eDEN
FANZINE HOUSE

CHÉRI J'AI RÉTRÉCI!
NUMÉRO5 MARS/AVRIL 93
10 FRANCS

DEUTSCHLAND? ACHTUNG!
UK? NORTHERN HOUSE
USA? LIL'LOUIS NYC
+ FRANCE QUI RAVE?

insupportable!









eDEN est édité par l'association COLLECTIF eDEN 171 rue Lafayette 75010 PARIS.
DIRECTION ARTISTIQUE : Michaël Amzalag @ M/M.COLLABORATEURS : Cécile Alizon, Jean-François Baum, Vincent Borel, Lucien Dracon, Adelaide Dugdale, Gitte, Jerry "Jay Rémi" Bouthier, Philippe Laugier, Sylvain "Le Gland" Legrand, Didier Lestrade, Christophe "Widowsky" Monier, Moose, Fabrice Oko-Osi, Serge "Therapy" Papo, Thierry Pilard, Psycho C, Nathalie Saphier, Spider. COORDINATION : Christophe Vix. PHOTOGRAPHES : Christophe Desmoulin, Nicolas Foucher. MERCI : A. Berbérian, Michel Cerdan, Éric Morand. IMPRIMERIE : Schaffer. (c) eDEN 1993 Reproduction interdite. PHOTO COUV : Nicolas Foucher.



PÉRIPÉTIES
Nº 5 Mars/Avril 93

ÉDITO/4
DEUTSCHLAND/6
92x5+93x1/36
LIL' LOUIS/42
NORTHERN HOUSE/50
M PEOPLE/58
NYC/62
QUI RAVE?/69
REACT2RHYTHM/75
MARQUES WYATT/77
SKEUDS/80
YOPLABOUM/87
FÊTES/91
DJs/93
AGENDA/98



La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n'engageant que leurs auteurs.









92x5 93X1 =

CHRISTOPHE "WIDOWSKY" MONIER (MUSICIEN)
5 POINTS MARQUANTS DE 92 :

1. établissement d'une vraie scène house française : musiciens, labels, fanzines
2. le mot techno est définitivement récupéré par les fans de EBM, new beat et autre hard beat
3. augmentation des tempos : breakbeat, jungle techno, gabber, transe, techno allemande, etc.
4. explosion de la scène allemande
5. sectarisation et fin du mélange
SOUHAIT POUR 93 :
plus de tolérance, plus de respect, plus d'amour.

OLIVIA GREENBERG (ÉTUDIANTE)
5 THINGS THAT MARKED LAST YEAR:

1. Death
2. Love
3. War
4. Confusion
5. Paris
HOPES FOR NEXT YEAR:
Peace, health, inspiration, sanity, a new era!









INTERVUE

LIL' LOUIS
L'Été dernier sortait Journey With The Lonely, 2e album de LIL' LOUIS & THE WORLD. Rapidement il fait l'unanimité : le chef-d'œuvre de la house. Fin 92, Lil' Louis est à Paris pour jouer à Wake Up! au Rex Club, entre 2 engagements en Italie et au Ministry Of Sound. Bien sûr, il est ravi que les gens aiment son album car il a mis 3 ans pour le faire, beaucoup de travail et de larmes. Il était attendu au tournant ; certains ne le connaissaient que pour un seul tube : French Kiss. Un 1er album, From The Mind Of Lil' Louis, avait été réalisé dans la foulée et l'urgence en 2 semaines. Il le trouve toujours bien aujourd'hui ; mais pour ce nouvel album, il s'est assuré tout le temps nécessaire. Notre homme a beaucoup mûri en tant que musicien et il a mis dedans ce qu'il ressent vraiment, « sans penser au chiffre de vente. » Pour prouver qu'il est aussi un réalisateur artistique digne de ce nom, il ne s'est pas limité aux claviers, aux sons synthétiques et aux effets à balles cent. 60 % de l'album est fait avec des instrus acoustiques : Lil' Louis engage des musiciens pour jouer les morceaux qu'il a écrits ; un vrai sax, un vrai trompettiste, un vrai percussionniste, et même un vrai batteur sur 2 titres. La plupart du temps, ce sont des pointures, des jazzmen. Lui-même, en plus de toute la programmation, joue du piano, des autres claviers et un peu de batterie et de percus. Pour enlever tout côté mécanique et synthétique aux rythmes programmés, Lil' Louis a utilisé de nombreux shuffles différents et a conservé quelques erreurs, quelques coups de percus, voire de grosse caisse, un peu en avance ou en retard. « Ca augmente le groove et le caractère humain. » Pour les soli de piano bien sentis, il fait appel à Anthony Wonsey, un des meilleurs claviers qu'on lui ait présentés. Certaines plages nécessitant une chanteuse, Lil' Louis a eu un long processus d'audition à travers les États-Unis et à Londres, avant de craquer sur Joi Cardwell à New York. Elle n'est pas une gueuleuse, elle chante sans agresser les gens à la différence de ce qu'on entend dans la plupart des morceaux. « Le marché a besoin de voix innocentes et angéliques. » On l'entend notamment sur Do You Love Me, peut-être le plus beau moment du disque. Le texte parle des rapports entre Lil' Louis et une femme avec qui il sortait à l'époque. Elle ne lui faisait pas confiance et créait ainsi sans arrêt des disputes, ce qu'il détestait car il tenait beaucoup à elle. Ca dégénéra jusqu'au moment où il dut la quitter. Un maxi de Do You Love Me est prévu avec une version plus longue incluant l'intégralité du sublime solo final de trompette et avec un Jazz Mix, avec scat. Juste après sur le CD se trouve You're My Reason, co-écrit avec les Anglais de BOILERHOUSE. Ceux-ci lui sont présentés par un A&R de Sony et lui font écouter ce titre. Il n'aime pas la musique qu'il trouve datée, mais les paroles le touchent vraiment. Il transforme radicalement ce qui lui déplaît et garde le reste ; les Anglais sont agréablement surpris, et le morceau se retrouve sur l'album. Sur tout le disque, les paroles sont soignées. Fait très rare dans ce style de musique, où les mots ne sont en général qu'un support pour la mélodie et le timbre du chanteur - le message est dans la musique. Là, il y a aussi un message dans les textes, relayés par les notes de pochettes. Il y a 3 ans, avant donc de commencer, il n'était pas vraiment adulte, enchaînant relations sur relations avec différentes femmes. Mais pendant la préparation de l'album, il se tient à l'écart de ce genre de vie et traverse une période de solitude. Il découvre ainsi des choses sur lui-même. « Se sentir seul n'est pas forcément négatif. Tout le monde a besoin d'un recul afin de mieux se connaître. » La solitude, les rapports homme-femme sont les thèmes abordés par Lil' Louis. Ce disque est vrai, il reflète sa personnalité.
Tout ce soin apporté à ses morceaux l'oppose aux préoccupations du show-biz où l'aspect commercial l'emporte trop sur l'aspect qualitatif ou musical. « J'en ai marre de la musique bubble gum à la MC HAMMER Adam's Groove... C'est vraiment de la merde mais ça vend parce que les gens n'ont rien d'autre à acheter. » Il met dans le même sac toute la scène mythique new-yorkaise, Strictly Rhythm, Nervous, etc. « Je les respecte pour le fait qu'ils ne travaillent pas dans l'illégalité ; ils ne vendent pas de drogue. Mais à part ça, ils n'aident pas la musique, ils la blessent. Tout pour eux n'est qu'une question de chiffre, d'argent. Ils se foutent de la qualité. » Lil' Louis reproche l'absence de relations particulières, de connivence, au sein des équipes créatrices, l'absence de passion chez ces gens. « C'est comme baiser, à la manière d'un chien. » Il a pourtant demandé un mix à DJ PIERRE pour le maxi de Club Lonely. Il a découvert ce dernier il y a longtemps et lui a donné son 1er gros engagement dans une rave à Chicago, alors qu'il n'avait joué jusqu'alors que dans de petites fêtes de banlieue. « J'avais noté son potentiel. Après avoir beaucoup expérimenté, il a trouvé son propre son il y a environ 1 an. J'ai été un peu déçu par son remix de Club Lonely. Il a eu une vision commerciale ce que je ne lui avais pas demandé. De ce point de vue, il a réussi mais je n'ai jamais joué sa version. DJ Pierre a du talent mais en ce moment il est barré dans une mauvaise direction. Ainsi on peut arriver vite, mais on repart tout aussi vite. » Lil' Louis ne veut pas compromettre son intégrité. Il se sent plus proche des musiciens des années 50 et 60 : MILES DAVIS, MARVIN GAYE, THE DOORS, LED ZEPPELIN. Ceux-là ont duré car ils avaient une personnalité, leur propre son, ne copiaient pas. Il ne voit pas 87 comme le commencement de la house mais comme le début de la fin. Il se fout des étiquettes house, garage, etc. Pour lui, il n'y a que de la musique de danse. Et il a pu voir son évolution depuis qu'il a débuté en tant que (très jeune) DJ en 74. Il pense qu'elle est sur la mauvaise pente et qu'elle n'a pas encore atteint le fond. « À l'époque, la musique était pure, on disait : "je vais aller dans ce club et je vais passer un bon moment." Aujourd'hui, il n'y a plus de passion. Il ne s'agit que de frime, de griffes, d'ego. » Les gens se perdent dans l'extasy et la violence techno. « C'est une manière bien contre-productive de combattre la crise. Les gens cherchent à satisfaire leurs envies du moment sans penser au long terme. » Idem les artistes. Le fait que French Kiss ait été repris 200 fois le désole, même si c'était bien pour son compte en banque. Dans les productions de maintenant, le rythme a pris trop d'importance ; la grosse caisse est trop forte, ce qui est idiot puisque de toute manière les systèmes dans les boîtes exagèrent les graves. On a perdu l'esprit de la mélodie, du chant. « Le beat ne veut rien dire. La musique doit avoir un sens. J'aime le bizarre, mais juste des bruits sur un tempo ultra-rapide, ce n'est pas suffisant pour avoir un sens. » Heureusement, quelques individualités se détachent du lot : ROBERT OWENS, FRANKIE KNUCKLES parfois, MK (Mark Kinchen qu'il connaît depuis 4 ans et qui « est sur le point de devenir un très grand »), PETER BLACK (qui a participé à Thief sur le disque), LARRY HEARD (qui avait collaboré au 1er album).
Lil' Louis a quitté Chicago il y a 2 ans pour s'installer quelques mois à Londres, puis à New York où il vit désormais. « Chicago est fini. Même s'il ne se passe rien à NY en ce moment, c'est définitivement l'endroit où tout peut et va arriver. » Il travaille en ce moment avec des artistes qu'il a signés sur son label Diamond Recordings. Il n'est plus DJ aux USA et préfère défricher des territoires vierges, relever des défis, en Italie par exemple. Il aime les longs sets pendant lesquels il fait voyager les danseurs, comme lorsqu'il jouait à Chicago. « De minuit à midi sans problème. Car que passer en 1h, le top 5 ? Dernière question : la house est-elle pour les happy people ? Non. C'est une musique très sombre. Les gens font croire en surface qu'ils sont heureux mais ils ne le sont pas. Ils essayent de se trouver et d'exprimer la liberté. Les gens qui sortent, qui aiment la dance sont différents, décalés, misfits of society. »
PAPO & WIDOWSKY









NYC AMBIANCES...

Comparatif Paris/NYC : beaucoup - triste, + sociable, - individualiste et masturbatoire, ++fun, ---bâton dans le cul, enfin assez gay et très exhibitionniste. Let's party !!!
AMBIANCES MUSICALES
1. Les DJs mélangent plus les styles : il est aujourd'hui courant de pouvoir écouter le mélange disco/funk/jazz/garage.
2. D'une façon générale, les DJs, comme Junior Vasquez, jouent plus longtemps les disques qu'en Europe. Un même mix peut être joué 10 minutes !
3. Retour du hip hop. À NY, la production house a tendance à se "désenrichir" pour laisser place au retour en force du hip hop. Exemples significatifs : Bottom Line, label garage, lance un nouveau label hip hop, de même que Nervous (et oui !).

CLUBS - MUSTS
MARDI :
JACKIE 60 (432 West 14th St. - $10 l'entrée). Resident DJ : DAVID MORALES. Voilà un club dément typiquement new-yorkais. Entrepôt sur 2 niveaux, d'une capacité totale de 400 p. environ, il accueille les noctambules les plus délires de la ville : bourré de folles, ambiance hyper-méga-FUN/HAPPY/SEX (sans tourner pour autant au porno), exhibitionnisme à fond, concours de strip-tease, bar staff constitué que de folles, très peu de lumière, très deep underground, billard en bas. Musique : Garage, mélangé à de vieux morceaux disco. À éviter pour âmes sensibles. Le tout Paris devrait s'y rendre pour quelques leçons...
MERCREDI :
SOUND FACTORY BAR (21st St. - entre 5 et 6th Ave.). Resident DJ : LOUIE VEGA. Musique mortellement gé-niale : mélange house-disco-funk avec concert et strip-tease. Comme au Jackie 60, ambiance très Happy (d'ailleurs il y a peu d'E), tout le monde délire. Clientèle plus black qu'ailleurs. À noter qu'il y a également une petite salle en bas qui joue du funk/disco quand Vega joue house en haut, et inversement.
VENDREDI :
SOUND FACTORY BAR Resident DJ : FRANKIE KNUCKLES. Y aller au moins pour Frankie. Ambiance assez "normale", très gay. Bonne musique.
SYBARITE (76 Wooster St.). Superbe salle de concert de jazz au look plus qu'original. Arrivez vers 23h car le DJ qui joue jusqu'à 1h est MOR-TEL : rare groove très lent, assez hypnotique, bref complètement évasion. Génial.
SAMEDI :
SOUND FACTORY (542 West 27th St.). S'il y a un MUST sur la planète Terre, c'est bien celui-là. Atout nº1 : un son de la plus haute qualité : les mid et trebles aussi incisifs que les basses. De plus, ils se sont arrangés pour que le son ne rebondisse pas dans tous les sens dans cet immense entrepôt qui peut contenir jusqu'à 3000 p. Bref le bass drum est bien saillant. Resident DJ : JUNIOR VASQUEZ. Parfois fou (passages tribal sur 3 platines) parfois plus normal (garage deep) mais toujours bien fait. Clientèle 80 % gay. Le club ferme ses portes à Midi le dimanche et 6am-midi sont les heures les plus intéressantes, aussi bien au niveau musique (plus musical, quel pied avec un son pareil), qu'au niveau gens (ils se lâchent assez tard : strip-teases, délires en tout genre à la NY). Quant au Ministry of Sound londonien, vous comprendrez bien qu'il n'est ni plus ni moins qu'une pâle imitation du Sound Factory.

CLUBS - WHY NOT...
JEUDI :
GIANT STEP au Metropolis (Union Square). Soirée acid jazz avec des lives saxo/flûte/bass/batterie du groupe Giant Step, par-dessus des disques rare groove. Pas mal.
SAMEDI :
TILT (adresse : appeler 212 730 7160). Les fans du fameux label Nervous Records y trouveront leur compte. Chaque samedi, un DJ différent (parfois des gros gabarits comme Roger S. !) ayant de près ou de loin participé à la production Nervous.

RAVE HOT-LINE
(212) 330 8233 (demander Scotto).
PAPO









QUi RAVE?

LES RAVES EXPLIQUÉES AU BABY BOOMERS
De quoi s'agit-il ? Vous avez peut-être entendu parler de cérémonies illégales de consommateurs d'extasy, entendu des sons bizarres un jour de dérèglement de votre FM (Nova, FG ou NRJ - mais très tard la nuit), ou au moins leurs avatars commerciaux sur une pub TV pour une compilation techno. Peut-être avez-vous décrypté un flyer ? Bref, vous savez que les raves sont nées dans le milieu des années 80 en Angleterre, qu'elles furent interdites par Thatcher et qu'elles sont généralement associées à la consommation d'extasy. Ici s'arrête la définition clinique du phénomène telle que la connaît l'opinion. Il serait inutile d'en savoir davantage si cela se tenait dans les limites évoquées. On peut aussi clore le débat à la manière des rock-critiques, en décrétant que « de toute façon, c'est juste un truc pour prendre la dernière drogue à la mode ». Cette explication est un peu courte, car la house persiste et intrigue.
ELLE S'ÉTEND : sa présence "statistique" est incontestable. Elle investit les charts UK, elle déplace des dizaines de milliers de fidèles à travers l'Europe : la Belgique, l'Italie, l'Allemagne prennent le relais. ELLE INFLUENCE les autres musiques (Moby remixe en techno Michael Jackson !), elle investit l'environnement sonore des 15-20 ans, elle atteint les banlieues blanches après avoir conquis les leaders du bon goût, elle s'installe dans les clubs, les fêtes ; elle passe des alliances souterraines avec Sega et Nintendo. Ses signes extérieurs se répandent dans la société (chaussures Fila, smart-drinks) ou s'y dissolvent (la totoche des 10-15 ans est un dérivé des sucettes bourrées de vitamines mâchonnées par les ravers anglais en 88 !). ELLE INTRIGUE ET AFFOLE : l'assimilation expéditive rave = extasy révèle un malaise évident des gardiens de la culture rock officielle. C'est un moyen commode de ne pas voir les premiers signes d'une perte de contact avec une culture étrangère et plus jeune. Cet argument est imbécile : les Beatles sont-ils des vendeurs de LSD de banlieue ? ; le Rock : combien d'overdoses avant de parvenir au statut de culture officielle ? Tout mouvement musical a eu, a et aura parmi ses attributs une assimilation avec la drogue de ses origines (l'époque ou l'endroit). Autant de soudaine ignorance traduit bien la frayeur des baby boomers face à leur inéluctable perte de pouvoir idéologique.
LA HOUSE EST D'ABORD UN MOUVEMENT MUSICAL SIGNIFICATIF. Comme tout mouvement musical vivant, il se préoccupe peu d'analyser ses origines pourtant évidentes et lointaines (électronique, soul, disco, pop). Sa diversité, son histoire propre sont déjà riches de chapelles : ainsi la techno, composante majeure et structurante, se décline-t-elle de Detroit à Leeds, de Rotterdam à Rimini, en se chargeant d'énergie batave, de voix de paradis, de sucreries gospel, ou d'une pureté électronique toute... britannique. Il vous faudrait écouter, mais cela ne sera pas suffisant, car les styles musicaux constituent la manifestation d'un mouvement plus profond.
PARLONS DU SENS : ces jeunes gens qui se cachent pour sourire ensemble révèlent tout simplement la recherche tribale d'un mode de penser et de vivre. Rien de bien nouveau, direz-vous : la mécanique sociologique est classique : une génération, une utopie, une musique, une façon de se vêtir ou de s'estourbir. Là encore, des composantes sont apparemment familières : des traces de baba-coolisme (peace, tout le monde s'aime), un relent de new age, des symptômes de religiosité. Vous trouverez même étrange que ces jeunes gens n'aient aucun discours cohérent pour emballer ces "vieilles lunes". Mais ne vous y trompez pas : si les ravers ne parlent pas, ce n'est pas parce que ce sont des abrutis précoces. C'est parce que LEUR IDÉOLOGIE N'EST PAS CONQUÉRANTE. ELLE EST CONTAGIEUSE. Ils vous diront « moins de mots, plus de rythme » (aucun rapport, donc, avec les verbiages du rap) et ce sourire sera la réponse la plus cohérente qu'ils pourront vous faire : et c'est bien ce sourire tolérant et heureux qui frappe immédiatement le "touriste" fraîchement débarqué dans une rave. Ils ne peuvent même pas vous proposer d'écouter un disque, car ils savent que l'initiation s'opère dans la nuit, dans les milliers de sautillement, les mains levées, les sifflets, etc.
Les ravers restent donc DISCRETS et polis, alors qu'ils célèbrent des retrouvailles telluriques. ILS SE DÉBROUILLENT. Ils préservent leur monde fragile et veulent construire leurs valeurs en paix : ils quêtent L'ÉNERGIE, celle qui est nécessaire pour danser une dizaine d'heures, la TOLÉRANCE qui a tant manqué à votre jeunesse sectaire. Ils établissent une cohérence tribale, fondée sur la recherche du plaisir et de la transe : pourriez-vous leur reprocher de chercher leur voie vers le plaisir, quand le premier amour peut être mortel ? Soyez donc rassurés, les ravers ne vous menacent pas ; comment d'ailleurs désirer tuer des pères si fragiles, ou s'affronter à des valeurs qui se sont déjà écroulées ? C'est parce qu'ils redoutent votre morosité blasée qu'ils se cachent la nuit pour sourire entre eux. Par contre, les ravers exigent le RESPECT ; car leur mouvement est respectable : c'est une tentative autonome et sincère de bricoler le mode de vie et de penser du futur. Bien sûr, ce phénomène peut disparaître soudainement - par récupération maladroite ou par agressivité extérieure (il ne sera jamais du côté de l'ordre moral ou de la violence raciste). Le mouvement rave est simplement une alchimie tonique, optimise et positive. C'est rare. Il vous accueillera. Avec plaisir - peace for your body, for your mind, for your soul.
PSYCHO C









SKEUDS



Comme le dernier eDEN date de novembre dernier, le nombre de CD dont il faudrait que je vous parle est phénoménal, et comme la place et le temps me manquent (le courage aussi), en voici une présentation rapide et désordonnée.



CD COMPILS :

CONSIDER THIS "A Dancefloor Collective" (Pow Wow/US) :
La bonne surprise de la période. Compil deep d'inédits de, entre autres, Pal Joey (SOHO), Yvonne Turner, Tommy Musto, Roland Clarke (URBAN SOUL), DEE DEE BRAVE, Larry Rauson, Towa Tei (DEEE-LITE), ULTRA NATÉ, Ronald Burrell, Lisa Lee, Roger Sanchez... Que du très beau monde.

STR PRESENTS THE HOUSE & JAZZ HOUSE COMPILATION "Back To Nature" (STR/N) :
La 2e bonne surprise. le titre est explicite, les morceaux sont 10 BPM plus rapides que ceux des compils américaines du même style, c'est hollandais et c'est excellent (particulièrement TFX Con-Fusion, B.P. JOHNSON I Believe In The Power Of Love, TECHNO GROOVES S-Cape et THIS SIDE UP Glider, etc.).

NERVOUS RECORDS "New York Compilation" (React/UK) :
Très attendue, la 1re compil Nervous, sortie en Angleterre. C'est très bien fait, de très bon goût, avec une tendance à utiliser des samples vocaux rabâchés. Le choix des titres aurait pu être mieux.

GROOVES FROM THE UNDERGROUND (Houze Factory-SPM/B) :
Compil belge de morceaux américains, canadiens, anglais, italiens, (et aucun Belge). Manque d'unité mais vaut le coup pour SYNDICATE 305 I Promise et pour les 2 Ed The Red : SECRET LOVERS Do Me Right (aussi présent sur la compil Bottom Line) et PASSION IN FASHION You Make Me Wanna Make Love.

THE BOTTOM LINE (Esoteric/UK) :
Jazzman russe exilé à New York, marié à l'américaine Nancy Kay, Ed The Red s'est fait remarqué par les DJs aventureux (comme Papo - ex-Therapy - en France) grâce à ses compositions aux accords recherchés et aux soli jazz funk (voir sur ce double CD le superbe FLOW Another Time co-écrit avec Nancy Kay) sortis sur son label Bottom Line, dont voici la 1re compil (anglaise encore une fois). Mais depuis quelque temps, il semble s'orienter vers un garage de facture tout à fait classique et moins intéressant (la majeure partie des 2 CD dont se distingue le SECRET LOVERS susmentionné).

TUNES FROM THE CHOCOLATE BOX "A Wonka CD Compilation (Wonka/B) :
Encore une autre de ces compils très attendues, cette fois-ci de la célèbre marque belge de percussions. 1er reproche : trop courte, que 7 titres, 39'16". 2e reproche : mauvais choix des titres qui sont plus de la nourriture pour DJ que destinés à être écoutés sur la longueur et 1 seul SERENDIPITY (Something I Feel) au lieu de tous. Par contre on a droit à un joli livret supplémentaire à la luxueuse maquette (et noté "this booklet is a Wonka release...", le syndrome Factory ?) permettant de commander tout le merchandising Wonka et d'autres sous-labels de U.S.A. Import Records...

FROM OUR MIND TO YOURS "Vol. 2" (Plus 8/Canada) :
Compil de +8 qui ne cache plus maintenant ses origines canadiennes (pas de logo Made In Detroit), suite d'un 1er volume sorti mi-91 chez Champion. Entre temps, le label s'est solidement implanté en Europe et, pour tenir compagnie au hollandais SPEEDY J présent ici avec l'ambient Spikkels (et mon morceau préféré du CD), a signé de nouveaux artistes du continent (V-ROOM, l'insupportable SYSEX, chacun sur ce disque). L'ensemble se prend très au sérieux avec beaucoup de petits bleeps, de nappes et de TR808/909 biens dans la ligne du parti.

PULSATING RHYTHMS "Volume 3" (Pulse 8/UK) : (inédit)
3e compil de Pulse 8, label qui a découvert ROZALLA ; à ne pas confondre évidemment avec Plus 8.

ITALIAN HARD BEATS (Trance Mission-Antler-Subway/B) :
Même série que la géniale Italian Cool Beats dont vous parle Vix ailleurs dans ces pages. Là, il ne s'agit pas du tout du même style : le titre est absolument explicite...
WIDOWSKY

ITALIAN COOL BEATS (Trance Mission-Antler-Subway/B) :
Pour les pauvres cloches qui s'émeuvent sur la deep italienne sans arriver à la connaître, cette compilation tombe à pic. On y trouve DON CARLOS dont je vous recommande l'insondable Alone (IRMA/US), Ricky Montanari sous le pseudo d'OMNIVERSE et de RIVIERA TRAXX (qui est venu jouer au Chat Bleu à Bordeaux et à La Ménagerie), MR. MARVIN et Cuando Brilla La Luna de MORENAS, le morceau le plus tribaaal que je connaisse. Tribal, vous avez dit tribal ? L'extrémisme de Riccione, centre-club italien, passe quand même à travers cette compil belge, une fois n'est pas coutume, avec ses boîtes conçues comme des péplums à la Cécil B. Demille et ses milliers de danseurs.

TEKNO NOSTRUM (Rave Age/F) :
"Ce n'est pas une compilation, c'est un échantillonnage." Manu Casana, le directeur du label, insiste pour qu'on n'assimile pas Tekno Nostrum aux autres compilations de house française. R.A.R. est le seul label indépendant techno en France, fondé il y a 3 ans à une époque où Rave Age était aussi le nom de la 1re grande organisation de raves (Fort de Champigny, Collège arménien...), l'histoire de ce label se trouve sur ce sampler : 15 titres de gens plus ou moins inconnus mais en tout cas authentiques dans leur démarche. 12 formations de gens qui se consacrent ardemment à cette musique avec plus ou moins de bonheur, l'intégralité est plutôt hardbeat avec parfois un petit penchant breakbeat, en un mot techno. Quelques formations méritent notre attention. PILLS qui est vraiment une bonne découverte et qui fit une bonne prestation aux Transmusicales de Rennes, où R.A.R. a organisé la soirée de clôture. I FLY et ELECTROTÊTE sont 2 signatures plus anciennes et ont entamé déjà une bonne carrière internationale. Cependant aucun de ces trois groupes ne nous a gâtés, les morceaux proposés datent un peu, et je ne parle pas des autres. Mais Tekno Nostrum est plein d'humanité et supporte l'action de Greenpeace et d'Act Up ; alors techno, musique sans message ?
VIX



CD ALBUMS :

POLYGON WINDOW "Surfing On Sine Waves" (Warp/UK) :
D'après les notes de pochette, c'est le 2e disque de la série Artificial Intelligence. Le 1er est bien sûr la compil du même nom, sur laquelle on trouvait déjà le 1er morceau de cet album-ci (vous me suivez ?). Ambient techno imaginative. Mais encore une fois, ça ne rigole pas. Ca ne danse pas plus d'ailleurs.

UNITED FREQUENCIES OF TRANCE "Volume One" (MFS/D) :
Ça a l'aspect d'une compil mais ça n'en est pas une. C'est plutôt un album 4 (longs) titres de Dominic Woosey alias NEUTRON 9000 avec quelques collaborations allemandes. Ambient donc.

COSMIC BABY "Stellar Supreme" (MFS/D) :
Très réputé pour ses apparitions scéniques dans les raves, voici le 1er album de ce musicien allemand. Très long (77'05"), très ambient, un peu techno.
WIDOWSKY

JESUS JONES "Perverse" (Food-EMI/UK) :
Pourquoi parler de rock dans une chronique de techno ? Quand Ian, le clavier, mixe de la poing-poing techno avant le concert, il est permis de se poser des questions. Non pas qu'ils fassent de la dance, c'est un peu difficile sur leur musique noisy-trash, mais comme ils intègrent la techno dans leur façon de travailler et qu'ils ne crachent pas dessus, ils en font partie. Fusion ? Fusion des genres, Primal Scream s'est déjà aventuré sur ce terrain et le nouvel album de Martha Wash, produit par Todd Terry, part du même principe : une programmation qui vient s'ajouter à des instruments acoustiques (vous savez, les "vrais" instruments). Peut-être est-ce là un phénomène important.
VIX



CD MAXIS : (inédit)

LUNATIC ASYLUM "Techno Sucks Volume 1" (Fnac/F) :
Ne vous fiez pas au titre, il s'agit de techno rapide avec une petite pointe à 160 BPM pour Gobots.

PILLS "Air EP" (Rave Age/F) :
1er vrai CD maxi de PILLS attendu depuis longtemps. 4 titres dont Read My Lips, leur tube, et The Rave, présent aussi sur la compil Tekno Nostrum.

SUBURBAN KNIGHT "The Art Of Stalking (Deepside Remixes)" (Fnac/F) :
Sortie à la fois chez Fnac et chez Transmat du remix par le français Ludovic Navarre de DEEPSIDE de ce classique techno de Detroit.
WIDOWSKY



MAXIS VINYLS :

WAVE "Enjoy Life" (Eight Ball/US) :
Les labels new-yorkais s'ouvrent à l'Europe, l'année dernière Strictly Rhythm a fait un carton avec Give Me du suisse DJAIMIN et il est tentant de renouveler la chose. Fruit de la collaboration du Rhythm Dr., DJ anglais bien connu, et de Philippe Lussan, français installé à Londres, Enjoy Life vous touche avec sa mélodie mélancolique.

RIVIÉRA TRAXX "Volume 2" (Antima/I) :
C'est le genre de morceau qui met en transe les pistes de danse de Riccione de manière tribale (et oui !) et qui vous pousse dans les tréfonds de votre inconscient. Hypnotique groove avec des lignes de basse mortelles qui soulèvent le sol en vagues amoureuses ce 2e volume ouvre les portes ; celles qui vous amènent ailleurs. Le tout est produit par Ricky Montanari, et mixé en collaboration avec Flavio Vecchi ; les 2 sont venus jouer à La Ménagerie en janvier.
VIX

CARLENE DAVIS Dial My Number (Geestreet/UK), NOVECENTO Day And Night (Baby/I), MR FINGERS What About This Love (MCA/UK), LIL' LOUIS Saved My Life (Epic/US), MADONNA Erotica (Maverick/US) : (inédit)
Sans le nom de Morales sur la pochette de ce CDM, personne sans doute ne l'aurait écouté. Qui est CARLENE DAVIS ? On ne sait, mais la conjonction de 3 facteurs fait de cette chansonnette raggamuffisante et plutôt banale un objet désuet et même émouvant : la photo de la pochette intérieure (Carlene au téléphone, le torse plat) ; un refrain simple ("You can dial my number/Any all time/You don't need a reason/Any all season will be fine") qui fait de Carlene la dernière représentante en date - après Cocteau, Rossellini et Demy - de l'internationale des femmes éplorées dont la vie tout entière est suspendue par l'attente d'un coup de fil ; la production de Morales bien sûr, dont les 3 versions sont peu, mais de manière essentielle, différentes des versions originales (ajout d'un petit continuum de piano associé à 2 contrepoints de cuivres et de discrètes nappes de synthé).
Sort sur Baby Records (le label de RONDO VENEZIANO et de feu KAREN CHERYL) un CD single étonnant qui montre une fois de plus la capacité extraordinaire qu'ont les producteurs - ici en la personne de David Morales - de rendre écoutables et belles les chansons les plus nulles. Je défie quiconque d'écouter en entier la Radio Version ; et le Club Mix, dont l'intro est empruntée au remix de Morales (les notes de pochette l'indiquent !), est une énième resucée - en pire - d'ENIGMA. Le Morales Mix transforme du sous FLEETWOOD MAC (pour les vocalises et le texte "Tropical flowers there/Butterflies in the air/I can see the land of love") en une sorte de marche moyenâgeuse naïve, insouciante et bucolique qui se marie étrangement bien avec le style un peu hiératique de Morales, dont toutes les marques sont ici présentes (grappes de piano, intermède au xylophone, et puis les nappes...). La Def Version est un dub complémentaire assez rêche et même rachitique si l'on fait exception de cette intro merveilleuse où notre simili soprano italienne susurre avec un accent et une conviction ravissants : "You showed me the way to this place with tropical flowers/I'll never be the same again/Thinking of him day and night ever since that time".
Les Masters At Work remixent et "reconstruisent" à tour de bras. Parmi la pléthore de singles qui portent, ce mois-ci, leur estampille, 3 ont ceci de commun qu'ils sont les morceaux les plus joyeux de l'année, de ceux que l'on écoute au réveil et qui dispensent toute la journée durant une allégresse gratuite, légère et profonde. L'original de What About This Love est l'un des titres les plus intimistes et les plus tristes, avec Survivor, de l'album de MR FINGERS. Les Masters At Work décomposent la phrase mélodique "What about this love" en 3 unités tonales dont les répétitions et l'agencement donnent naissance à une harmonie vocale joyeuse qui devient quasiment angélique lorsque, à la 3e minute, une fois l'enchaînement traditionnel couplet-pont-refrain achevé, le titre devient une sorte de dub alternant les séries atones de "this" (ou "dis" de "disregard") à celles, chantées, du "What about" et du "luuuuuuv" conclusif et aérien.
La version originale d'Erotica, overproduite par Shep Pettibone, joue sur la tension entre un refrain minimaliste de comptine et une production luxuriante, avec basse énorme et rentrée, souffle de vinyl, vocalisations orientalisantes et arabesques métalliques et stridentes. Sur les Underground Club Mix et Masters At Work Dub, "Little" Louis Vega et Kenny "Dope" Gonzalez abandonnent cette quincaillerie érotique et sombre et reconstruisent le titre selon ce que l'on ne doit pas craindre d'appeler une méthode : suppression préalable de tous les artifices - faire le vide comme le signifient les souffles de décompression de l'introduction - et mise à plat de la partition vocale dont les strates entrent progressivement en scène, s'ajoutent ou se substituent les unes aux autres, créant un "feuilletage" vocal allègre, merveilleux et pour tout dire jouissif, si bien que l'on se retrouve, l'écoutant, stupide et souriant. Parmi toutes ces strates, l'utilisation du sample de l'intro du mix de C.J. Mackintosh du Best Things In Life Are Free de LUTHER VANDROSS et JANET JACKSON, ainsi que les variations d'intervalles entre 2 "erotic" sont particulièrement géniales. Aucune trace de joie - ni d'inspiration d'ailleurs - dans les autres remix des Masters At Work qui ne font que rendre, sur un rythme hip hop, l'ambiance d'Erotica moins violente et plus introspective. Et doit-on réellement parler du bidouillage insignifiant de William Orbit sur le WO 12' ?
Enfin, sur le CD single de Saved My Life de LIL' LOUIS, côtoyant aussi bien l'ennuyeux (Hip Hop Adventure Mix) que le beau (cf. le Vintage Mix dû à James Preston), perle d'allégresse, le Tres Amigos de "Little" Louis Vega et Kenny "Dope" Gonzalez. Il existe au moins 4 raisons impérieuses d'acheter ce disque : 1- être littéralement ravi par le constat que l'on peut rendre encore plus beau un morceau déjà beau ; 2- être littéralement ravi par l'introduction (un choeur pop à la SUPREMES et un rythme élastique) ; 3- être littéralement ravi par les minutes 3'21 à 4'38 pendant lesquelles des nappes de synthé reprennent en l'amplifiant la mélodie, laquelle est ponctuée par un "music" à intervalles variables ; 4- être littéralement ravi par la fin du morceau, véritable clausule où progressivement les harmonies s'effacent, laissant libre cour à la tristesse qui semble devoir toujours succéder à la joie.
PHILIPPE LAUGIER









YOP LA BOUM !



"HARDCORE techno is great but, so is ragga, piano, trance & even straight forward house. Don't be afraid to broaden your horizons. Finally, respect to everyone who's sincere, we don't need any more techno mercenaries. Stop fighting & start smiling." lettre de MOBY à Under One Sky nº 7, 10/92.

ALPHABET, c'est fini. Jay Rémi continue OCB avec Tom, son frère DJ. Un EP doit sortir prochainement chez New Rose. Tous 2 feront aussi des prods et des remix sous le nom de Tom & Jerry. Ils font partie avec une autre équipe, Bertrand & Pascal, de la branche remixeurs que monte le DMC France, et qui propose leurs services aux maisons de disques françaises.
WIDOWSKY









COURRIER



PAS GLOP !
Pas glop du tout les pseudo-journalistes du pourtant sympathique (il faut rester honnête) eDEN. Il est évident que la critique est facile, surtout quand on ne s'investit pas soi-même pour essayer d'apporter un peu de couleur aux nuits parisiennes ; quand on "casse" les autres les yeux fermés sans même savoir... N'avez-vous pas écrit dans les colonnes de votre 2e parution que les raves étaient en danger suite à une répression des forces de l'ordre ? Nous aurions dû faire notre soirée à Méru dans l'Oise. La salle était superbe, nous avions plus de déco qu'il n'en faut pour l'égayer ; assez de son pour la sonoriser et trop de lights pour l'illuminer... Mais voilà, nous avons eu, au dernier moment (comme par hasard) une interdiction préfectorale. Alors, quelques jours avant, nous avons trouvé (Luc Bertagnol a trouvé - rendons à César ce qui appartient à César, surtout que sur cette soirée, c'est bien la seule chose qui lui appartient) cette somptueuse warehouse. Nous avons mis le maximum de nous-mêmes pour tenter de lui apporter quelque chose, pour tenter de la rendre agréable et nous avons eu à peine 2 jours pour le faire, étant limités par le temps et par des budgets qui nous effrayaient déjà. Nous avons concentré la fête sur 2000 m2 ne pouvant pas investir les 10000 m2 proposés car nous avions décidé d'aller jusqu'au bout alors que d'autres auraient abandonné face à une montagne de problèmes et de délations. Les artistes annoncés étaient là encore une fois et Beltram qui était attendu s'est enfin produit. Il était important de tenir cette promesse et nous l'avons tenue. Les 2 pannes connues ont été l'œuvre de gens qui se sont pris les pieds dans les câbles... Mais c'est aussi ça l'esprit d'une rave : l'imprévu. Vous n'étiez pas, chers amis, à un concert de MICHAEL JACKSON et nous avions volontairement laissé l'accès au backstage libre ; pour que les gens puissent côtoyer les artistes. Une de ces personnes qui les a côtoyés en a profité pour s'intéresser aux câbles... Et alors ? MOBY s'est mis à hurler et a réveillé le public... FREE !
Votre problème, c'est que vous attachez trop d'importance à tout ; que vous ne voyez que par les raves enfer et trop carrées telles que les organisent les Anglais. Vous parlez de feeling mais vous n'en avez pas vous-même. Vous arrivez comme les Hitler de la house, des raves, alors que vous avez une culture (?) club. Vous voulez vous charger d'orienter les gens sur un territoire que vous ne maîtrisez pas vous-même. Vous prenez la grosse tête sous prétexte que vous écrivez dans un petit fanzine qui répond au nom d'eDEN. Vous pensez tout connaître mais vous ne connaissez pas grand-chose. Le 31 octobre, nous avons eu les mêmes problèmes et nous avons finalement fait jouer l'équipe de Plus 8 dans une discothèque après 48 heures de combat avec les autorités. Et vous, soi-disant journalistes et intéressés par la house, vous n'êtes même pas venus écouter ces artistes qui faisaient leur 1re apparition en France. Pas plus que vous avez écouté Ralphie Dee au Rex Club tant vous étiez occupés à vendre votre fanzine et à compter vos sous. Aimez-vous réellement ce dont vous parlez ? En ce qui me concerne, je suis un passionné et me battre pour ne recueillir que des critiques de la part de gens qui se permettent d'intervenir comme arbitre alors qu'ils ne connaissent pas me dégoûte. Il est évident que des gens comme vous tuent la house plutôt que la font vivre. Mais soyez heureux, il n'y aura plus de fêtes Even Heavens. Vous ne viendrez plus nous emmerder dans nos raves. Mais, si on suit votre raisonnement égocentrique, c'est une bonne chose pour tout le monde...
FRÉDÉRICK GITEAU
Even Heavens

HI !
Although I can read hardly no french, I love your mag. Hope you like Under One Sky #8. I'd like to print a French scene report -direct from eDEN. You can mail it to me or, better, fax. Also I'm doing a special on the music of 1992. So if any of your DJs would like to submit a top 10 of 1992. Maybe even write a report about the French music of 1992 & the direction it might take in 1993. (...) Hope to hear from you looking forward to the next eDEN ! Peace out ! (...) Peace from B'klyn.
HEATHER LOTRUGLIO
2249 E. 21 St., Brooklyn NY 11229 USA

CHER E.DEN
(...) Mr X nous écrit amicalement et nous demande si "il se passe des choses à Lyon". Nous serions tentés de répondre : "il n'y a que la quenelle du Verdoie et le guignol qui poudroie." Le milieu lyonnais n'est pourtant pas inexistant puisque j'ai réussi à m'incruster dans ce "milieu". On peut déjà signaler qu'il n'y a pas de rave à Lyon. C'est dit. Ensuite tout tourne autour d'une émission de radio, Tech-line, qui diffuse tous les samedis soirs de 18h à 20h sur Radio Brume 90,2 MHz. La 1re heure est consacrée à l'EBM, la 2e à la rave. Ils ont, de plus, organisé 1 bus qui est monté à Paris pour la rave Spasmes (by Fantom) (c'était très bon : avis personnel). Comme quoi ça essaye de se bouger le cul. Dommage que les 50 voyageurs lyonnais n'aient pas tous apprécié. 2e pôle lyonnais : 1 magasin de disques techno-rave qui porte le doux nom de Galaxy Import ; créé par Laurent, un Belge (faut pas rêver, c'est pas un Lyonnais). L'adresse : 6, rue Burdeau 69000 Lyon. Ceci dit arrêtons de critiquer, une rave se préparerait pour la fin de l'année (dingue, non ?). Et surtout, sous l'impulsion de Tech-line, il semble se créer 1 embryon de structure, ou plutôt de volonté commune pour créer des raves à Lyon. (...) Ceci dit je suis toulousain, et je connais plus en profondeur le milieu occitan.
So, part II. Toulouse, petite ville du sud de la France, bouge plus que Lyon, surtout en ce moment. Je, moi-même, nous faisons parti d'une émission de radio, diffusée sur Radio FMR (89 MHz), qui porte le nom de Rave-Age (on s'est déjà signalé à Manu et a priori il n'en à rien à péter puisqu'il ne nous a pas répondu) et ce, de 22h à 23h30. Tous les samedis je parle du front techno-rave de part le vaste monde, car rien ne m'est inconnu, ma vision est extra large, je suis beau et bon et c'est pour ça que je suis DIEU. À Toulouse l'influence techno-rave est un croisement étrange de techno venant d'Espagne et de techno descendant de Londres. Les 1res soirées rave eurent lieu mi-1990 ; voici une liste, peu exhaustive. Les Technorock : d'inspiration espagnole et allemande ; l'ambiance était chaude et les horaires espagnols. Une fois le monde est arrivé vers 5h du mat. Le DJ (Alex) est parti depuis en Espagne où il a monté 1 pub. Les Subsonic : DJ Yohm ; 1res raves d'inspiration anglaise où le look comptait plus que le délire et se terminaient plutôt tôt, vers 6h. DJ Yohm a fait d'autres soirées, la fameuse Casimir Rave (laissant tomber du même coup les Subsonic). Sorti de derrière les fagots, DJ X et DJ'Ark ont fait la fusion des genres avec la soirée Techno-acid : techno allemande et espagnole pour DJ'Ark et acid anglaise et beneluxienne pour DJ X. Cette soirée fut 1 délire monumental et donna lieu à la création des Interzone qui se déroulent tous les 15 jours en moyenne depuis la rentrée (92) avec, pour marquer le coup le 12 septembre, 1 rave en plein air (Outland) avec un record battu, près de 700 personnes. Sur cette rentrée, on peut aussi signaler le groupe Magnum Production (des Parisiens) qui a déjà monté 2 raves à Toulouse et compte bien s'incruster dans le paysage toulousain. Autrement, le 14 novembre devrait venir Laurent Garnier ; j'y serais, Toulouse sera là : ON JUGERA.
Voilà, faut que j'aille bosser. Conclusion : pas de "rave Coca-Cola". Underground résistance. MERDE ! Je vous aime. Ne faites pas de bêtises. GROS BISOUS.
(...) Mais je vous ai pas encore tout dit. Je suis venu à Lyon pour continuer mes études en licence de sociologie. Vous pensez sans doute n'en avoir rien à foutre. Mais là où ça devient intéressant, c'est qu'à Lyon on peut faire un mémoire sur à peu près tout. J'ai donc décidé d'étudier sociologiquement l'apparition du phénomène rave en France et de produire donc en fin d'année une petite étude sous forme de mémoire. Si vous pouviez m'apporter des informations sur le début des raves à Paris, j'en serais ravi. (...) Si je pouvais faire un entretien avec 1 ou plusieurs ravers du début, ça serait vraiment génial. Je pourrais ainsi faire la comparaison entre 3 villes différentes, où le mouvement en est lui aussi à 3 étapes différentes. Paris : mouvement semble-t-il bien développé, Toulouse : mouvement en pleine expansion et Lyon : mouvement à l'état embryonnaire. Répondez-moi vite. CIAO !
JÉRÔME
Vénissieux 29/10/92









FÊTES



RENNES 5 DÉCEMBRE 1992 (inédit)
Clôturer les Transmusicales par une rave équivaut à dérouler le tapis rouge à un genre qui n'en demandait pas tant. Tant mieux en tout cas car tous les gens présents ont pu apprécier la qualité des concerts et de l'espace-son. 808 State a carrément fait péter les plombs, on a même eu droit à un petit solo de trompette des dieux, Pills a bien assuré, bon début pour ce groupe qui monte, qui monte... Le clou de la soirée fut offert par Underground Resistance qui me surprit profondément. "Ca c'est du spectacle" doit-on dire dans les chaumières rennaises... Ils nous ont concocté un petit show rap version techno hardcore, Mad tchatchait dans le micro, et un peu comme Johnny qui déclamait "je t'attends" 117 fois, il a dû insulter la salle une bonne centaine de fois. Bon esprit ! Quant à la star DJ de la soirée, Frankie Bones est un bon gars, son p'tit frérot aussi d'ailleurs, mais ils devraient plutôt tenir une pizzeria, ça leur conviendrait mieux !









DJs



PLAYLISTS

RICHARD SIMPSON The Listening Booth, The Exchange, Gallery, Arcadia (Leeds) :
MR. PEACH Get Up (Olympia)
DATA BASIC People Don't You Feel? (Groovy Beat)
FLIPPED OUT Bass Stab (Ark)
VOID No Stoppin' (Orcana Remix) (Void)
LAURENT GARNIER Stronger By Design (FNAC)
SOLAR PLEXUS Submerged (Entity)
DEE PATTEN Who's The Badman (Hard Hands)
THE ORANGE Afrika Dawn (Radikal)
U.S.U.R.A. Open Your Mind (DeConstruction)
DANCE 2 TRANCE P.A.N. (Suck Me Plasma)









INSUPPORTABLE (inédit)

LA VIOLENCE : TÊTE DE MORT
Pourquoi parler de violence dans un journal consacré à la house ? Cela semble totalement antinomique et pourtant de nombreux exemples montrent que la violence est bien présente. Parlons d'abord des fous, ils sont partout et toujours où on ne le veut pas... Ainsi un halluciné dont je tais le nom m'a agressé, c'est souvent ainsi : les gens idiots ne se servent pas de leur tête mais de leurs mains au risque de se ridiculiser. Ainsi soit-il.
Quel est le rapport entre un match de foot et une rave ? Aucun ! C'était sans compter avec les supporters qui font les pires ravers, bien bourrins et foncedés comme il faut. Que les raves françaises ne ressemblent pas à celles d'Angleterre et d'Italie.

FUCK UNDERGROUND
Pourquoi faire bien quand on peut faire underground. Les soirées du Rex illustrent bien la difficulté de plaire aux parisiens. Ainsi Wake Up! a proposé en un minimum de temps un maximum de célébrités, et pas des moindres quand on connaît la difficulté d'attirer les Américains dans notre pays. Cependant ces soirées vont finir, faute de reconnaissance suffisante et faute d'entrées suffisantes, le public préférant entrer gratis dans une autre soirée que d'écouter Lil' Louis ou Derrick May, un comble ! Mais ce n'est pas tout, l'échec de cette soirée est aussi l'échec de ceux qui veulent proposer des prestations de qualité. Moralité il vaut mieux vendre de la dope (mauvaise au passage) et organiser des fêtes au son pourri, au moins on est reconnu comme un personnage super underground !

DÉNONCIATION
La dénonciation serait-elle devenue le nouveau sport national ? Les coups bas fusent de toute part, principalement des vieux renards de la nuit qui pensent résoudre leur problème de clientèle ainsi. Il n'en sera rien, les justes se retrouveront toujours, idem pour ceux qui privilégient la musique et l'ambiance. Au palmarès, je peux citer Le Rêve du 31/12/91 et la Pulse8 Party du 31/10/92, bravo !

GORE
Les raves évoluent plus vite qu'on ne le pense, elles ont été tellement loin qu'elles reculent à vitesse grand V. Est ce que ce sont des raves ? Avec un carton aussi effrayant et une programmation quasi bruitiste on pourrait croire à une commémoration indus ou à une messe noire.

RÉCUP
Rave = house techno + lieu original + gens + accessoires de fête
Alors pourquoi des épiciers mongolitos ont cru organiser des raves dans des boîtes ? Une rave aux Bains, quel chic ! Et ce n'est pas tout, quand NRJ commence à s'intéresser à la techno, on peut avoir très peur. Le problème de la récup est que c'est souvent mal fait, n'est ce pas ? À différencier de la vulgarisation qui n'est pas synonyme de merde, on peut proposer au maximum de gens un produit de qualité ; mais n'oublions pas une chose fondamentale : il y aura toujours des gens pour protester.