Pourquoi ce refus chez la majorité des gens ? Pourquoi lorsque l'on a 18 ans en France aujourd'hui, rejeter un courant musical novateur et s'entêter à vouloir trouver des sensations dans une tradition musicale, le rock, qui dans sa presque totalité est périmée ?
En 67 danser sur les STONES, en 75 écouter GENESIS affalé sur son lit, en 79 scander no future en écoutant les PISTOLS, pourquoi pas si ça les amusait. Respectivement chacun de ces groupes développait à son époque un concept nouveau et exprimait un message inhérent à une situation sociale particulière. Mais maintenant quel intérêt lorsqu'on a 20 ans de croire en des musiques immobiles et qui sont dorénavant rentrées dans l'histoire. Aujourd'hui nous avons la possibilité avec la house de suivre en direct les mouvements d'un courant musical qui évolue en permanence. Et ça, c'est tout simplement fascinant. De + la house est une musique populaire, elle s'adresse à tout le monde et non à une poignée de branchés pseudo-avant-gardistes comme on pourrait le croire.
Alors soyez moins passifs et faites preuve de curiosité. Achetez des disques. Découvrez peu à peu les différentes tendances. Si vous venez de la disco, écoutez du garage et si vous venez du heavy metal, et bien écoutez du hardcore européen. Mais surtout ne regardez pas en arrière. Sinon la musique n'évoluera jamais.
ALAIN



FÊTES1
UN ÉTÉ 92

L'Été de l'amour a pris peur, il a évité Paris ! Mais quelques occasions sont à signaler.
Happy music 4 Happy people : Tribal Mind fut l'occasion de s'éclater avec Laurent Garnier, Merlin, Bertrand et Deep à l'Orée du Bois le 1er août avec Happy Land. Bains de vapeur à l'intérieur, agréables discussions et fumettes à l'extérieur sur les pelouses en face de l'entrée. Get on a ragga tip more often Lozza Gazza ! Suivit Sundance au matin du 2 avec Mack, Phil Good, Tom, Serge "Therapy" Papo et Danny K.G. aux platines dans un endroit génial : un quai abandonné de la gare de Pont Cardinet. Malheureusement on eut encore du poulet pour le p'tit déj... En tout cas l'enchaînement de ces 2 fêtes nous a fait passer une excellente nuit, la dernière à Paris avant la rentrée. Car Beatattitude le 14 août ce fut la cata. Au milieu des nuages de poussière la rave se termina vite par un ballet de keufs en délire... Dommage. À Nice, signalons les soirées à l'Opéra Plage le vendredi soir qui ont apparemment fait peur à la fausse bonne conscience de VSD (POUAH !). Assumption 92 à Argelès-sur-Mer le 14 août fut un franc succès, enfin une rave réunissant des DJs internationaux ! À part ça, c'était définitivement à l'étranger que ça se passait, voir + loin dans eDEN.
Que dire de la rentrée ? Nice soirée et ambiance cool à Peace Of Mind le 26/09 ; excellente musique de Érik Rug, Serge "Therapy" Papo, Djul'z et Marcel, mais piste de danse trop étriquée et absence de graves digne de ce nom.
Il faut signaler la direction teutonne labelisée May Day/Love Parade de Cosmos Factory. Merci de nous avoir proposé Sven Väth qui explosa littéralement à l'after. Merci pour Blake Baxter qui montra combien un DJ américain peut tirer profit de ses passages en Europe. Bon mélange hardcore avec une techno-deep pas désagréable du tout.
Wake Up Paris s'appelle maintenant Wake Up tout court et est toujours l'endroit où aller grâce sa programmation alléchante et au nombre de têtes pensantes de la scène house au mètre carré. L'ambiance n'est pas aussi hystérique qu'au début de l'été mais les bonnes habitudes vont, on l'espère, vite revenir. Le 17/09, il aurait fallu envoyer des cars entiers de ravers décérébrés pour qu'ils puissent savoir que la techno n'est pas que bruyante et industrielle. DJ Pierre et George Morel de Strictly Rhythm offrirent un mélange techno-deep-garage-philly-disco explosif. C'était génial. Enfin quoi, une soirée new-yorkaise ! Puis, le 01/10, on a eu DJ Koenie de Wonka Beats (le petit label qui monte, qui monte !), qui nous permit de connaître le travail de ce DJ belge reconnu.
Pas glop ! le 03/10 à Ivry-sur-Seine, il fallait payer 100 F pour une warehouse toute noire décorée avec 3 vieilles peintures délavées, quelques foulards et des vidéos étourdissantes projetées sur 2 écrans... TV. Light show simpliste, tout le son dans un coin, 2 pannes et surtout 2 * DJs qui n'avaient rien à faire ensemble dans la même soirée. Ladies et gentlemen vous avez pu entendre Joey Beltram and Moby, pendant 1/2 heure, et vous n'êtes pas près de les revoir car ils ont dû repartir plutôt dépités ! Sinon il y avait Marc "don't you want my lovin'" Spoon, lui il a joué du nosebleed deutsch pendant une éternité. C'est sûr y-en a qui aiment. Well, merci pour tout aux organisateurs et apparemment aussi à Lucky Strike, vues les bimbos qui distribuaient des clopes à tout le monde. Nouveau long-life-to-rock'n'roll-concept, peut-être ?! Pas de feeling, pas de goût, pas d'attention ; juste un lieu impressionnant et des grands noms pour attirer du people, ce n'était vraiment pas très soigné comme fête ; sorry about that.
Enfin la surprise, c'est La Ménagerie ! Enfin un espace et une sono convenables pour une musique qui tardait à éclater, Candy Éric et Paul Amstrong, qui officiaient jusqu'alors dans des endroits préhistoriques sous-équipés (Folies Tergalle et Privilège), peuvent enfin vous faire danser ! Deep-garage italo-américaine... Avis aux amoureux des nappes, concentrez-vous sur la piste, pas sur les gens (tous les vendredis à l'Élysée Marbeuf).
eDEN



FÊTES2
OUTLAND/FANTASTIC FOUR

Une rave à Toulouse ? Samedi 12 septembre, 5h de TGV et à 15 km de Toulouse, un champ sur le flanc d'une colline, les phares de la nationale au loin comme déco, la sono est posée sur la table d'une ferme voisine, les lights sur le toit du camping-car du père d'un DJ, la maman elle a fait des crêpes toute l'après-midi et tient la caisse... DJs ? Crazy Cub D, Max, Dready, X et Yohm. La musique ? Reprenant le parcours obligatoire déjà emprunté par le public parisien, les 600 personnes présentes ne réagissent qu'à une techno pas toujours du meilleur goût, malgré les efforts de DJ Yohm... Alors le bilan ? Toulouse nous semble prêt pour nous réserver le meilleur et à ceux qui sont blasés par les fêtes parisiennes, on ne peut que conseiller d'aller prendre un bain de jouvence et d'énergie à Toulouse. Alors un retour aux sources ? Les Fantastic Four mettent beaucoup d'amour dans l'organisation de leurs fêtes et c'est plus important que tout car un plat de pâtes préparé avec amour vaut le meilleur foie gras... Certes le foie gras servi avec amour...
ÉRIC MORAND









DEUTSCHLAND



FÊTES3
LOVE PARADE 92

Une liste de DJs et de PAs aussi affolante qu'internationale et encore + de people cette année au big Berlin techno carnival. Love Parade existe depuis 4 ans. La 1re réunissait juste quelques clubs berlinois pour une fête en plein air. It's so much fun que d'autres villes, notamment Hambourg, les rejoignent l'année d'après & « love is the message ». En 91 les sound systems sont de + en + nombreux sur le Ku'dam, « my house is your house and your house is mine », THE HYPNOTIST ramènent du posse anglais. Cette année la boule de neige tourne au pèlerinage ; « the spirit makes you move », that's right : 12 à 15000 personnes se seraient téléportées à Berlin les 3 et 4 juillet. It's getting bigger & bigger, mais il y a toujours un bon karma autour de L.P. parce que la belle idée du début ne s'est pas perdue en route : plus de rivalité entre les clubs, radios, labels etc., une convivialité maximale et les efforts de toute la bohème house de Berlin réunis pour une megawunderbarparty qui rebondit - bing, bang, bong - de clubs en clubs pendant plusieurs jours. Rien à voir avec May Day, qui a laissé juste l'impression de quelques milliers de tekno zombis parqués pendant une nuit dans un stade par une maison de disques. Le meilleur moment de L.P. c'est au contraire quand tous les house music lovers sortent en plein jour et défilent dans la rue sous les regards éberlués des Berlinois. En fait L.P., c'est un genre de manif avec un super slogan : « we fight for love, peace, unity & fun » ; & why not ?! Et lorsque l'on est au milieu de cette horde de ravers euphoriques venus de partout, et beaucoup des pays d'Europe de l'est, pour représenter et célébrer la house nation, on se rend compte qu'il s'agit de quelque chose de bien + précieux et émouvant qu'un simple rassemblement de fêtards. Tous ces gens savent pourquoi ils sont ici, ou l'auront compris ce jour-là. On s'aperçoit que mieux vaudrait dire « many grooves, one nation. » Chaque sound system revendique un certain courant musical et aussi un certain état d'esprit, et cette drôle de procession en dit + long que tous les articles tentant de décrire l'univers de la house music et toutes ses subtilités. Esprit tekno camouflage pour le char de Tresor (DJ Tanith). Celui de Planet (Dr Motte) est décoré d'énormes oreilles de lapins. Il y a un camion couvert d'affiches qui disent : « the music is the drug. » Celui de Low Spirit est immense, avec Marusha on the mic et un Sven Väth dans tous ses états pour la partie... attraction ! Du côté de Francfort, c'est très transe et out of space posse. Le petit camion de Dubmission (Kid Paul, Paul van Dyk) est plein de groovy people et de bonnes vibrations. L'Angleterre est représentée par I-D et Nova Mute. Il y a des sounds hollandais, belges, suisses etc., mais rien pour la France (ça vous étonne ?). Difficile de tout décrire, car cette immense caravane était composée d'une cinquantaine de noisy véhicules, + ou - grands, + ou - inspirés, + ou - accueillants. En tout cas, l'ensemble dégageait un feeling et une énergie incroyablement positifs et revigorants. Ca s'est terminé sous une averse torrentielle qui a déclenché autant d'enthousiasme et d'éclats de rire que si ces milliers de sweaty ravers avaient été des paysans soudanais attendant les récoltes ! Love Parade, il faut le voir pour le croire ; so see you next year !
CÉCILE



FÊTES4 (inédit)
BEATATTITUDE/DUBMISSION/MEDIAMORPH
Le vendredi 14 août, les Beatattitude (organisateurs français bien connus...) sont invités, avec leurs DJs et leur déco, par Dubmission (organisateurs allemands) pour faire une fête commune au Planet de Berlin. Kid Paul, Paul van Dyk, Érik Rug, Djul'z et Reds jouent ce soir-là. Ce lieu qui se trouve dans l'ex-Berlin-Est est idéal : un hangar isolé aménagé en un tour de main (il n'ouvre normalement que le samedi), d'un côté la piste de danse (sono irréprochable) et de l'autre le bar chill-out bien aménagé. Les 2 sont séparés par des colonnes de mousse sur lesquelles sont projetées les diapos de Jeanet ; ajoutées à une déco surprenante Elsa For Toys au-dessus de la piste, aux vidéos Stressjets (qui, + Elsa 4 Toys, donnent Mediamorph) et aux peintures Subculture, on obtient l'ensemble visuel le + efficace depuis longtemps (sans compter les projections Scudi Optics à l'extérieur du bâtiment !). Érik Rug ouvre la soirée par des morceaux très mellow et doux. Puis les DJs se suivent, partent et reviennent en faisant peu à peu monter la pression et les bpm. Ce fut une des rares soirées où on a pu danser sur de la techno toute la nuit sans s'ennuyer... Les Berlinois sont loin d'être tekno headfuck. Même s'ils sont moins communicatifs que les Anglais (présents en nombre ce soir-là), ils réagissent de manière positive à cette techno intelligente et planétaire et adorent la transe ; des sourires se forment rapidement sur les visages. Pas mode pour un sou, ils se foutent de l'apparence et se contentent de danser. Donc aucune agressivité, comme dans le reste de Berlin d'ailleurs. Et on vous prie de croire que c'est flash de se retrouver dans un coin tranquille de la ville et de se mélanger à la foule.
VIX & WIDOWSKY









ESPAÑA



FÊTES5
MADRID Y BACALAO
VIE :

La vie à Madrid, ça bouge. Moins qu'avant, certes. Il y a encore 2-3 ans, la coutume était de sortir 5 soirs sur 7 : 3-4 bars puis 2-3 clubs, chaque soir, jusqu'à 6h ! Trouver des embouteillages à 3h du mat en semaine : classique ! Mais l'Espagne n'échappe pas à la crise et les fêtards eux aussi ont moins d'argent. Le Week-end fiesta ne commence plus le mardi-mercredi comme avant, mais seulement le jeudi.
PEOPLE :
Les gens se mélangent plus qu'à Paris. Toutes les classes, tous les genres. D'une façon générale, les soirées madrilènes sont nettement moins masturbatoires que certaines soirées parisiennes : les gens sont moins frimeurs, plus FUN, moins compliqués au niveau de la rotule (!). Quant aux ravers, moins dans leur trip intérieur. C'est mieux.
CLUBS :
À Madrid, pas de raves à la warehouse. 100 % clubbing. Le meilleur club : l'Archy (600 pers). C'est en fait un des plus beaux du monde (monde=Paris+London+Eugenie-les-Bains+NYC+Madrid+Rome+?). Esthétique sans égale, musique top, ARCHY is UNIQUE. Clientèle branchée mode, mais attention : la frime au vestiaire. Rien à voir avec les statues ambulantes des Bains. Autre club : Oh! Madrid (1500 p.). À 8 km de la ville, il s'agit d'une grande boîte, avec terrasses et autrefois piscine. Les E-heads se communient au Zentral, boîte tekno classique. Les infatigables échouent au Voltereta, qui n'ouvre qu'à 8h. Les autres endroits ne sont pas recommandés (y inclure le Pacha, boîte 90 % Bcbg, ambiance 0 °C, même si la musique est pas mal).
MUSIC :
Un peu partout, c'est du « bacalao ». En espagnol, bacalao = morue (oui, oui le poisson). Le rapport est évident, voyons : le goût de la morue, collant au palais, est interminable et toujours le même, comme la tekkno (grosso modo). C'est ni Valencien, ni allemand ou hollandais. C'est du mid-range soutenu. All my respect pour Ram-J, DJ du Oh!, au style très original. À noter un premier disque « Transiberian E », excellent et indéfinissable, mais jamais sorti ailleurs qu'en Espagne.
DRUGS :
Aujourd'hui, c'est la grande victoire des actions « pastillas ». La poudre blanche a sérieusement régressé en bourse. Cependant ces pastillas ressemblent plus à des aspirines qu'à autrE-chosE. N'achetez rien sur place, c'est plus sûr.
Y viva la fiesta ! Y viva l'Archy ! Et vive la reine !
SERGE "THERAPY" PAPO



FÊTES6
IBIZA 92

Septembre, fin de saison à Ibiza, moins de folies mais toujours beaucoup de musique. Dans la rue, dans le bus (sur la route de Salinas), à la plage (excellente programmation comme tous les ans à Sa Trincha, la plage du Pacha), dans les bars vers minuit bien évidemment (le début de la marcha !), et après dans quelques-unes des + célèbres discotecas d'Europe, Pacha et Ku, l'Amnesia ayant déjà clos la saison avec une soirée Espuma (les soirées mousse jamais égalées de l'Amnesia !) et Anfora Disco pour les amateurs... Le Pacha reste la boîte la + fiable, toujours du monde, sono excellente et Alfredo qui officie toutes les nuits avec bonheur. Panorama happy de la house mondiale, deep en début de soirée, british et italo ensuite (Ibiza sans italo-house et sans intro de piano, c'est impensable), techno vers 5h et un petit clin d'œil reggae pour finir. Patchwork pour ce qui est de la clientèle, quelques ravers anglais et allemands, des minets italiens peu discrets, des dragueurs de plage, des drag queens, des hippies house, des milliardaires mateurs, des pauvres observateurs, des habitués et des touristes. Tout le monde se retrouvant les bras en l'air en hurlant pendant les hymnes de cet été : FELIX, SNAP, DEGREES OF MOTION, SO DAMN TUFF, RAMIREZ PIZZARO et SHAWN CHRISTOPHER + quelques inédits et pas mal de disque de ce printemps. Une visite au Ku qui a oublié ces fastes d'antan, un peu triste cette cathédrale dédiée à la danse sans les 4000 fidèles. Une nuit DJs Enkuentro qui devait rassembler des DJs de tous les coins du monde (NY, Amsterdam, Italie...) mais à 6h il n'y avait eu que les DJs locaux Pipi et Alex et un excellent Barcelonais très très deep. Espérons une reprise l'année prochaine avec des soirées dignes de 1990... En une seule nuit Oakenfold, Weatherall, SHAMEN, 808 STATE, ORBITAL et MAUREEN etc.
...Retour dans Ibiza, direction la vieille ville et l'Anfora où persiste le très bon mélange très commercial du DJ. Les hymnes de la saison toujours + quelques horreurs dont il a le secret et que semblent apprécier nos amis british et allemands qui sont majoritaires dans ce bastion gay.
La fièvre est tombée selon les aficionados de l'Ibiza d'avant... Vivement 93 !
PATRICK VIDAL









GREAT-BRITAIN



INTERVUES1
THE ORB : BASS PLEASURE SEEKERS

Connaissez-vous l'histoire de « Ultimate Fantasy » ? Alors voilà : Oobe revient de son périple dans l'ultramonde et se laisse glisser joyeusement vers la terre. Lorsqu'il atteint la stratosphère, il est soudain aspiré à l'intérieur de la Chambre bleue, dans une base secrète de la NASA et il trouve... un talisman. Il l'avale avant de se faire prendre par les gardiens qui l'enferment dans les Towers Of Dub, là où les tarés des gouvernements essayent de communiquer avec les OVNI. Les robots chiens de garde lui prennent tellement la tête qu'il décide de s'échapper. Il se transforme alors en une taupe géante qui creuse sous l'Atlantique pour réapparaître dans les montagnes. Ensuite il suit une rivière de coke et il trouve cette petite ouverture dans laquelle il a la riche idée de faire tomber le talisman. Tout s'arrête, de gros nuages se forment, la terre tremble et tout s'effondre. Alors arrive un énorme vaisseau spatial contrôlé par les dauphins. Il est plein d'eau qu'il déverse, engloutissant ainsi l'Amérique et l'Occident. The end.
Et après ça, ils prennent la mouche quand je leur demande si ça leur plaît d'être les marchands de sable des ravers ! Ce n'était pas méchant, mais Alex Paterson m'attend au tournant : « j'ai toujours eu l'impression que la France ne voulait pas savoir ce qui se passait avec la house music. Mais bon, mieux vaut tard que jamais. » Ils trouvent qu'en Europe c'est n'importe quoi, sauf peut-être à Berlin, « parce qu'à Berlin ils sont inspirés par Detroit et Detroit, c'est là où est l'âme, où ils ont les idées. » Ils sont curieux de voir comment ça se passe au Japon, le seul problème c'est les tremblements de terre. Le mouvement house, c'est bien parce que sans cela « on ferait un boulot comme tout le monde et il n'y a rien de pire. Faire de la musique, c'est la liberté. Par contre être DJ toutes les semaines dans un club, je l'ai fait et ce n'est vraiment pas mon truc. » Alex Paterson continue de jouer, mais occasionnellement. « Il y a trop de vilains dans ce milieu ; moi j'aime les gens comme Spiral Tribe. » Il joue « de la techno, mais pas de la techno techno. » Vous m'en direz tant ! Il n'en racontera guère plus à part : « early techno, transy stuffs really. »
Dr Alex Paterson n'est sûrement pas docteur ès interviews, et faire la promo de U.F.ORB, leur nouvel album, semble être pour celui-ci et Thrash l'amère rançon du succès. Ils en ont par-dessus la tête, vont courir dans le couloir entre 2 journalistes et préfèrent délirer sur leurs futurs projets de mise en musique des poèmes du prince Charles, qui a un disque de THE ORB et est très avantagé par ses grandes oreilles, tout comme Thrash qui montre fièrement les siennes ! Ils n'ont à peu près rien à cirer de cette dance & club culture, ne sont guère plus inspirés par l'explosion de la techno dans les pays de l'est. Ce qui les branche, c'est l'Orient et les balades à dos d'éléphant, qui ont eux aussi de grandes oreilles. And why not ? THE ORB ne sont pas des prédicateurs. Ils font de la musique suffisamment progressive, intelligente et imaginative pour parler d'elle-même et se passer de notices explicatives. THUMBS UP FOR THE ORB ! Ils ne sont pas très communicatifs mais au moins ils sont drôles.
CÉCILE



INTERVUES2
THE SHAMEN/MR. C : AND NOT A MOMENT TOO SOON

« La plupart des gens qui bossent pour la dance music industry ne savent pas de quoi il s'agit vraiment ; il y a aussi plein de DJs qui sont juste des egotrippers et c'est dommage... Avec Boss Drum on fait un détour pour expliquer aux gens pourquoi cette dance culture... THE SHAMEN est devenu un groupe pop et c'est une bonne chose parce que maintenant, on peut faire accéder bien plus d'esprits à notre message... Notre rêve peut poursuivre son chemin et prendre place parmi les grands rêves de la société. » Voilà pourquoi le nouvel album des SHAMEN sonne tellement dramatiquement popy : le « groupe d'information » doit compter avec les médias. Ils ont envoyé Mr C à Paris pour prêcher le gospel ; il parle beaucoup, se montre prévenant, assez didactique, très spécialiste ès bonnes paroles. He's the MC ! Il nous prouve par 9 que le groupe ne s'appelle pas comme ça par hasard. Leurs principales références sont Carlos Castaneda et Terence McKenna. For more details, écoutez Re:Evolution sur Boss Drum, c'est un exposé de T. McKenna super intéressant et trippy à souhait ; un morceau - calling Mr DJs ! - à jouer dans les raves à Paris, où un peu d'inspiration ne ferait de mal à personne!
Mr C n'arrête pas d'employer 2 expressions : « the way forward » et « the way backward » (la voie de la progression et celle de la régression). Il a l'air de trouver que Paris suit plutôt la seconde car on lui a dit qu'ici c'est très hardcore. Or « hardcore music is macho, oppressive, nose bleed (saignement de nez), c'est du heavy metal version dance et ça ne peut rien apporter. Vous devez regarder du côté d'une techno + sophistiquée avec des séquences rythmiques compliquées et envoûtantes, ou bien du côté de la house mélodique ; parce que ces choses sont compatibles avec notre biorythme et peuvent servir de tremplin vers d'autres états de conscience. » La part des drogues dans ce voyage ? « L'E a permis aux gens de se rassembler, mais c'est une drogue dangereuse qui détraque notre système nerveux et il faut faire très gaffe avec ça. Les psychedelics (plantes et champignons) sont définitivement the way forward parce qu'ils nous connectent directement à la planète et n'induisent pas un idéalisme bidon. Au contraire, ils ne nous empêchent pas de voir tout ce qui cloche autour de nous : la pollution, l'oppression, le capitalisme, la guerre de l'information etc. Les psychedelics nous enseignent et nous font accéder au monde des idées en nous faisant envisager les choses selon une perspective totalement différente. Cependant il y a plein d'autres façons de se mettre en condition pour rejoindre cette autre réalité, et le rythme est l'une des principales... Les chamans se baladaient toujours avec un tambour et je pense que les DJs house sont un peu les chamans de notre temps. Ils trouvent des rythmes, les jouent, font danser les gens et les gens guérissent ; c'est définitivement un procédé chamanique. » Oui mais, Mr C, quand on voit ce que devient la rave scene, particulièrement en Angleterre, on peut chercher longtemps la part d'enseignement et d'élévation dans tout ça ! « Ça c'est la rave scene et c'est n'importe quoi, et c'est d'ailleurs pourquoi la scène underground existe toujours. Ces fêtes-ci sont très événementielles, très adultes, très sexy, très psychédéliques, très futuristes, avec des gens qui comprennent, en retirent quelque chose et passeront le message à d'autres gens. Il y a beaucoup d'espoir dans la scène underground. » Là c'est Mr C, DJ anglais qui parle. Cette apologie de l'underground contredit totalement la vocation commerciale du groupe dont il parlait au début. Anyway, si les SHAMEN veulent se faire entendre aux 4 coins de la planète, c'est parce qu'ils croient, eux aussi, qu'au rythme auquel nous détruisons la Terre, l'apocalypse par l'eau est pour bientôt. Ils pensent que leur discours et leur démarche (back to the roots via psychedelics & transe) peuvent illuminer un maximum de gens d'ici là. À voir !
« Un chaman est quelqu'un qui a exploré les limites et qui sait comment le monde fonctionne vraiment » dit T. McKenna. Take it but leave some for your friends...
CÉCILE



TRIBUNES3
A LETTER FROM 50 % BIONIC LOVERS
One of the reasons I'm writing to you is to say that I think the whole of the United Kingdom as gone mad. That song by the Shamen "Ebeneezer Goode" as been number one at least 2 weeks in a row. I was watching Top Of The Pops the other day and could not believe that a song which says "E's are good" can be the highest selling record in the country. I expect you've heard it since you've interviewed them, but the fact that it starts with the dodgy geezer MC type saying "everybody sorted ? naughty naughty naughty" and the chorus tells everyone that E's are good is just crazy. I know that all the people who bought it, because of the drug innuendo, must be into E in the 1rst place which simply indicate what a big thing it is here. All the kids who go out and buy the 7" singles must know what it's all about, and that's an awful lot of kids. Hardly underground, is it ? It is an interesting phenomenon and a sign of THE times.
SPIDER



FÊTES7
NOTTING HILL CARNIVAL

Unité ! Où trouver toute sorte de monde danser dans les rues les bras en l'air, le sourire jusqu'aux oreilles ? Au carnaval ! Français, ouvrez votre esprit ! Quel plaisir de passer d'un sound ragga à un sound b'beat hardcore, d'un sound rap à un sound SOFTCORE TECHNO. La qualité des sonos est incroyable, un sound comme celui de DANCEFLOOR RECORDS martelait une rue entière emplie de keublas criant Yo ! Au moins 20 kW dans une petite rue... Et que du breakbeat hyper hardcore ! Quant à KCC-ROCKIN' CREW qui présentait l'excellent DJ Frankie Foncett et des MCs hallucinants, c'était un mélange de heavy garage, de deep house et de trance progressive mixés speed avec des toasts hystériques. Un rêve ! Une hallucination ! Non : seulement Londres. Autant dire qu'il y a un véritable raz de marée de disques américains (Nervous, Strictly Rhythm), qui correspond en plus à une production anglaise très soul ou progressive (Azuli, Guerilla etc.). Moralité, la fusion des sounds et des clubs engendrent un style très groove et mélodique, rien à voir avec l'extrémisme des raves.
Que vous dire de plus sinon d'aller au Carnaval l'année prochaine, cela vous rendra plus roots pour au moins un an !
VIX









UNITED STATES OF AMERICA



INTERVUES3
KEVIN SAUNDERSON

« Fâché ? Est-ce que je suis fâché contre le fait que nous (les 3 de Detroit) ne sommes plus connus ? Non, je pense que les gens savent qui nous sommes ; peut-être pas les gosses, mais que peut-on faire ? Laisser parler la musique elle-même. » Kevin Saunderson, Technomeister suprême est assis devant moi, à son hôtel. Il est ici pour jouer à Wake Up Paris, et bien sûr, pour faire la promo de Praise, le nouvel album d'INNER CITY plus techno que celui d'avant, Fire, mais avec toujours la voix élancée de Paris Grey, qui donne à tout le monde des frissons dans le dos (sauf aux sourds). Connu autant comme DJ, comme producteur (entre autres avec TRONIK HOUSE sur son label KMS), que pour INNER CITY et REESE PROJECT, cet homme est doté de talents multiples.
Kevin "Master Reese" Saunderson est né à New York et a déménagé à Detroit alors qu'il avait 14 ans. Est-ce la Big Apple qui lui a donné l'oreille pour ses mélodies entraînantes ? « La musique danse en général m'a branché. Je suis allé à de nombreux clubs disco à NY, je m'y faufilais avec mes frères. À Detroit, il y avait beaucoup de violence et je ne suis pas sorti. La musique y était tout à fait différente : moins de disco et plus de trucs européens, KRAFTWERK et DEPECHE MODE par exemple. Des groupes comme DM et PET SHOP BOYS m'ont inspiré et m'ont branché sur le fait qu'il y avait un autre monde musical, qu'on pouvait créer quelque chose de complètement différent avec des boîtes à rythmes, des synthés et du matos électronique. Et bien sûr, Derrick, Juan et leur musique. » Mais INNER CITY a ses détracteurs, qui disent que sa musique est commerciale et poppy ; même Derrick May décrit Saunderson comme une popstar. Jalousie ou vérité ? « INNER CITY est mon projet le plus expérimental, qui mélange techno et vocaux. Plus les gens connaissent INNER CITY ou Kevin Saunderson, mieux c'est. Je me fous de rester underground je peux faire des morceaux underground si je veux ; mais si mes trucs deviennent populaires, alors c'est de la pop. Je fais des disques que je veux faire découvrir au monde entier. » Mais les paroles, Kev, tu ne trouves pas celles de Big Fun et Good Life un peu... banales ? « J'en ai marre des gens qui me demandent de refaire un titre du même genre. Le nouvel album est très spirituel. C'est Paris et ma femme (Ann Saunderson qui chante sur One Nation et sur d'autres morceaux de Kevin) qui ont écrit les paroles et on a choisi de ne pas faire de love songs. J'ai décidé en fait d'écrire quelque chose avec des côtés positifs et négatifs, qui explore nos horizons, si tu veux. »
Avec les 2 femmes de sa vie, Ann et Paris, qui est enceinte, il n'a pas d'autres projets pour l'instant. Il y aura peut-être une collaboration avec sa sœur (qui rappe sur Unity) ou bien avec son fils qui, selon Saunderson, sait déjà se servir d'un clavier. Un album de REESE PROJECT est + ou - fini, il faut encore décider d'une date pour sa sortie. Un dernier message pour tous ceux qui pense que Saunderson est passé à l'ennemi, au commerce : « ce qui est le + important pour moi, c'est de faire des bons morceaux et de rester impliqué dans la scène. Je préfère être créatif qu'innovateur. »
ADELAIDE DUGDALE



TRIBUNES4
DEFINITION OF TECHNO SOUND/DÉFINITION DU SON TECHNO
FUNK :

"The origin of the hardness in techno is FUNK." Eddie "Flashin'" Fowlkes
"It's like GEORGE CLINTON and Kraftwerk stuck in an elevator." Derrick May
"Techno music... blends european industrial pop with BLACK AMERICAN GARAGE FUNK..." Stuart Cosgrove/The Face & Arena
"Detroit's new music is not a break with the BLACK tradition (it's acknoledgement of the influence of the PARLIAMENT/FUNKADELIC axis, the futuristic FUNKINESS of most of its output and Mayday's hissing hi-hat patterns bear this out)... Juan (Atkins) describes CLINTON's keyboard genius BERNIE WORRELL as the real godfather of techno." John McReady/Network
"Now it seems I was trying to integrate AFRICAN percussion with the sound of a tight FUNK band" Derrick May on MAYDAY/Freestyle
"(Earliest influences :) DISCO, SOUL, FUNK, electronic music, dance music." Jochem Paap/Speedy J
"Bleeps have developped into noises and now rave music is like heavy metal house. It's bad news... There's no GROOVE I can get into... There's no FUNK at all." Kevin Harper/Nightmares On Wax
HIP HOP :
"... I like to use HIP HOP breaks, because the beats just really rock, it makes it more live..." Liam Howlett/The Prodigy
"Rhythmically, we're coming from rawer, earthier, HIP HOP-influenced roots." Nick Halkes/DJ
"This is really a HIP HOP record" Derrick May on X RAY/Let's Go
"On BAMBAATAA's brave Planet Rock the joins are not hard to find." John McReady/Network
JAZZ :
"The house and rave scenes owed much to JAZZ in the first place" Nicolette/Shut Up And Dance
"(Techno done right is) more like the spirit of JAZZ - exploring sounds, strange non-vocal relashionships between sounds, all with a rhythmic basis." Richard Hall/Moby
"(Techno) sounds like a free form JAZZ for the computer era." Stuart Cosgrove/The Face & Arena
SOUL :
"Techno, BLACK music with a SOUL..." John McReady/Network

Sources : Artificial Intelligence, The Face, I-D, RetroTechno/DetroitDefinitive/EmotionsElectric, Techno ! The New Dance Sound Of Detroit.
WIDOWSKY



TRIBUNES5
ROGER SANCHEZ : TOP DJ

Le Sanchez est de ces DJ patients qui attendent leur heure travaillant incognito sur de sombres labels indépendants. TODD TERRY vous rappelle quelque chose? Et Masters At Work ? Et George Morel ? Et DJ PIERRE ? THE RHYTHM SECTION (Carter, Maldonado, Straker) peut-être ? Tous ont fait partie du réservoir de talents qu'est le label Strictly Rhythm à New York. Ils nous ont donnés depuis 2 ans certains des + beaux titres deep/garage/dance/progressive house qu'on pouvait rêver. En janvier 91, j'ai couru tout Paris pour trouver UN disque, le maxi d'UNDERGROUND SOLUTION Luv Dancin' composé, arrangé et produit par Roger Sanchez. Pour l'avoir juste entendu UNE fois, utilisé en bande son d'un reportage sur le club Zanzibar, Newark, New Jersey (K7 vidéo Dance International Vidéo Magazine nº3, en PAL à l'époque). Dès la PREMIÈRE fois addiction immédiate. C'est sans doute cela la différence de Sanchez, vite sorti des rangs mouvants des DJs dance new-yorkais. UNDERGROUND SOLUTION (qui l'a fait connaître, je n'étais pas le seul à adorer ce maxi) recyclait en vrac le Philly Sound, l'orgue « churchy », les vocaux décompressants (ce « Wow...Wooooaaaaw » en boucle soulante), les basses infra-rondes, les flûtes ultra-minces. Pour les curieux, ce morceau figure toujours sur la compilation This Is Strictly Rhythm (Ten) ainsi que DV8 This Beat Is Over, 2e production de Sanchez sur ce compact.
Par la suite, toujours sur Strictly, Sanchez co-produit AFTER-HOURS Feel It en Salso, Egotrip, 3am et 4am mixes. Un remix d'UNDERGROUND SOLUTION cette fois avec voix (JASMINE) sort et devient un hymne garage underground sur un axe New York-Londres (hélas, Paris, hélas, que se passait-il en mai 91 ?). Les 1ers passages de Sanchez à Londres datent de ce moment, il est maintenant régulièrement guest DJ du Shelter sous Heaven et du Ministry Of Sound. Maxi après maxi, Sanchez affirme son style toujours à dominante garage mais souvent deep comme l'indiquent ses mixes intitulés Egotrip, Melting, Original Shelter, parfois + latin : les Salso mixes qui relèvent + du « latin flavor » que d'une réelle influence. Après plusieurs maxis instrumentaux, Sanchez s'attaque aux vocaux en produisant et mixant récemment MICHAEL WATFORD, ARTHUR BAKER, KATHY SLEDGE, FRANKIE KNUCKLES, LIZETTE MELENDEZ, CHIC, IRA LEVI et RHYTHM FACTOR. Devenu archi-booké, Sanchez se voit proposer de retravailler plusieurs titres pour les Anglais de GRACE UNDER PRESSURE, DANNI'ELLE GAHA, SIMON CLIMIE et LIDELL TOWNSELL. Il vient de finir (quand ce type trouve-t-il le temps de dormir ?) le remix de ce qui est j'imagine son projet le + juteux : Jam le single de MICHAEL JACKSON. Sortira ensuite l'Underground Solution Remix de Don't Stop Till You Get Enough du Jackson précité (précipité ?). Surveillez les bacs en attendant la suite du Luv Dancin' d'UNDERGROUND SOLUTION, sur Strictly Rhythm (le nouveau DV8) ou ailleurs (un maxi d'ORCHESTRA 7 et le remix de Heart de KATHY SLEDGE), ainsi que l'apparition du nouveau label One Records (US), créé par Sanchez courant juin, sur lequel sont déjà sortis No Way de TODD TERRY Presents THE COUNTDOWN et Dancin' de KENNY "DOPE" GONZALEZ Presents AXIS, et est prévu un MARSHALL JEFFERSON...
Soutenez ce type, de passage à Londres ou New York allez l'écouter jouer les disques, faites le venir à Paris (please !) pour des lendemains qui chantent !!
THIERRY PILARD



TRIBUNES6
G. CULTURE

Tout est garage ou deep en ce moment. Tout et tout le monde. Que les choses soient claires, garage is black, urban, pure ! N'essayons pas d'en faire une mode de plus et de banaliser ce mouvement qui est la véritable source de la house. Just feel it, love it and dance ! Inutile de chercher une prétendue influence de l'Europe au travers de l'électronique ou de Kraftwerk (toujours cette volonté blanche de s'approprier la culture noire). Non ! Garage is soul ! Club culture ! New York, New Jersey, Chicago !...musique de cités... Ses sources ? Simplement la musique noire du milieu des années 70, le philly sound, la disco et l'élément omniprésent, le gospel.
Petit retour en arrière... La 1re trace de ce nouveau son, ce fut durant l'été 86, 2 morceaux matraqués dans les bons clubs de l'époque (Fizz Party au 7) : Shadows Of Love de J.M. SILK et Love Can't Turn Around de FARLEY JACKMASTER FUNK. Le choc ! Une rythmique hystérique, une grosse caisse énorme, un synthé basse, un piano et une voix hors du commun ; enfin quelque chose de neuf car depuis la discocraze rien de vraiment important (hip hop mis à part) pour la club culture. La high energy a fait illusion un moment (absolutely queer) mais elle était trop vide et trop fabriquée... Elle a cependant eu le mérite après l'universalisation et la vulgarisation de la disco de renvoyer la dance dans son antre, les clubs gays ! Et le mouvement a pu renaître comme toujours dans l'underground. Rétrospectivement quelques maxis sortis entre 83 et 86 se révèlent importants : les remixes de GWEN GUTHRIE par Larry Levan sur Garage Records, Levan toujours pour les deux 12" des NYC PEECH BOYS, Don't Make Me Wait et Somethin' Special (les vocaux de Bernard Fowler restant parmi les plus réutilisés depuis : cf. SOUND VANDALS, JEST-O-FUNK etc.), certaines productions d'Arthur Baker, mais tout cela était très isolé et on ne pouvait se douter de la déferlante future... Seuls quelques habitués du Paradise Garage peut-être ?
Le garage est un esprit intimement lié au club, ce n'est pas une musique très adaptée à la rave scene. Cet esprit résolument club et underground a fait que le garage a gardé intact sa pureté. Toute autre musique paraît vulgaire et viciée tant le garage arrive à allier la magie, le groove, le divin et le sexuel ! Les magiciens responsables, Levan toujours, Knuckles, Humphries, Sanchez, Kenny Dope Gonzalez, Little Louie Vega pour ne citer que les plus connus possèdent cette grâce impalpable que l'on ne retrouve que dans l'autre musique pure : le gospel ! Le garage est le plus court chemin vers l'état de grâce, the ultimate trip. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter Roger S. pendant une nuit... (preuve supplémentaire qu'il ne suffit pas d'aligner un mix d'Hurley et un Knuckles pour être un DJ garage !) Tout est là, l'hypnose, la transe, l'esprit, la culture, le groove... The music !
PATRICK VIDAL



INTERVUES4
GEORGE MOREL

George Morel est un producteur au sens house du terme. C'est-à-dire que lorsqu'il a une idée de morceau, il en compose la musique, l'arrange, le programme (parfois avec l'aide d'un spécialiste), trouve d'éventuels musiciens ou chanteurs, dégote un studio, enregistre et mixe le tout avec l'aide d'un ingénieur du son. Avant il était DJ, pendant 10 ans, ce qui lui a permis de comprendre ce qui fait danser les gens. Ensuite il commence à faire de la musique dans l'underground new-yorkais, travaille pour des petits labels comme Active ou Bottom Line, avec ED THE RED, ANNETTE TAYLOR, etc. Il se fait remarquer et est appelé en renfort sur des projets + commerciaux : il collabore avec C+C MUSIC FACTORY, THOMPSON TWINS, et participe à 2 titres du 2e album de 2 IN A ROOM - en particulier, il compose Wiggle It qui cartonne aux USA et en GB. Mais toute cette pop ne le branche pas vraiment ; lui, il aime la deep house, le garage. Il pense un temps à monter son propre label lorsqu'on lui propose d'intégrer l'équipe Strictly Rhythm. Il saute sur l'occasion : « c'est très difficile d'être connu aux États-Unis, ça prend beaucoup de temps. S.R. était déjà bien établi ; je n'avais pas besoin de partir de zéro. » C'est Gladys Pizarro, une des rares femmes directrices artistiques, qui a défini et imposé le son et la légende de cette maison de disques. Mais quand Nervous se crée, elle est débauchée pour monter ce nouveau catalogue ; et les 1ers disques du nouveau label sont effectivement sublimes. Qui la remplace au sein de S.R. ? DJ Pierre (celui de Acid Tracks !) et George Morel qui en deviennent ainsi les directeurs artistiques et producteurs attitrés. Ils redynamisent le label en infléchissant le son dans une direction + hypnotique et transe. Morel trouve encore un peu de temps à passer dans le studio qu'il s'est construit chez lui dans le Queens : il produit entre autres RARE ARTS/Yeah (I Got You Movin') et IN TOUCH Featuring MARK DAVIS/I'm Happy ; ce dernier, présent sur la compil Tracks '92, est sorti sur la nouvelle branche étiquette bleue de S.R. consacrée aux morceaux garage chantés, l'ancienne étiquette rouge servant pour les instrus et les dubs + techno. Pendant ce temps, chez Nervous, les propriétaires font la loi ; la qualité des disques se dégrade au fur et à mesure que se développe le merchandising : feutrines, sacs, T-shirts s'arrachent comme des petits pains ! G. Pizarro les quitte et est accueillie à bras ouverts chez S.R. : « Gladys est revenue en août. Elle nous soulage, Pierre et moi, dans notre travail : nous étions trop souvent au bureau ; maintenant nous sommes + en studio, ce que nous préférons ! Je peux ainsi préparer le prochain IRA LEVI (celui de Free Your Mind produit par Roger Sanchez) et TAKE ONE/Just Say My Name. » La house évolue en ce moment dans un sens conforme à ses goûts : « à New York, il existe en permanence une scène techno hardcore avec des hauts et des bas. Beaucoup de bruits, peu de création, trop fou. Aujourd'hui, c'est le creux de la vague pour ce style issu des raves. La scène club redevient forte. Les gens sont + exigeants et veulent une musique intelligente et complexe, une musique qui a une personnalité et du caractère, qu'on pourrait presque jouer live à l'ancienne manière. Disco et garage répondent à ces critères. Ce n'est pas comme la musique basée sur le son, les effets. N'importe qui peut s'acheter du matos, mélanger un pied, un beat, un groove. » C'est pourquoi les producteurs comme lui sont en phase avec ces nouvelles tendances : les talents de compositeur font la différence. « La house sera + sophistiquée, + créative. » Est-ce la fin des sons de 808 et de 909 ? « Non. Ces boîtes à rythme existent depuis 10 ans et ce n'est que depuis récemment qu'on les apprécie et qu'on les utilise vraiment. Toutes les vieilles machines seront toujours utilisables. En tout cas, si les gens veulent s'en débarrasser, moi je les rachète ! » La grosse caisse n'a-t-elle pas tendance à être trop forte en ce moment ? « Non, il y a tous les volumes. Ça dépend des goûts du producteur. Personnellement, je règle son niveau de façon à ce que le son reste agréable à l'oreille. Ce qui est réellement important, c'est sa qualité. Si elle est mauvaise, ça ne sera jamais bien. » Combien de temps met-il pour faire un titre ? « Ça dépend. Wiggle It m'a pris 1h à créer. » Il faut dire qu'il s'agit d'un hip house où le rap de Dose Material est prépondérant. « En général, il me faut de 2 à 12h pour tout faire, suivant la complexité du morceau. Mais parfois, je reviens dessus pendant toute une semaine. Après, il faut mixer : 6h pour un instru, 12h sinon. »
DANNY & SERGE "THERAPY" PAPO & WIDOWSKY









SKEUDS



CD COMPILS :

RESPECT FOR FRANCE "A French Rhythm Selection" (Fnac Music/F) :
Ca y est. Toutes les compils sont là. Et comme P.U.R. ou Ravelation, Respect For France propose sa cargaison inégale de programmeurs doués ou d'apprentis musiciens du dimanche. On y remarque immédiatement l'influence énorme de la musique noire américaine et underground (le garage, cette tradition de soul moderne : orgue, piano, claps et percussions diverses), ce qui en soi ne peut être une mauvaise chose même si on aurait pu s'attendre à un peu plus d'originalité (ou de diversité) de la part d'une des meilleures divisions house de Paris. Mais cela signifie au moins que les + prolifiques et + intéressants des artistes Fnac (Garnier, Shazz, Christophe "Widowsky" Monier, Papsy) possèdent une réelle passion et connaissance de la dance music, qui, non, n'est pas née avec la techno comme on tend trop souvent à le croire ces derniers temps. Justement, l'autre facette de cette compil, déjà nettement moins attrayante, c'est l'intrusion régulière de nappes menaçantes, de séquences répétitivement soporifiques et de bleeps et clonks de tous genres. OK, ce mélange de sonorités électroniques nord-européennes et de rock planant est la musique des raves d'ici et apparemment on n'est pas près d'en sortir (même si une seule poignée de convertis est concernée) mais aussi énergique et convulsive soit la musique, celle-ci a forcément besoin de groove pour déclencher l'impulsion rythmique chez les danseurs. Pas de groove, pas de danse. Alors ce qu'il faudrait maintenant aux français pour s'imposer sur la scène house internationale, c'est peut-être un peu moins de bidouillages, d'atmosphères subtiles, de disco passéiste et un peu + de basses mortelles et de gimmicks infaillibles. Après tout, le seul test qui compte vraiment, c'est la réaction des pistes et des DJs...
JAY RÉMI

RAVELATION "13 créateurs de rave" (BMG/F) :
Puisque RAVE a remplacé ROCK dans le vocabulaire show-biz chébran (commence par R en 4 lettres...), il fallait l'utiliser dans le titre. Pourtant il s'agit + d'une compil d'ambient, très pop blanc. En écoutant les quatre 1ers morceaux et quelques autres plus loin, on se dit que tous ces gens ont beaucoup écouté THE ORB, SYSTEM 7 ou KRAFTWERK. Ce n'est pas ce qu'on fait de + house ni de + groovy, mais c'est politiquement correct. Ont-ils seulement écouté autre chose ? Le problème est que cette débauche de chœurs en nappe, de chant grégorien samplé, de flûte shakuhachi, et surtout toutes ces filles qui débitent en français leur poésie énervante (7 morceaux sur 14 et pas une qui chante !), ça fait surtout penser à ENIGMA... (c'est vrai j'avais oublié : « Igor, publicitaire à succès, s'est lancé avec ses amis dans la dance : DEUS EX-MACHINA est son nouveau concept. » je ne sais plus où je l'ai lu mais... Au secours !) Heureusement il y a aussi de très bonnes choses sur cette compil, qui justifient son achat. Les 3 morceaux de l'écurie Rave Age sont exempts de ces défauts ; on reconnaît les spécialistes. Contre toute attente, le titre de DALCAN, instru pop house à la mélodie inspirée (certes très KRAFTWERK elle aussi), est une réussite. PILLS/One est un futur classique, à ranger par exemple à côté de SPEEDY J/De-Orbit. Last but not least, RHYTHMANALYSE/À la recherche du Major Tom est un chef-d'œuvre de progressive house ; normal de la part de Charles Hurbier, ex-MÉTAL URBAIN groupe très en avance sur son temps.
LE ROCKER RITAL

DUB HOUSE DISCO "This Is What Guerilla Is About" (Guerilla/UK) :
LA compil DU label de progressive house. Rien de disco à part le titre. Plein de ces épouvantables lignes de basse de LEFTFIELD (style new beat 89). Par contre SPOOKY/Don't Panic et REACT2RHYTHM/I Know You Like It sont géniaux.

MADE IN DETROIT (KMS/UK) :
Compilé par Kevin Saunderson avec l'aide de Network, ce CD ose le mélange entre l'excellente techno extrême de UR ou de BLAKE BAXTER/F.Y.U avec le non moins excellent garage de CHEZ DAMIER/Can You Feel It. Mais tout n'est pas du même niveau.

PROGRESSIVE HARDCORE VOL.1 (Rising High/UK) :
Follow-up de Techno Classic Vol.I dont j'avais dit du bien dans le précédent eDEN, celle-là est à éviter bien que ce soit souvent les mêmes musiciens : que du bruit.

UK-UNDERGROUND (Azuli/UK) :
Super compil de disco anglais à la JOEY NEGRO (en un peu moins bien tout de même) et de softcore techno.

WAREHOUSE RAVES 7 (Rumour/UK) :
Plein de tubes progressive house et ragga-techno. À avoir pour FELIX/Don't You Want Me, RACHEL WALLACE/Tell Me Why, NUSH, le magnifique PETER BOUNCER/So Here I Am, HYPER GO GO/High et son sample de voix des BELOVED, et 7TH SENSE/Get The Music.

JUST THE BEGINNING (III East/US) :
Compil du célèbre label dont une partie des bénéfices sera donnée à Lifebeat (« the music industry fight AIDS »). REDD/Mr Right et KIM BEACHAM/Trouble sont des garage trax classiques et efficaces. Le reste du disque est sans intérêt.

TRACKS '92 (Strictly Rhythm/US) :
1re moitié garage chanté traditionnel et 2e moitié dub. Les deux 1ers titres sont trop commerciaux, visiblement bâclés en 1h (DJ Pierre décevant reprenant le chant de RAW SILK/Do It To The Music). La suite est excellente où l'on retrouve avec plaisir Sanchez, Tommiie, Simonelli, HOUSE 2 HOUSE, etc.

BANG THE RHYTHM "A Go Bang! Compilation Of Strictly Rhythm Club Classics" (Go Bang!/N) :
Le côté dub instrus softcore hyper-efficaces de Strictly Rhythm compilé par le label hollandais Go Bang!. Hautement recommandé.
WIDOWSKY



CD ALBUMS :

LIL' LOUIS & THE WORLD "Journey With The Lonely" (Epic/US) :
Adelaide, Le Gland, Didier Lestrade, Michaël, Thierry Pilard, Therapy, Vix, WAVE, DISCOTIQUE, IMPULSION, etc. unanimes, on est tous sur le cul ! Disque du mois, de l'année, de la décennie, de tout ce que vous voudrez. Arrêtons là le massacre ! Ce disque est LE chef-d'œuvre de la house, catégorie albums. Son 1er LP, From The Mind Of Lil Louis, nous avait déjà mis la puce à l'oreille concernant les talents du timide p'tit Louis. Sur Journey With The Lonely, il nous montre sa parfaite maîtrise de la house music (le 1er maxi extrait Club Lonely au rythme typique du bonhomme, New Dance Beat remixé par MASTERS AT WORK), du garage (le nouveau simple Saved My Life, You're My Reason fait avec BOILERHOUSE, le paresseux et envoûtant Funny How U Luv), de la softcore techno (le sexuel Aahhhh !), de la jazz-house (Jazzmen bien sûr avec ses longues impros de trompettes). Même les ballades et les mid-tempos, obligatoires sur les albums de musique noire américaine, ne sont pas chiants ; écoutez le classieux Share et son accompagnement à la guitare acoustique (!). Quant à Do U Love Me, ce titre ne combat définitivement plus dans la catégorie musique populaire ; moi, je le mettrais à côté du Sacre du printemps, de La Mer, de Daphnis et Chloé, de La Nuit transfigurée... Surtout dans cet album, LIL' LOUIS touche le paroxysme de la sensibilité, de la sensualité. Les mélodies y sont belles et émouvantes, les harmonies complexes et travaillées, les rythmes efficaces et originaux, les textes intelligents et poétiques. Les arrangements osent tous les mélanges entre house, funk, soul, jazz. Cet album nous apaise ou nous excite, il nous fait danser, pleurer, sourire, réfléchir. À mettre absolument dans toutes discothèques house un peu sérieuses.

THE TODD TERRY UNRELEASED PROJECT VOL.1+2 (Freeze/US) :
Pas mal mais très rough et certains morceaux sont trop basés sur des samples : rythmiques complètes de CLIVILLÉS & COLE/A Deeper Love pour When You Hold Me et de ROBERT OWENS/I'll Be Your Friend pour Don't Get Carried Away, de P.M.DAWN/A Watcher Point Of View pour Shadows Dawn, etc. Nourriture pour DJs.

TEN CITY "No House Big Enough" (EastWest America/US) :
Album vitesse de croisière pour TEN CITY, sans doute les meilleurs house songwriters du monde avec les JOE SMOOTH, STERLING VOID, MARSHALL JEFFERSON et autres LIL' LOUIS. She All That And More et You'll Never Know Lonely atteignent les sommets.

SHUT UP AND DANCE "Death Is Not The End" (SUAD/UK) :
2e album de SUAD, un peu les UR anglais par leur intransigeance. Cet assemblage de breakbeats et de samples pourrait donner un haut-le-cœur. Pourtant on est charmé par l'atmosphère ultra-personnelle qui se dégage. Et The Green Man, Death Is Not The End, Raving I'm Raving sont de grands morceaux.

INNERCITY "Praise" (Ten/UK) :
Tout le monde a déjà dit à quel point ce 3e album est réussi. C'est vrai. Mais à l'inverse de tout le monde, j'affirme que, d'une part, il n'y a ni rupture ni retour à la techno par rapport au 2e album, Fire (les 2 CD ont d'ailleurs 3 titres en commun), et que d'autre part, Fire est bien meilleur.

MOBY (Instinct/US) :
2e album de Richard Hall, suite de la compil Instinct Dance sortie l'année dernière où tous les morceaux étaient de lui. Les 2 disques ont d'ailleurs 3 morceaux communs. Dans l'ensemble c'est de la techno banale sans groove ; Mr. Hall abuse du quantize. Exception : le sublime classique Help Me To Believe.

THE SHAMEN "Boss Drum" (One Little Indian/UK) :
Bon d'accord, ils ont cherché le tube avec L.S.I. et avec Ebeneezer Goode, et l'ont trouvé. Résultat : difficile de se débarrasser de ces mélodies catchy. Mais il y d'autres choses + intéressantes et expérimentales dans cet album. Même si les raps de Mr C énervent à force, même s'il n'y a pas de bombes du niveau de Progen ou de Omega Amigo, cet album est plutôt bien.

DEEE-LITE "Infinity Within" (Elektra/US) :
Saut qualitatif au niveau du son par rapport au 1er album. Quelques bonnes mélodies : Runaway, Electric Shock, I Had A Dream I Was Falling..., Thank You Everyday et Come On In, The Dreams Are Fine. Lady Kier Kirby a tendance à en faire un peu trop. La pochette Eco-Pak américaine est impossible à ouvrir.

MR. LEE "I Wanna Rock Right Now" (Jive/US) :
Album franchement commercial pour les 12-18 ans et presque entièrement nul. On a parfois l'impression d'entendre du hip house italien ou hollandais. Incroyable de la part d'un natif de Chicago et créateur de Pump Up London !

DIANA BROWN & BARRIE K. SHARPE "The Black, The White, The Yellow And The Brown (And Don't Forget The Redman)" (Ffrr/UK) :
Oui, les créateurs de mode connaissent aussi la musique. Masterplan, Love Or Nothing et Sunworshippers tous sortis en maxi et réunis sur ce 1er album sont des bombes acid-jazz. Hear My Prayer est très beau.

ARRESTED DEVELOPMENT "3 Years, 5 Months And 2 Days In The Life Of..." (Chrysalis/US) :
Donc, un peu d'air frais dans le rap : influences campagnardes et blues, respect des femmes, écologie. Quelques excellents morceaux et mélodies. Par contre les rythmiques manquent souvent de pêche ; tout n'est pas à rejeter chez les machos de NY ou de LA...

SOUL II SOUL "Volume III Just Right" (Ten/UK):
Où sont passées les mélodies qui nous emportaient, du 2e album et des 1ers maxis ? Et les rythmiques classes et inventives ? Pas de morceau fort dans ce 3e LP ; Joy n'est pas la bombe garage uplifting que ça aurait dû être.
WIDOWSKY



CD MAXIS :

DORZAK "Move My Body" (Fnac Music/F) :
Un morceau de house music tout simplement, hors des modes, avec de jolies nappes mélancoliques, quelques échantillons de voix et quelques notes de piano. L'Invaders Mix est nettement + techno. L'autre morceau, After Transe/When The Night Is Over, est très progressive house.

LAURENT GARNIER "Stronger By Design EP" (Fnac Music/F) :
Toujours très minimal et une grosse caisse qui vous cogne le ventre. 2 mixes de The Dream, instru planant. Virtual Breakdown est complètement techno et son Mind Your Head Mix est le + efficace. Luv' Chicago est un hommage à la house des débuts.

KAT CALL "Hold On" (Fnac Music/F) :
Nouveau maxi de Papsy, le producteur de REVELLE/Gonna Make You Feel Alright. Beau morceau garage, + deep et moins commercial que le précédent. Joli remix jazz-house ultra-shuffle de Reynald "Crazy Frenchman" Deschamps.

SHAZZ EP (Fnac Music/F) :
4 morceaux de styles variés, 6 versions. Découvrez The Earless Man Song, techno speedée avec des nappes superbes et un gimmick vocal bizarre et original. Dansez sur Belong To You et I Promise aux rythmiques du niveau de celles de, au hasard, 808 STATE. Écoutez A Corner Called Shazz, hommage deep à Larry Heard. Dorénavant, on attendra toujours avec impatience les nouveaux disques de SHAZZ...

NIGHTMARES ON WAX Featuring DESOTO "Set Me Free" (Warp/UK) :
Étonnant de la part de ce groupe. Bombe disco garage en phase avec la mode des clubs anglais, avec quand même leur touche personnelle délirante (cette espèce de fausse maladresse).

THE REESE PROJECT "The Colour Of Love" (Network/UK) :
Beaucoup moins bien que le précédent et génial Direct Me. Essayez quand même le MK Deep Dub et l'Underground Resistance Jazzy Mix.

LOOSE ENDS "Hangin' On A String (Frankie Knuckles Remix)" (Ten/UK) :
4 remixes + la VO du classique funk anglais de 85. Tous excellents. Knuckles au mieux de sa forme sur le Frankie Knuckles Club Mix, de ce style deep garage qu'il a inventé avec ses collègues de Def Mix Productions. Cool version urban soul par Twilight Firm (The All Night Mix).
WIDOWSKY
« Le corps, le cœur et l'esprit... »



MAXIS VINYL :

DJ PIERRE "Muzik (The Sirene Mix)" (Strictly Rhythm/US) :
Dans la plus pure tradition de la house minimaliste. C'est hypnotique et répétitif, un peu lassant à la longue mais tellement bien réalisé...

DISS-CUSS PISSED APACHE "Josh On The Jest" (Flying/I) :
Une petite mélodie marrante, un rythme légèrement tribal. On peut qualifier ça de happy-techno, en tout cas, on n'a pas fini de l'entendre.

UNITY 3 "The Age Of Love Suite" (Zener/I) :
De la techno/house italienne comme on l'aime. Les 4 morceaux sont excellents ; tout y est : du tribal, de la transe, des breaks vocaux à crier, des nappes synthé à s'envoler ; bref on est comblé ! On trouve même une reprise de In The Mix de FAST EDDIE... C'est trop.

THE SASHA MULTIGROUND EP VOL. 2 (Limited Underground) :
C'est italo-new-yorkais et c'est surtout proche de l'esprit CHEZ DAMIER. Le groove est là, les percussions aussi, le style est jazzy, et les références sont celles de Chicago. Les pianos de Cléderman et les cantatrices garage n'y sont pas... Et c'est tant mieux !

HARDFLOOR "Hardtrance Experience EP" (Harthouse/D) :
C'est de la techno et surtout de l'acid trance hyper efficace. Même si le morceau manque d'originalité, la construction est irréprochable : ça monte, ça tourne, ça tourbillonne ! Ce morceau est un ouragan, les Allemands n'ont plus rien à prouver.
DJUL'Z

& :
Parmi le flot énorme et constant de sorties américaines en maxi, il y a un grand travail de tri à faire. Mais lorsque l'on tombe sur une perle, on peut compter dessus un bon moment. Voici quelques grandes chansons que l'on trouve actuellement en import. KATHY SLEDGE, ex-SISTER SLEDGE, s'offre un 2e hit en or massif. Remixé par Roger S., l'Uplifting Dub de "Heart" (Epic) casse tout sur son passage dans la vraie tradition Morales. Justement celui-ci a remixé "So Much Love" (A&M) de MALAIKA qui chante exactement comme Ce Ce Peniston ; REEL 2 REAL Feat. ERICK MOORE a sorti "The New Anthem" sur Strictly Rhythm (digne du meilleur Todd Terry). KIM BEACHAM a un superbe dub, le Raw House Dub de la chanson "Trouble" sur III East. Et TONY MOSS remet les vocaux masculins au goût du jour avec son "I Got You" sur 50/50 (apparemment une branche d'E Legal). La verve créatrice italienne ne s'arrête plus, ils nous ont même inventé le techno-funky qui speede juste ce qu'il faut. TC 92 - qui ne sont nuls autres que FPI PROJECT - ont sorti une suite à TC 91. Ca s'appelle "Funky Guitar" et c'est le FPI Funky Mix qui fait un malheur outre-manche (UCR). Sinon le remix de "Music Is Movin'" de FARGUETTA est vraiment LA bombe qui contentera n'importe quel club ou rave. L'Allemagne qui ne nous a pas toujours habitués au plus fin s'est trouvé un représentant très convaincant sous le nom de Thomas Kukula. Il propose tour à tour "France" par THK (Rough Mix que vient de récupérer Warp et qui sort donc en France chez Fnac) et "Back Again" par GENERAL BASE (toujours sur Rough Mix) qui devrait voir le jour chez Happy Music. Voici 2 morceaux de trance progressive - à la GAT DECOR - d'un lyrisme flamboyant sans que le rythme n'en souffre le moindre du monde. Du côté du Royaume-Uni, la scène baléaric/house est très active comme à l'accoutumée. On peut même dire que les DJs/musiciens allants de l'avant (upfront) semblent déjà un peu s'éloigner du son progressif que LEFTFIELD contribua à élaborer l'année dernière et qui manque, il est vrai, un peu de chien (trop de disques similaires). Ce mélange de répétitions énergiques et de mélodies simples et efficaces tend simplement à se durcir, rejoignant presque le son trance allemand. Paul Oakenfold dont on n'entendait + beaucoup parler depuis quelques mois est revenu en force cet été avec ce splendide remix de U2, le voilà qui nous propose 2 trance mixes éblouissants de pêche et de son : ELISA "Love Vibration" (FFFR) et le nouveau GARY CLAIL "Who Pays The Piper" (Perfecto). Le voilà donc de retour et toujours avec Steve Osborne, son excellent ingénieur du son. Tout le monde a entendu FELIX et son riff d'orgue incontournable "It will Make Me Crazy" (DeConstruction), le nouveau, est déjà là et le Mmmm Mix de Rollo prend la suite de Don't You Want Me en moins immédiat mais presque mieux... Une pléthore de petits labels indés nous bombarde de nouveautés et il faut bien le reconnaître, c'est dans cet underground-là que se trouvent les grands noms de demain. Il y a le "In The Mountains" de SEVENTH HEAVEN chez 3Beat de Liverpool (techno à grands violons), le "Belgium" de MEGATONK sur Kai Tonk (un vrai hit !), le "Landscapes" de MENDEL'S DISCOVERIES/A+V PROJECT sur Positive Vinyl (Stella en + Ibiza) ou encore le "Shout" de MASSIVE RAVISHING LOVE sur la branche anglaise des Italiens de Media (un riff hypnotique et transcendant). Mais la soul n'est pas tenue à l'écart dans ces boîtes où seule la qualité musicale des disques a vraiment de l'importance ; ainsi une grosse vague de garage européen s'annonce, prête à rivaliser avec les meilleures productions américaines. On n'y gagne peut-être pas en originalité, mais la fougue et la production y sont pratiquement irréprochables, ce qui est loin d'être le cas de beaucoup de labels indépendants US. Ainsi l'Écosse, qui a toujours eu ce penchant blues eyed soul, nous a fait découvrir SLAM, un duo de DJs/remixeurs/producteurs qui allie à merveille des compositions surprenantes à une grande connaissance du groove. En attendant leur nouveau 12" imminent, ils sortent sur leur propre label Soma un excellent EP de REJUVINATION - leurs programmeurs attitrés - qui est rempli d'hymnes garage gorgés de soleil dans la + pure veine Masters At Work/Todd Terry. 23rd Precint, LE magasin house de Glasgow a aussi son label (Limbo). Celui-ci ne cesse de nous abreuver de nouveautés toutes disco-rave. "I Trance You" par GIPSY en est probablement le must avec sa guitare flamenco et sa séquence entêtante.
JAY RÉMI









DJs



DJ DU MOIS : ÉRIK RUG
Si vous demandez à Érik Rug quel est son morceau préféré, il vous répondra : « j'ai n'ai pas de style préféré, j'aime tout ce qui est bien dans chaque style. » Évidemment, c'est cette attitude qui lui permettra de travailler n'importe où et de réussir. Serious DJ depuis 4 ans notamment à la Loco où il faisait les soirées H3O et plus tard les nuits Hacienda, même boîte mais styles tout à fait différents. Rug, qui a toujours rêvé d'être clavier de NEW ORDER, jouait avec des groupes de Paris ou de Manchester, par exemple au Boardwalk avec Dave Haslam, un des 1ers DJs à faire avancer la scène house anglaise. Aujourd'hui que l'indie dance ne branche plus les parisiens, qu'est-ce qui les tue ? Leur propre son ? « Il n'y a pas de scène parisienne car ils n'ont pas un son à eux - en tout cas, moi je n'en connais pas. Ici, la scène house n'est pas mélangée, il n'y a pas de diversité et c'est dommage. C'est trop ghetto à Paris. » Mais n'ayez pas peur, house groovers, selon Érik il y a à Paris beaucoup plus de gens qui font de la musique, et c'est forcément bien.
Pas seulement DJ, musicien aussi, et musicien accompli, qui vend des skeuds et qui a été piraté, oui PIRATÉ, aux États-Unis (par Rave Records) et en Suède. Il a sorti son 1er disque en 1990, lui-même un bootleg d'un morceau des B-52'S, Black Planet, sous le nom de 2 FRENCHMEN. Avec 2600 copies vendues, à l'époque une des meilleures ventes de Flying Records à Londres et de Eastern Block à Manchester, Érik et l'autre frenchman, J.-P. Sablier peuvent être fiers. Avec d'autres morceaux déjà faits, il cherche un deal pour les sortir en EP. « Je cherche un son particulier en ce moment. » Malheureusement un de ses morceaux utilise le même sample et le même titre piqués par BUMP pour I'm Rushin'. N'a-t-il pas peur d'être accusé de prendre le train en marche ? « Je me suis posé la question, oui. J'ai samplé un a cappella ; BUMP n'était pas encore sorti. Alors que je travaillais en studio pour mixer le morceau, j'ai entendu BUMP. Je me suis dit : merde ! J'arrête le truc ou je continue ? »
Que pense-t-il de toute la hype qui entoure les DJs en ce moment, du phénomène de starification des DJs ? « Bullshit. Le DJ est un intermédiaire entre les producteurs, les musiciens et la foule pour faire connaître des trucs complètement oubliés des médias. » Et dernière question au mec qui espère que son morceau aura autant de succès que celui de BUMP : what makes him rush ? « Quand tu mets un disque, qu'il y a 20 mecs qui viennent te demander ce que c'est, et que tu sais qu'ils vont aller l'acheter le lendemain. Ca ne peut que faire avancer les choses. »
ADELAIDE DUGDALE

ÉRIK RUG
CURRENT PLAYLIST :

OVAL FIVE Wiggle One Time Mr Judge (Frame)
TRAVIS NELSON Tunnel Of Love (Planet)
RALPHI ROSARIO Flaco Ritmo (Gosa-Lo)
UNITY 3 Age Of Love Suite (Zener)
FARGETTA Music, Oh Music (Marton Media)
COOLJACK Just As It Comes (Black Moon)
LUTHER VANDROSS & JANET JACKSON The Best Things In Life Are Free (Perspective)
MENTAL INSTRUM Doo Doo Song (EZ Street)
KATHY SLEDGE Take Me Back To Love (Epic)
SY-KICK Nasty (Remix) (Hard+Fast)

ALLTIME PLAYLIST :
CHARLES B/ADONIS Lack Of Love (Desire)
LANDLORD I Like It (Big Shot)
DISTRACTED Distracted (Jumpin' & Pumpin')
THOSE GUYS Tonight (MCA)
PANDELLA This Way That Way Dub (EZ Street)
KARIYA Let Me Love U For Tonight (Sleeping Bag)
ROCKY JONES Choice Of A New Generation (DJ International)
BIZARRE INC Playing With Knives (Radio Quadrant Mix) (Vinyl Solution)
CULTURAL VIBES Ma Foom Bay (BCM)
A MAN CALLED ADAM Barefoot In The Head (Big Life)



3 DJs ESPOIRS

DJUL'Z :
Le disque qui a changé sa vie : « Le disque qui a changé ma vie, ou plutôt ma vision musicale, est sans aucun doute Energy Flash de BELTRAM. C'est le genre de son qui laisse des séquelles. Ce disque m'a hypnotisé ; il m'a donné envie de me consacrer à cette musique. »
Son top 3 actuel : OUTERZONE The Deep (Zodiac), TRACID POSSE Vivarium (Overdrive), DEEP BEAT Vol. 1 (une reprise de PETRA & CO).
Le titre qu'il aimerait remixé : Erotic City, un vieux morceau de PRINCE.
Pourquoi n'y a-t-il pas de femmes DJs ? « La raison pour laquelle il n'y a pas + de filles DJs de house, c'est tout simplement qu'elles n'osent pas. Et elles ont tort, car la plupart des DJs femmes (des Anglaises principalement) montrent une sensibilité que n'ont pas les mecs. Leur approche est beaucoup moins agressive ; cela ne ferait pas de mal à la scène parisienne. »
S'il était un disque... « Je serais Tune. C'est un disque singulièrement mystérieux mais très joyeux. »
La scène house qu'il aimerait connaître : « San Francisco est par-dessus tout la scène house/techno que j'aimerais découvrir. C'est paraît-il la ville américaine la plus ouverte aux différents styles de techno ; rien à voir avec N.Y.C.. San Francisco a sûrement gardé son esprit psyché et libéral des 70's. »
Le DJ avec qui il aimerait bosser : « il n'y a pas de DJ dont je suis particulièrement fan. Cependant, j'ai vraiment été épaté par Derrick May. Travailler avec lui apporte sans doute beaucoup de choses. »
Existe-t-il un son français ? « Je pense qu'il existe un son français. Il est d'ailleurs sur le point d'éclater : les DJs parisiens se mettent à faire des morceaux, d'autres commencent à les sortir... Il y a beaucoup de retard à combler au niveau de la production, mais la créativité est là. S'il fallait le définir, le French sound serait assez proche du son hollandais : très proche des bases de Chicago 88-89, moins groovy que le son anglais, mais plus mental. À mon avis, ce son est très bien représenté par des DJs comme Pac Man, La Tortue, Bertrand, Tim. »

DJ PASCAL R :
Le disque qui a changé sa vie : Slam de PHUTURE PFANTASY CLUB chez Trax Records.
Son top 3 : GRID Figure Of Eight (Todd's Loud House) (Virgin), NUSH Nush (Nosh Not Nush Mix) (X:treme), NIGHTMARES ON WAX Set Me Free (Funk Dub) (Warp).
Le titre qu'il aimerait remixer : Yu-Gung de EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN.
Son meilleur moment : « extase, pendant l'intro a cappella de Extacy de SHADES OF RHYTHM à la soirée Galactica. »
Son pire moment : « c'est faire le tour des magasins de disques et ne rien trouver à me mettre sous les doigts. »
Qui a tué Elvis ? « Les serbo-belges. »

BERTRAND :
Son top 3 : TORONTO UNDERGROUND Soup, BARBARELLA The Art Of Dance (Eye Q Hart House), DJ PIERRE Music Is Life (Strictly Rhythm).
S'il était un disque... EGOTRIP Dreamworld (Outer Limits).
Existe-t-il un son français ? « Oui, même si la production est encore un peu faible. Notre avantage, c'est notre position au centre de l'Europe. Nous connaissons la plupart des productions aussi bien européennes qu'américaines. La musique que je joue est un mélange. Je suis certes influencé par une certaine culture, mais elle est surtout représentative de mes goûts, de ma sensibilité. »
Que répond-il à ceux qui pensent que la house est un genre mineur ? « La house au fil des années a connu des variations qui la rendent parfois dispersée ; mais sa grande force c'est qu'elle évolue, elle innove sans cesse. Elle permet surtout à une minorité à la recherche d'une certaine façon de vivre, de s'exprimer. Pour moi c'est un art nouveau, mineur si l'on veut. »
Respect for : « différence, innovation, Paris. »
Big plans for future : « j'aimerais produire, mettre mon expérience de DJ au service de la musique. »
ADELAIDE DUGDALE



TOUTES LES PLAYLISTS DU MOIS :

LAURENT WARIN & PHILIPPE "PHI-PHI" TOUTLEMONDE (At The Villa) :
FREAK SISTERS Freak Boutique (Nuclens)
BI-FACE The EP (Aural Audio)
DJ HELL My Definition Of House Music (R&S)
ACORN ARTS II Body (X-Gate)
UNITY 3 The Age Of Love Suite (Zener)
SEVENTH SENSE Get The Music (Rumour)
10 MEN DEAD We Kill Love (Junk Rock)
JACK AND JILL Go Miss Thing (Strictly Rhythm)
SIMONE Hey Fellas (Strictly Rhythm)
REEL 2 REAL Feat ERICK MORE The New Anthem (Strictly Rhythm)

RHYTHM DR. (Gardening Club/WAVE) :
CE CE ROGERS Brothers And Sisters (House Mix) (Big Beat)
WAVE Enjoy Life (Afro Dub) (8 Ball)
WHEN WORLDS COLLIDE Deep (Goldtone)
KAREN POLLACK You Can't Touch Me (Doggone Dub) (Emotive)
VICE VERSA My Southern Comfort (Vice Versa)
MOOD II SWING I Need Your Love (8 Ball)
DJ SHON Rejoice (Orgasmic Club) (Big Beat)
CLASSIC MAN 5th St Orchestration (Nervous)
YENNEK Serena X (Indisc)
LOVE TEMPO Change For The Better (Freestyle Mix) (Pow Wow)

SERGE "THERAPY" PAPO (Ouch!, Dream, Groovement, Peace Of Mind) :
LIL'LOUIS AND THE WORLD Journey With The Lonely (all tracks !) (Epic)
EDN Don't Make Me Wait (Dream Version) (UMM)
WAVE Hilu (Baroque Mix) (8 Ball)
FREE SPIRIT Next To Me (Inner version) (Planet Earth)
CLASSIC MAN 5th St Orchestration (Nervous)
ABSOLUTE Introduce Me To Love (Dub Version) (D-Vision)
RAM J Transiberian E (Special Designed Sound) (Quality)
SOUND SET (Free Sound) (Oversky)
ED THE RED Flow (Tribal Mix) (Bottom Line)
MK MKappella (Area 10)

MANDRAX (Mad, Mais quoi !, Tracqs) :
CORAL WAY CHIEFS Release Myself (Murk)
HERMANN Tumblin Down (E-Legal)
CANDIDO(?) Jingo (bootleg)
DREAMS UNLIMITED Deep In You (Remix) (Irma)
KIM BEACHAM Trouble (Remix) (III East)
TYMPANIUM One More Time (Aztonk)
CECE ROGERS Brother & Sisters (Big Beat)
MOOD II SWING Wall Of Sound (8 Ball)
DREAMER G I Got That Feeling (Madhouse)
DJ HELL My Definition Of House Music (R&S)









DON'T JUST SIT THERE, DO SOMETHING*
*AGIR PLUTÔT QUE DORMIR









BRÊVES



YOPLABOUM !
MÉDIA :
Quetal ? L'opportunité de lancer des médias « dance » se fait sentir, plusieurs projets de journaux verront le jour d'ici peu et proposeront chacun au grand public des infos sur la house pour ne pas la citer... Tant mieux ! Ce genre d'initiative révèle un intérêt grandissant pour la house, même les TV s'y mettent de manière timide et les « décideurs » réalisent là un nouveau marché. Ne voit-on pas des spots TV pour DEEP FOREST ? Amis underground n'ayez crainte, vous resterez underground quoi qu'il arrive.
RADIO : Strasbourg. Décidément il se passe des choses dans l'Est ! Tout un noyau se démène pour faire partager sa passion, Nicolas, programmateur à RBS développe plusieurs émissions house, Stéphane alias DJ Tal Stef organise des soirées, sans oublier Jean-François notre correspondant ! RBS, radio associative, est une écurie de DJs : Lady Sio-B-Bop, Nicolas Trance, Jeff, David et lamine entre autres y officient. Bientôt 24h de mix ! Strasbourg, nouveau pôle house ?
Caen. « Faire la fête, pas la tête » telle est la devise de l'émission house sur Canal B animée par Stéphanie et Anne.le mardi de 20h à 21h30. Rave Line propose des nouveautés et des mix maisons : house !
FANZINE : Contactez Under One Sky le fanzine new-yorkais intermédiaire entre la scène rave américaine, sauf Côte Ouest, et l'Europe. Indispensable pour comprendre la scène techno new-yorkaise. U.O.S. : 2249 E21 Street APT 4F, Brooklyn, N.Y. 11229, États-Unis. Abonnement : 40 $
A DONF ! J'ai ouï dire qu'un groupe de break beat se formait. Enfin ! La house attire beaucoup de monde mais pas encore les keublas roots qui pourraient apporter un + non négligeable à la house française.
DE LIFO ! Le projet le + ouf de l'année est sûrement est celui qui se propose de commémorer la mémoire de Gilles de Rais à Nantes par une procession, un spectacle et une rave. Certes, la réhabilitation de cet illustre personnage risque d'aboutir, mais n'est-ce pas un peu ABUSE ?
VIX









AGENDA



RAVES :
HALLOWEEN +8 PARTY EVEN HEAVENS/MOVE OVER
31/10 DJs : Richie Hawtin, J. Acquaviva, Miss Djax Saskia, La Tortue, Freddy, PAs : F.U.S.E., CIRCUIT BREAKER, STATE OF MIND, CYBERSONIC, SPEEDY J, SYSEX
BEATATTITUDE 14/11 (Paris) DJs : Kid Paul, Paul van Dyk, Tim, invités
RAVE Ô TRANS 05/12 (Transmusicales de Rennes) DJs : Frankie Bones, Mad Mike, Trevor Fung, Lewis, DJ Pascal R, Jack, PAs : UNDERGROUND RESISTANCE, 808 STATE, THE ORB, PILLS, JUAN TRIP
RESPECT FOR FRANCE TOUR
DJs : Laurent Garnier, PAs : SHAZZ, LAURENT GARNIER, DEEPSIDE
10/11 (Paris) avec DJ Pascal R
14/11 Parc des Expositions (Toulouse)
20/11 Le Pym's (Rennes)
21/11 Le Boy (Rouen)
05/12 L'An-fer (Dijon)
12/12 Parc des Expositions (Strasbourg)

SOIRÉES
PSYCHIC
lun Central DJ : Brainwasher
VITAMINO mer Le Palace DJ :Tom
WAKE UP jeu Rex Club
22/10 Maurice Joshua
29/10 DJ Deep, Laurent Garnier
05/11 DJ Deep, Laurent Garnier
12/11 Ralphie (BASSHEADS), Laurent Garnier
19/11 Chris Mellow (COCO STEEL/Zap Club Brighton), Laurent Garnier
26/11 Lil' Louis, Laurent Garnier
03/12 TRANSMAT PARTY/Derrick May
LA MÉNAGERIE ven Elysées Marbeuf DJs : Candy Éric, Paul Amstrong
TRANSE EN DANCE ven Pigall's
ARENA sam Le Palace DJs : Phil Good, Érik Rug, Deep, Ayren
HOUSE PARTY 10/11 Salamandre (Strasbourg) DJs : Tal Stef, DJ Luca
¡OUCH?/8 BALL 12/11 Archy (Madrid) DJs : The Rhythm Dr., Evil-O, Serge "Therapy" Papo, visuels : Piers Wallace

ORGANISATEURS ENVOYEZ-NOUS VOS FLYERS !









OÙ TROUVER ÉDEN ?
PARIS :
Fnac Montparnasse
136, rue de Rennes
BPM 1, rue Keller
The Sound Factory 18, rue des Taillandiers
Champs Disques 84, Champs Elysées
LILLE
Boucherie Moderne
10, rue saint-Genois
STRASBOURG
Shaker Diffusion
5, rue Kageneck
MARSEILLE
Fnac
Centre Ccial Bourse
AIX-EN-PROVENCE
Fleshtone
1, rue Constantine
TOULOUSE
DJ Music
galerie Metro-J.Jaurés
BORDEAUX
Fnac
Centre Ccial St Christoly
LONDRES
Sound Source
14 Marmouth St. WC2
LAUSANNE
Tracqs
côte de Montbenon 5