eDEN
FANZINE HOUSE
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LAST BUT NOT LEAST
NUMÉRO8 AUTOMNE 96
eDEN est édité par l'association COLLECTIF eDEN 5-7, rue des Récollets 75010 PARIS.
COMITÉ DE RÉDACTION : Christophe "Widowsky" Monier, Christophe Vix. CONCEPTION GRAPHIQUE : Michaël Amzalag @ M/M, Paris. COLLABORATEURS : David Blot, DJ Deep, Julien Guichard, Sven Hansen-Løve, George Issakidis, Liquid Lava, Henri Maurel, Benjamin Morando, Serge Nicolas, Serge "Therapy" Papo, Le Professeur Diabolique, Clare Ursenbach.
Imprimerie spéciale. Dépôt légal à parution. (c) eDEN 1994-1996 Reproduction interdite.
SOMMAIRE
Nº 8 Automne 96LA COMPIL/
ÉDITO/
INTERVUE/
TRIBUNES/
SKEUDS/
BRÊVES/
PLAYLISTS/
La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n'engageant que leurs auteurs.
eDEN8CD LA COMPILATION HOUSE STYLÉE 75'30" POUR DANSER
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01 MOTORBASS "HERBALIFE (EDIT POUR EDEN)" 8'14 | Tous sons par E2C - Z pour Motorbass Paris. 1994 Falk Music |
02 RIVIERA SPLASH "I LOVE PARIS (PORT ROYAL MIX)" 8'11 | Composé et réalisé par Tom & Jerry Bouthier. Avec l'aimable autorisation de Stress Records. Ingénieur du son : Serge Glanzberg. Claviers additionnels : Julien Agazar. Dédié à la mémoire de Gérard Rioual. 1994 Stress Records/Continental Disques |
03 IMPULSION "I LIKE MUSIQ (EDEN TAKE)" 7'13 | Composé, réalisé et programmé par DJ Pascal R et Christophe Monier. Mixé par Christophe Monier. 1994 Loaded |
04 THE MICRONAUTS "GET FUNKY GET DOWN (EDEN TAKE)" 6'59 | Composé, programmé et mixé par Christophe Monier. Réalisé par George Issakidis et Christophe Monier. Voix : Clare & George. 1994 Phono |
05 DAFT PUNK "ALIVE (EDEN FULL LENGTH EDIT)" 6'10 | Composé et réalisé par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. Enregistré à Daft Punk Sound, Noël 93. Avec l'aimable autorisation de Soma Recordings. 1994 Soma Recordings |
06 PATRICK VIDAL Présente DISCOTIQUE "VIDA... LIFE!" 3'41 | Écrit par Patrick Vidal. Composé et réalisé par Patrick Vidal et Christophe Monier. Programmé et mixé par Christophe Monier. Voix : Patrick Vidal. Guitare : Christophe Bormans. Ingénieur du son : Claude Sacre. 1991-1994 Discotique |
07 THE LOVE TRIBE "LE VENT DES DOUZE ÉTOILES" 6'00 | Composé et réalisé par Philippe Lovéna et The Rhythm Dr. 1994 Mama Records |
08 DIGITAL KINKI "WHATEVER YOU FEEL (EDEN MIX)" 6'24 | Composé par Médéric Nébinger et Thierry Criscione. Réalisé et programmé par Médéric Nébinger. Mixé et monté par Christopher/Immense Paris II London. 1994 Pumpking Records |
09 ÉRIK RUG Presents THE WAXGROOVE ANTHEM "KEEP YOU IN MY HEART (EDEN MIX)" 5'54 | Composé, réalisé et programmé par Érik Rug. 1994 Érik Rug/The Micronauts |
10 NATURE "AWAY (ULTIME)" 9'14 | Composé, réalisé, programmé et mixé par Christophe Monier. Ingénieur du son : Éric Chedeville. Avec l'aimable autorisation de Azuli Records. 1994 Nature/Éric Chedeville |
11 DIMITRI Presents LA FRENCH TOUCH Featuring C-LINE "PAUSE DE L'AMOUR" 7'42 | Composé, réalisé et mixé par Dimitri From Paris. Ingénieur du son : Bibi Fricotin. 1994 La French House Of Entertainment |COORDINATION Christophe "Widowsky" Monier | MERCI Gérard Giraud & Jacques Ménant @ Média 7 | Nick @ Stress | all @ Loaded | Chris @ Phono | all @ Soma | Nick Fiorucci @ Toronto Underground/Hi-Bias | David Piccioni @ Azuli | Éric Chedeville & Pumpking | George Issakidis | Didier Lestrade | Vincent Borel | Michel Cerdan | Martine @ Libé | Nova, FG, RBS | et tous les collaborateurs de eDEN | CONCEPTION GRAPHIQUE Michaël Amzalag @ M/M (Paris) | PHOTO lovely Maria Gil (recto) | Tom Bouthier (verso) | COMPILATION (c) 1996 EDEN 5-7, rue des Récollets 75010 Paris | fax : (33-1) 40 36 17 26
ÉDITO
C'EST FINI !
Mai 1992, nous étions les premiers à nous exprimer en France sur ce que nous pensions être la culture house. Aujourd'hui, 4 ans après, notre périodicité erratique totalement assumée nous donne l'occasion de s'adresser à vous une dernière fois à travers ce médium unique. eDEN fut le témoin écrit d'une nation house balbutiante et cosmopolite, que nous envisagions alors comme alternative à un système déliquescent. Quelques années plus tard, c'est-à-dire aujourd'hui, nous assistons passivement à la contamination de la société par nos codes. Notre hypothétique et prétendue culture est désormais un outil de marketing utilisé massivement par les industries. Sony a vendu sa Playstation aux ex-ravers et exploite un sillon où s'engouffrent, en vrac, le cinéma, la télévision, la mode, l'agroalimentaire, la Volkswagen Sharan et nous-mêmes, nourris au biberon du consumérisme béat : I like to move it. La prétendue nation house s'est depuis convertie aux joies du libéralisme : les labels indépendants sont devenus des petites majors aux grosses ambitions, les DJs sont managés par des agences exactement comme le sont Linda, Naomi ou Kate, et nous, perdus, totalement immatures, nous demandons bien quel rôle nous pouvons encore jouer. Reconsidérer notre position nous amène donc à conclure l'histoire d'eDEN sous cette forme par un hara-kiri raffiné, au son de la COMPILATION HOUSE STYLÉE, collection de personnalités musicales atypiques auxquelles nous sommes attachés. Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux, usant de moyens inédits, nous continuerons à répandre le contrepoison partout où il le faudra, que ce soit avec des mots, des images ou des sons, mais en tous les cas définitivement pas sur internet, ou en cherchant bien vous pourrez trouver les articles de nos précédents numéros, preuve sans matérialité de notre existence révolue.
MICHAËL AMZALAG
COMPIL1
MOTORBASS
« PHILIPPE, COMMENT S'EST FORMÉ MOTORBASS ?
Je travaille dans la musique à la base, ça a un peu démarré de cette manière. Je suis ingénieur du son en free-lance, spécialisé dans le hip hop, et aussi dans toutes les musiques pour faire bouger les gens : funk, jazz... Je bossais au studio et il y a un gars qui est arrivé pour être assistant, Étienne (2e membre de MOTORBASS). Au début on ne cherchait pas à faire de morceaux. À l'époque, je travaillais sur MC SOLAAR avec Boom Bass (2e membre de LA FUNK MOB). Lui faisait des morceaux, je n'étais qu'ingénieur du son. Avec Étienne on est allé dans une fête house/techno et on a vraiment bien aimé. Au bout de 3 mois on a décidé de faire des morceaux. Pour moi c'était un moyen de comprendre les samplers, tous ces trucs-là. À la base je viens donc plutôt du hip hop, et Étienne du rock et d'autres trucs... J'ai acheté une platine et des disques. Étienne et moi on habite ensemble ; et à l'époque on vivait dans un grand appart qu'on partageait à 4 ou 5, il y avait toujours un grand va-et-vient. C'était une période géniale. J'ai acheté un sampler au bout d'un mois, et le premier MOTORBASS est sorti au bout de 2 mois (sur notre label). Il s'est vendu à 500 exemplaires puis on en a retiré 1300. Le 2e, Transphunk, est aussi sorti sur UMM et en tout on en a vendu quelque chose comme 4300 exemplaires. Le 3e est prêt depuis 1 an mais on bosse tellement tout les 2 qu'on n'a pas le temps de s'en occuper. Et depuis il y a eu des nouveaux morceaux.
ET COMMENT S'EST FORMÉE LA FUNK MOB ?
Hubert, le type avec qui je travaille tout le temps au studio, a apporté une maquette un jour. Je lui ai dit qu'il devrait la mettre sur vinyl, avec le même système que la house, en boucle, un truc qui tourne pendant des heures pour faire tripper les gens. J'étais sûr que ça marcherait. On s'est branché alors avec un type de Mo Wax et on a constitué un groupe tous les 2 : LA FUNK MOB. On a sorti un double vinyl chez Mo Wax donc, puis un autre double est sorti avec des remix de CARL CRAIG, Richie Hawtin, et NIGHTMARES ON WAX. Ça a très bien marché. On a vendu tous les stocks, et ça nous a ouvert une porte en Angleterre. Je connaissais des magasins à Londres comme Fat Cat. Ils ont découvert qu'il y avait un public très jeune qui appréciait en même temps le hip hop et la house, et je pense d'ailleurs que c'est aussi ce qui est en train de se passer en France. La scène hip hop à Paris n'aime pas la house en général. Ouais, ils n'aiment pas du tout ça. J'ai plein d'amis à qui je cache que je fais MOTORBASS. Enfin je ne le cache pas, mais je ne le dis pas. Mais il y a quand même Jimmy Jay qui scratche sur un morceau ; c'était une bonne expérience. Certains peuvent peut-être s'ouvrir. Mais ils ne sont jamais rentrés dedans. Ils ont vraiment un a priori. C'est une musique vide pour eux. Mais la génération suivante aura moins d'a priori. Elle ne ratera jamais ça. Je ne parle pas de la frange hardcore qui n'ira jamais écouter de la house. Pour eux c'est une musique d'homos ou de boîte, vide. Mais le hip hop (pourtant j'adore ça) a aussi vraiment des côtés qui me font rigoler. Mais dans les 2 il y a des trucs à prendre, intéressants à faire.
QUELLES SONT VOS OUVERTURES À L'ÉTRANGER MAINTENANT ?
On a vendu en Angleterre, en Allemagne, aux States, en Italie, en Belgique, en Hollande. Et on reçoit aussi des fax du Japon de types qui ont réussi à se procurer le MOTORBASS là-bas. Je reçois aussi souvent des fax de types qui aimeraient le sortir sur leur label. On va sûrement sortir un maxi sur Planet E de CARL CRAIG. J'adore ce qu'il fait. On s'est eu au téléphone au moment du remix. Il est devenu fou sur le morceau où Jimmy Jay scratche. Il va donc sortir sur Planet E avec un remix de lui ainsi que LA FUNK MOB/Get Funked Up, qui a été remixé par Richie Hawtin. En ce moment on prépare des morceaux de hip hop dérangés, encore plus dingues que LA FUNK MOB, presque acid.
EST-CE QUE C'EST DANS L'ESPRIT TRIP HOP, CETTE MOUVANCE EN ANGLETERRE, COMME LES DUST BROTHERS ?
Peut-être dans la démarche. Prendre des éléments de house et des éléments de hip hop. James Lavelle de Mo Wax est pour beaucoup dans ce succès. Il y a des trucs bien et des trucs moins bien évidemment. Il faut peut-être aller plus loin, mettre des voix par exemple.
EN HIP HOP QUE FAIS-TU ACTUELLEMENT ?
Je travaille sur 3 albums ; je viens d'en finir 2, on part les graver à New-York. Il y a LES SAGES POÈTES DE LA RUE, c'est du free-style avec 3 rappers, très dissonants avec des sons de jazz, et DÉMOCRATE D, du très bon hardcore. Et puis MELAAZ que je réalise ; c'est son album, elle chante et elle rappe avec beaucoup de beau monde. Et je travaille toujours avec Solaar et des petits groupes. Avec LA FUNK MOB on a remixé BOMB THE BASS et je suis en train de remixer pour Ninja Tune.
COMMENT TRAVAILLEZ-VOUS ?
Un échantillonneur, un ordinateur et voilà. Je n'utilise plus tous les vieux synthés que j'avais achetés à l'époque. On faisait alors avec les mêmes choses que tout le monde. En fait avec des samples tu peux faire des trucs vraiment originaux : l'horizon s'est ouvert d'un coup. Je ne sample pas des disques de house. Je sample des trucs sur des disques de jazz, soul et j'utilise aussi des disques de beats.
QUELS SONT VOS PROJETS EN HOUSE ?
Un autre label, la Chatte rouge, avec des morceaux bizarres, branchés sexe. Et une réunion MOTORBASS/LA FUNK MOB : MAFIABASS, du hip hop hypnotique. Enfin un double maxi de MOTORBASS. »
SVEN HANSEN-LØVE & SERGE NICOLAS
COMPIL2
RIVIERA SPLASH/TOM & JERRY BOUTHIER
Si Tom & Jerry Bouthier font partie des DJs les plus confirmés de la scène house hexagonale, leur présence dans les clubs français reste discrète. Et pour cause ; ils ont pris la fâcheuse habitude d'aller distiller leur cocktail de house inventive dans les plus grands clubs anglais. Frères de son, frères de sang, et frères pour de vrai ; la consanguinité leur permet de travailler dans un climat de confiance, de franchise, et de complicité. Il suffit de les voir jouer. Pendant que Tom mixe, Jerry observe les réactions du public, telle une 3e oreille mobile et attentive. Quand on les rencontre, c'est Jerry qui parle tandis que Tom ocèbe. Récemment encore, ce sont des boîtes anglaises qui ont pu apprécier leur house fraternelle. Or, comme si cette désertion ne nous suffisait pas, ils ont sorti 2 maxis sous le nom de RIVIERA SPLASH sur Stress, un label anglais affilié à DMC. Anti-chauvinisme primaire ? Tom et Jerry s'expliquent : « nous travaillons avec l'Angleterre depuis longtemps... Nous étions déjà en contact avec des clubs et des labels alors qu'aucune structure house n'existait en France. Nous sommes des gens fidèles, voila tout. » C'est donc en import qu'on trouve I Love Paris, un double maxi qui tire son nom d'un sample d'Audrey Hepburn. Le duo prolifique ne signe pas moins de 9 mix. Évidemment, une question chatouille. Qui fait quoi ? Jerry hausse les épaules : « En studio, il n'est plus vraiment possible de discerner ce que fait l'un de ce que fait l'autre. » L'inspiration, elle, semble visiter nos 2 compères. Une inspiration qui puise sa source dans une conception ouverte et mature de la house : « pour nous, l'essence de la house est l'idée de mélange, de brassage. Pendant un set, nous pouvons passer du hip hop, de la transe, de la deep. C'est ce brassage de multiples influences qui fait la vitalité d'un set, comme celle d'un disque. » Les 2 galettes offrent un parcours fléché parisien qui oscille entre transe, progressive, et house classique avec une dextérité étonnante. La rive droite (Stalingrad, Pigalle, Rivoli, ...) offre un périple parmi les transes enflammées : « Barbès, Stalingrad, la rive droite a un côté plus direct, plus festif et plus populaire. La rive gauche par contre est plus bourgeoise, plus élitiste. » Et les Odéon, Alésia et Montparnasse Mix de délivrer une house sereine, élaborée, s'offrant même les services de Mutch Love, alias Ricardo Da Force, ex-rapper de KLF. Quant au 9e mix, il descend tout droit du ciel. Joliment dénommé Port Royal Mix, il se trouve en exclu dans votre fanzine chéri. Quant au chat et à la souris, ils descendent quelquefois de leur nuage britannique pour atterrir dans la capitale du prêt-à-porter. Aussi, si vous les croisez au hasard de la piste de danse, n'ayez pas la fâcheuse audace de leur demander dans quel mix ils se reconnaissent le mieux. Tous les 2 adorent Paris, et habitent vers le Châtelet.
JULIEN GUICHARD
COMPIL3
IMPULSION/THE MICRONAUTS/NATURE
Fresh, groovy and diverse, ou comment définir en 3 mots l'esprit des 3 morceaux réalisés par la fine équipe composée de DJ Pascal R, George Issakidis et Christophe "Widowsky" Monier. De l'acidifié MICRONAUTS aux samples « clin d'œil » d'IMPULSION, en passant par les vibrations atmosphériques de NATURE, ces 3 titres reflètent autant de facettes de la house music actuelle.
Composé de Pascal R, DJ parisien connu de longue date, et de Christophe Monier, IMPULSION est un véritable croisement des inspirations des 2 compositeurs au background très éclectique. Uplifting et trippant, une bombe qui explose sur les pistes de danse. Christophe : « Nos influences communes sont la house music, en ce moment plutôt disco pour Pascal. Mais IMPULSION représente en quelque sorte une alchimie de notre amour de la house anglaise et américaine, du groove en général. Notre 1er maxi en tant qu'IMPULSION, c'était début 92 sur Fnac : « Higher » repris ensuite sur la compil « Respect For France ». D'autre part, un EP 4 titres est sorti en avril 1995 sur Loaded. Nous avons aussi remixé Trippin On Sunshine de PIZZAMAN ; c'est sur la version vinyl de leur album et sur un maxi. Enfin, le 3e disque d'IMPULSION sort en octobre 96 sur Loaded »
Pascal nous retrace les débuts de I Like Musiq : « En rentrant d'une fête, j'avais envie de faire un morceau dub et j'ai composé une ligne de basse. Quand Christophe m'a dit : « j'adore le dub, mais si on faisait de la house ? » Une introduction en matière apparemment simple, sauf qu'au final ça n'a plus rien à voir !
C. : En fait Pascal représente le côté DJ. Il voit les morceaux à travers le plaisir qu'on peut avoir à danser dessus, les structures qui permettent aux DJs de jouer le morceau.
P. : On voulait que ça soit funky ; la base c'est le groove. »
Le mot est lancé et pour une fois, c'est fondé...
Get Funky Get Down par THE MICRONAUTS se situe tout à fait dans la lignée des meilleurs morceaux acid house de Chicago et des productions de DJ PIERRE : nos 2 amis (Christophe Monier et Georges Issakidis) s'en sont donnés à cœur joie aux manettes de leur TB-303 quelque peu trafiquée. Soutenu par des rythmiques bien kickin' (-yeees !), on ne tarde pas à se laisser bercer par ce flot harmonique.
George : « Ce morceau est très mental. On a cherché à créer une vague, une sorte de progression où l'acid arrive, se répand au milieu des danseurs, et repart. C'est un voyage intérieur, une sorte de cocon.
Christophe : Par rapport à l'acid old school, notre son a évolué vers plus de saturation notamment au niveau des basses. Aujourd'hui les morceaux house sonnent plus « mental » ce qui est peut-être dû à l'influence de la techno, à son assimilation. Même les sons garage sont devenus très durs, les pieds tapent plus fort. Salir et saturer davantage les sons n'est plus perçu comme une chose négative. Ce sont des tendances que l'on retrouve dans THE MICRONAUTS. »
(Le 1er maxi de THE MICRONAUTS est sorti en novembre 95 sur Loaded, avec 2 longs morceaux de trip house : The Jazz et The Jam. A suivi en janvier 96, sur Phono, un maxi avec 2 mix de Get Funky Get Down - dont un Daft Punk Remix - et un nouveau morceau en face B)
Last but not least, Christophe Monier, sous le pseudo NATURE, décline son groove en solo avec Away (Ultime). Un morceau que l'on pourrait qualifier d'exotique, comme la couleur de tous ces échantillons « ambient » (animaux, forêt et autres éléments naturels), et construit en 3 parties.
« Tout démarre à partir de percus et de samples d'oiseaux, l'ensemble se met en place très progressivement. C'est un morceau + musical, peut-être moins destiné aux pistes de danse, une sorte d'utopie où je me suis laissé complètement aller. Par rapport au double maxi que j'ai sorti fin 93 sur Dark Records (label londonien), j'ai atteint une maturité technique suffisante pour m'exprimer comme je le désire. »
Une belle pièce où le son est constamment nourri par des bruits, des instruments, des nappes enchanteresses qui font décoller. Un cocktail savamment orchestré, une véritable histoire au pays d'Alice qui tient en 2 mots : very catchy ! (Un maxi de NATURE est sorti en novembre 95 sur Tran-Azuli, avec 4 mix inédits de Away)
LIQUID LAVA
COMPIL4
DAFT PUNK
« QUI SONT LES DAFT PUNK ?
C'est Guy-Manuel et moi (Thomas).
EX-GROUPE DE ROCK ?
Ouais, on ne veut plus en entendre parler.
COMMENT S'EST FORMÉ DAFT PUNK ?
On a rencontré les types de Soma/SLAM en tant que DJs à la fête à Eurodisney. On leur a fait écouter des morceaux par l'intermédiaire d'un ami, lui aussi DJ, Serge Nicolas, qui nous a présentés. Ils ont trouvé ça bien. Après c'est sorti sur leur label Soma en avril 94. On les a rencontrés en septembre. Ça faisait un an que j'avais acheté du matériel. Ça faisait relativement longtemps que Guy-Manuel et moi savions ce que nous voulions faire. Mais on a passé au moins un an à glander avec nos machines.
VOUS AIMIEZ CETTE MUSIQUE DEPUIS VRAIMENT LONGTEMPS ?
J'aimais des trucs acid house, et aussi S-EXPRESS, BOMB THE BASS, French Kiss, mais on n'était pas encore branché à fond là-dessus.
COMMENT TRAVAILLEZ-VOUS EN GÉNÉRAL ?
Les machines, c'est moi qui m'en occupe. Guy-Manuel vient, reste assis à se fumer une clope, je triture les boutons. On discute ensemble les bons sons, ce qu'il faut mettre, c'est vraiment un truc qu'on fait à 2. Mais c'est vrai qu'au niveau programmation c'est moi qui fais marcher les machines. C'est par ailleurs un choix à 2 à chaque fois.
QUELLE EST L'HISTOIRE DU MAXI THE NEW WAVE ?
Les morceaux sont un peu techno, mais un peu bizarres aussi. Les mecs de Soma l'ont sorti mais ils avaient un peu peur des réactions parce qu'il n'y avait pas beaucoup de précommandes, d'habitude ils en ont 2500. Il s'est avéré que finalement sur Soma il s'est vendu à 3000 exemplaires parce qu'il y a eu beaucoup de repressages. Il est sorti aussi sur plusieurs compils et à notre grande surprise en licence sur le label italien UMM qui est pas vraiment techno. On était très content de la sortie sur UMM, je ne sais pas combien ils en ont vendu.
QUELLES SONT VOS INFLUENCES ET QUELLE EST L'IDÉE QUE VOUS AVEZ D'UNE BONNE TECHNO ?
On écoute vraiment plein de musiques différentes. Le rock on n'en écoute plus vraiment, on écoute beaucoup de rap, etc. Au niveau de la techno et de la house, j'ai une nette préférence pour les trucs américains, les trucs minimaux, Chicago. Dancemania est sûrement notre label préféré. On adore DJ PIERRE, Armani, FELIX DA HOUSECAT, Richie Hawtin, CARL CRAIG, JEFF MILLS, MAURIZIO, BASIC CHANNEL, DAVE CLARKE. Pour nous le truc principal pour une bonne techno c'est que ça fasse bouger, danser. Notre feeling est vraiment plus physique qu'émotionnel, ou mental style Intelligent Techno. La house ça joue toujours par analogies, mais il faut aussi toujours un élément qui foire un peu, original, bizarre, avec le reste plus commun. Ou alors un concept. On est dans la musique minimale, parce que c'est ce qui rend le mieux en club, pour mixer, etc.
LA SUITE ?
Il y a le maxi qui est sorti en mars sur Soma (Da Funk/Rollin' & Scratchin'). Nous avons aussi l'intention de faire un label en France aussi, et de sortir plein de maxis en 96. Maintenant on sait vraiment ce qu'on veut faire. Il y aura des collaborations avec Soma aussi.
VOUS ÊTES AUSSI DJs...
Mixer c'est cool, c'est un bon divertissement. »
SVEN HANSEN-LØVE
COMPIL5
PATRICK VIDAL
« D'OÙ VIENT LE CHOIX DE « VIDA... LIFE! » SUR LA COMPIL ?
La décision vient de l'équipe du journal. J'aurais bien aimé mettre un morceau ambient « C'est une chanson violente » mais j'aime aussi le morceau qui a été choisi. Il est tiré d'une série de maquettes enregistrées en 91-92, dont les inspirations sont assez différentes : dub, house, garage, trash.
QUELLE EST L'IDÉE DIRECTRICE DE CES MAQUETTES, QUI POURRAIENT CONSTITUER UN ALBUM ?
Revisiter à ma manière toutes les musiques que j'aime, et éviter surtout la chanson au format classique (donc casser les structures des chansons). J'ai aussi cherché à créer une opposition quasi-systématique de violence et de calme.
TU AS UN PARCOURS MUSICAL TRÈS ANTICONFORMISTE. À L'ÉPOQUE DE MARIE ET LES GARÇONS VOUS AVIEZ ENREGISTRÉ UN ALBUM DISCO, CE QUI ÉTAIT TRÈS PROVOCATEUR. MAINTENANT QUE LE GARAGE ET LA DISCO SONT EN PLEIN ESSOR, TU SEMBLES REVENIR À UN ÉTAT D'ESPRIT ASSEZ ROCK. PEUX-TU EXPLIQUER CES CHOIX ?
L'album disco de MARIE ET LES GARÇONS était effectivement à l'époque une provocation, mais j'écoute depuis toujours de la musique black. Ce fut pour nous l'expérience de faire une musique noire et dansante tout en étant blanc, faire cette musique sans être né dans le Bronx ou le New Jersey. J'écoute toujours des musiques soul, gospel, disco et garage maintenant. Par ailleurs lorsque je me retrouve en position de musicien, là, les influences sont plus variées et j'utilise des musiques d'horizons très divers. Le travail est radicalement différent de celui de DJ quand je compose : je préfère faire quelque chose de plus personnel plutôt que de reprendre simplement ce que j'écoute en house. Je conçois cette musique aussi en terme d'image, en fonction de la scène, de tout le travail que je peux faire après.
IL Y A DANS CES NOUVEAUX MORCEAUX UN ÉTAT D'ESPRIT TRÈS PARTICULIER, ASSEZ COSMOPOLITE (PLUSIEURS LANGUES SONT UTILISÉES, DONT LE FRANÇAIS). ES-TU PARTI D'UNE IDÉE DE DÉPART, OU AS-TU CONSTRUIT UNE ATMOSPHÈRE AU FUR ET À MESURE DE TES COMPOSITIONS ?
L'idée de départ était de faire très courts avec une seule ligne de texte. Les textes sont assez intimes, jetés à la face des gens, qui vont certainement plus me découvrir dans cette forme d'expression qu'au cours d'un set de DJ. Mais j'envisage les choses un peu de la même manière quand je suis DJ : c'est une manière de guider les gens vers toi, il faut en permanence renouveler, faire découvrir de nouvelles choses.
OÙ EN ES-TU AU NIVEAU DE TES PROJETS MUSICAUX ?
Je compte à nouveau démarcher tout cela. Pour le moment, le problème c'est que j'utilise trop les techniques de la house pour un public classiquement rock, et que l'esprit n'est pas assez dance pour le milieu dance. On va rajouter des morceaux, vraisemblablement plus house. Mais faire des morceaux totalement instrumentaux ne m'intéresse pas, j'aime les mots. Et par ailleurs j'aime autant les voix parlées comme LAURIE ANDERSON que les voix très chantées comme celle d'INDIA, ou du SOUND OF BLACKNESS.
POURRAIS-TU NOUS PARLER MAINTENANT DE TON ACTIVITÉ DE DJ ?
J'ai toujours été un DJ de club, au début funk/groove, puis Acid jazz/garage (Power Station, Lili la tigresse). J'adore mixer pendant 6 heures, remplir la piste et faire redescendre petit à petit ; c'est assez magique comme sensation.
QUE PENSES-TU DE LA SCÈNE PARISIENNE ?
C'est toujours ce problème de culture, culture qui fait défaut ; il n'y a pas de racine house noire ici. Puis il y a trop de contraintes d'argent dans les soirées, et de problèmes avec la préfecture de police. Pour la plupart des gens d'ici, le garage n'est qu'une musique à la mode de plus, en attendant la prochaine. »
SVEN HANSEN-LØVE
COMPIL6
THE LOVE TRIBE
On vous les avait présentés en avant-première dans eDEN nº 3-4, Philippe Lovéna et Chris "The Rhythm Dr." font de la musique. Celui-ci est DJ, joue de la house, et celui-là danse pendant que son camarade est aux fourneaux qui tournent. Soit The Rhythm Dr., qui était punk, a fondé les 3A (Artists Against Apartheid) avec Jerry Dammers des SPECIALS, joue des disques depuis 15 ans ; il a pratiquement tout vu et tout entendu, ce qui ne l'empêche pas d'être toujours curieux. Soit Philippe, qui vient de France, a fait du classique, du jazz et du rock, et n'écoute pas de house à la maison. Le Rhythm Dr. apporte les parties rythmiques, les sons et le style général, alors que Philippe travaille plutôt les mélodies, les accords et les prises acoustiques. Ils réussissent à se faire connaître dès leur 1er maxi, sorti sur Eight Ball en décembre 92 sous le nom de WAVE (Enjoy Life), suivi d'un 2e en décembre 94 (Thoughts Of You) et d'un CD regroupant les deux disques en mars 94. Parallèlement, ils constituent Mama Records pour donner un corps et un nom à leurs autoproductions. Les vinyls se succèdent (8 à ce jour : THE LOVE TRIBE/Garden Of Delights EP, Together EP, Sundance EP et Together Remix EP, BOM-BOM/Crazy World EP, BATAMANIA/The Paradiso EP et The Afrodisiac EP, NATURE BOYS/The drummer EP) et les projets deviennent plus ambitieux. « Nous voudrions aussi faire des albums qui ne seraient pas seulement house mais plus mélangés. Cela ne sera possible que lorsque nous aurons les moyens de faire des CD ; les distributeurs de disques vinyls n'étant pas intéressés par autre chose que la house, car c'est ce qu'ils savent vendre » affirme Philippe.
Le morceau de la compil eDEN, Le Vent des douze étoiles, a été composé et réalisé en un seul jet il y a 2 ans, avec l'idée de faire un morceau plus techno. Faute d'avoir d'autres morceaux dans le même style, ils ne l'ont jamais sorti ; même si le test « in vivo » un soir au Gardening Club a eu un franc succès auprès du public. Leurs disques sonnent plutôt deep, voire transe, ça cogne parfois ; mais il y a toujours de la « musique » et de l'air. Au début de l'année, ils ont remixé MARIA NAYLOR, une production de A MAN CALLED ADAM sur Other ; ce qui leur permettra d'être présents sur un des meilleurs labels de house en Angleterre. Petit échange de bon procédé, A MAN CALLED ADAM a travaillé sur le Mama nº 006 (un remix de THE LOVE TRIBE/Together, sorti en février 95). Petit à petit, Le Rhythm Dr. et Philippe multiplient les disques, les coproductions avec d'autres labels. Mais ils ne travaillent pas vraiment avec d'autres musiciens et DJs, comme le font ceux qui, peut-être, manquent d'idée...
Le Rhythm Dr. joue dans pas mal de soirées et de raves : Feel Real (au Gardening Club), Ministry Of Sound, Energy 94... Avec ROBERT OWENS, il a organisé et joué à la soirée « Fusion », qui avait lieu le vendredi au Rock Garden (à Covent Garden/Londres). The Rhythm Dr. a un style plutôt hardhouse, dont il a laissé un bon souvenir à la Yes Party, au Queen et au Palace, avec, il ne faut pas l'oublier, Evil-O. Cette dernière chante (sur Enjoy Life et Thoughts Of You), accompagne Chris aux platines (et sur l'oreiller), et compte parmi les meilleures DJs féminins de Londres.
VIX & WIDOWSKY
Contact : Mama Records 0171 370 5124
COMPIL7
DIGITAL KINKI
Il y a DIGITAL, et il y a KINKI. C'est simple, le 1er est le hardware, l'autre est le soft. Médéric Nébinger, pour ne pas le nommer, fait de la musique depuis longtemps (ARCHIMÈDE sur Rave Age Records), et a rencontré dans moult fêtes Thierry Criscione, qui faisait parti à l'époque d'Immense Paris II London et avec qui l'idée de ce morceau est venue.
En 1995, Médéric s'est occupé d'un label avec Louis-Pierre Yschard : Pumpking Records, distribué par PIAS, et basé dans une zone industrielle de la banlieue ouest de Paris. Vaste projet, car ils ont leur propre studio. Ils sortent un maxi par mois (avec toutefois une pause estivale) et compilent tout ça sur un CD mixé par Damon Wild. Ils ont multiplié les collaborations : avec Éric Chedeville, Serge Nicolas (DJ et graphiste du magazine rock Magic!), Yoda, Denis Cohen-Scali (de MICROPOINT), les DAFT PUNK, DJ Pascal R...
Thierry, lui, est visible au Shop sur son stand Daniel Poole, grande guitoune post-baba proprette près de la place des Victoires. C'est chic et ça ne mange pas de pain, seulement des Lina's (on s'en doute) ! Depuis des années, Immense Paris II London réunit des Français et des Anglais (dont Christopher McCullough, alias Noggin, qui a mixé le morceau de DIGITAL KINKI sur la compil eDEN) dans le but de réaliser des disques, et d'organiser des teufs plutôt sympas avec tout le gratin des english de Paris et les frenchies délurés et groovy. À part ça, Thierry est un peu partout : dans l'audiovisuel et dans la mode, l'acid jazz et la house, le Port-Salut et le Brownie.
VIX & WIDOWSKY
Contact : Pumpking Records tél. (1) 41 19 32 00, fax (1) 41 19 32 05
COMPIL8
ÉRIK RUG
Là on était à Nova, pour NovaMag, le résultat imprimé dans le (par ailleurs très bon) Nova Mag est honteux pour ÉRIK RUG (4 phrases...). Voici l'intégrale.
RUG : « J'ai 32 ans. Et je suis DJ depuis l'âge de 17 ans.
AVANT LA HOUSE TU ÉCOUTAIS QUOI ?
J'ai démarré en 77 en pleine époque disco, forcément ça m'a marqué. Après dans les années 80, j'ai acheté des tonnes de maxis électro, hip hop. Au milieu des années 80, je jouais à Berlin. Je passais de tout : de NEW ORDER à WILSON PICKETT en passant par LED ZEP.
TON 1ER GRAND CHOC HOUSE ?
Peut-être le Move Your Body de MARSHALL JEFFERSON. Bientôt 10 ans !
AVEC LES SOIRÉES H3O À LA LOCOMOTIVE QUE TU ANIMAIS AVEC LAURENT GARNIER EN 88, TU AS PARTICIPÉ AUX 1RES SOIRÉES HOUSE PARISIENNES. PUIS LES 1RES RAVES. C'ÉTAIT COMMENT ?
À l'époque il n'y avait pas tout cette commercialisation. C'était vraiment un mouvement spontané, fait dans l'illégalité. Les plateaux de DJs n'étaient pas calculés. C'était au hasard des contacts. De toute façon on n'était même pas une dizaine de DJs sur Paris, alors... cela dit, j'insiste, je ne suis pas un DJ de rave !
LAUSANNE, MANCHESTER, BERLIN : COMMENT SE FAIT-IL QUE TU JOUES PLUS À L'ÉTRANGER QU'À PARIS ?
C'est tout bête, vu que la France avait un retard considérable dans la house et qu'il fallait absolument que je trouve du boulot, je me suis cassé à l'étranger et maintenant j'ai pas mal de contacts. Et puis à l'étranger, c'est plus cool. À Berlin je m'éclate vraiment. À Lausanne je joue dans des clubs vraiment ouverts d'esprit, avec plusieurs salles : jazz, hip hop, house, transe. Ça éduque les gens et ouvre les esprits. Faudrait faire ça à Paris.
ET À PARIS JUSTEMENT, TON CLUB FAVORI ?
J'aime bien jouer au Queen. C'est grand, ça a un bon son et tu sens que tu peux vraiment faire bouger le public.
ET LES PROBLÈMES À LA PORTE ?
Je fais la part des choses. N'oublions pas que c'est un club sur les Champs, qu'ils sont obligés de faire de la sélection et que c'est gratos toute la semaine.
TU TOUCHES COMBIEN ?
Jusqu'à 8000 francs par nuit au maximum. Parfois bénévolement pour Act Up par exemple.
TES DISQUES QUE TU FAIS SOUS LE PSEUDONYME DE WAX WORX SUR LE LABEL TORONTO UNDERGROUND C'EST POUR LA THUNE AUSSI ?
Non pas du tout. Tu sais je gagne bien ma vie en tant que DJ. Ces disques ils ne sont tirés qu'à 1000 exemplaires. En revanche c'est bon pour le prestige. Ça aide pour se booker un peu partout.
LE + GRAND NOMBRE DE PERSONNES DEVANT QUI TU AS JOUÉ ?
Une fête près de la frontière autrichienne : 5000 personnes ! Que des DJs de trance. Je me demandais ce que je foutais là, d'ailleurs je me suis pris la tête avec ceux qui m'ont fait jouer là bas.
TON PIRE SOUVENIR ?
Me lever tôt un matin, préparer ma caisse de disques, prendre le train, et s'apercevoir sur le quai de la gare de Lausanne que je me suis planté de date.
ET EN CLUB ?
Ras le bol des types qui passent des heures à me mater quand je mixe. Comme ils bougent pas tu as un mauvais feeling, tu as l'impression que personne ne danse. Mon remède ? Changer au plus vite de style musical pour qu'ils décampent.
UN CRI DU CŒUR ?
Oui ! Sérieux, changez de sono ! Organisateurs, dépensez moins dans les flyers, faîtes plus de bouche à oreille et investissez dans le son. Les soirées n'en seront que mieux, le public appréciera à fond la musique et pour les DJs ça n'en sera que plus cool. »
1 MOIS APRÈS, POUR ÉDEN, JE PASSE CHEZ LUI. C'EST LA VEILLE DE NOËL, PARIS SE GÈLE DEPUIS 2-3 JOURS. RUG HABITE DANS LE 14E. ENTRE MONTPARNASSE ET DENFERT. BON COIN. BEL APPART.
« TU ÉCOUTES LA RADIO ?
Mon émission ! « Waxgroove » sur FG tous les lundis de 17h30 à 19h. Mais bon sinon désolé, j'veux pas te faire de la lèche, mais c'est Nova !
TA RADIO RÊVÉE ?
Un mélange de FG (en mieux) et de Nova, justement. Il faut continuer à faire de l'avant-garde sur une radio techno, sinon ça sert à rien. ET ÇA SERAIT QUOI TON TOP 5 GRAND PUBLIC SUR RADIO RUG ?
CRAIG MACK (hip hop), le NUAGES sur F, le disque de GARNIER tout de même...
POURQUOI GARNIER ?
C'est le centre de ce qui se passe actuellement non ? Je sais pas, un vieux ROY AYERS sorti des cartons. Du dub, important ; de la techno mais jamais de trance. Et puis PORTISHEAD bien sûr.
PORTISHEAD, C'EST PAS UN PEU CLICHÉ À FORCE ?
Non c'est de qualité.
OUI MAIS COMME PAR HASARD, C'EST UN GROUPE 100 % BLANC QUI FAIT CE MÉGA CROSSOVER. TIENS J'AI MÊME UN FANZINE DE COLD WAVE HORRIBLE QUI POUR LA 1RE FOIS DE SON EXISTENCE PARLE D'UN GROUPE SOUL, MAIS BLANC. ON EN FAIT MÊME PLUS QUE POUR LE 1ER MASSIVE.
Attends : premièrement, quand j'ai écouté le PORTISHEAD pour la 1re fois, j'ai cru qu'il y avait une black. Deux, faut avouer les choses telles qu'elles sont. Regarde mon quartier, tu crois que je nage dans la black attitude ? C'est le cas de la plupart des petits blancs qui écrivent dans les canards new wave et adorent PORTISHEAD. C'est la vie. En revanche à N.Y. où même dans les banlieues parisiennes, on sent la culture black très proche.
AU FAIT, TU TE RAPPELLES DECHAVANNES NOUS MONTRANT DES RAVES DANS LE NORD DE LA FRANCE, AVEC DES NAZIS PARTOUT ?
Jamais vu ça. Négatif. »
ON MONTE À L'ÉTAGE : HOME STUDIO, DES TONNES DE DISQUES, AU-DESSUS DES PLATINES TRAÎNE UN SIMPLE COLLECTOR DU GIRLS & BOYS DE BLUR. ET PUIS QUELQUES PHOTOS DE CARMEN, SA COPINE, TRÈS JOLIE, DE LA PERSONNALITÉ.
« ON SENT LES RACINES PUNKS CHEZ TA COPINE.
On vient du Punk ! Le suis-je encore ? Anarchiste oui probablement.
QUE PENSES-TU DU CLASSIQUE ? C'EST PAS LA MUSIQUE LA PLUS ZARB QUI EXISTE, EN FIN DE COMPTE ?
C'est la plus balaise. C'est con à dire, mais je crois qu'on ne fera jamais mieux. En tout cas aussi bien construit.
ON EST FORCÉMENT EN DÉCADENCE ALORS.
On fait pas les choses de la même manière. La house c'est les retrouvailles de toutes les musiques. Classique y compris.
ON PARLE DE CONSTRUCTION. EST-CE QUE LA POSITION DU HOUSEUX, FORCÉMENT COMPOSITEUR, PRODUCTEUR, REMIXEUR, VOIRE MÊME HISTORIEN DE LA MUSIQUE, BREF EST CE QUE CE HOUSEUX N'EST PAS TROP INTELLO QUAND IL FAIT DE LA MUSIQUE ?
??? Non. C'est l'oreille. Ça swingue c'est bon. Basta.
OUI MAIS COLLER LA MÊME 15E BOUCLE SUR TON ORDINATEUR, ÇA TUE PAS LE SWING ?
Ah ben faut bosser ça, c'est sûr. Et puis bon, c'est pas pour rien que ça s'appelle HOUSE music. Tu sais avant, j'ai joué dans des groupes en tant que musicien, pas producteur. Aujourd'hui je suis persuadé que ces 2 approches de la musique vont finir par se rejoindre de + en +. Moi producteur, j'ai besoin de vraies voix.
LESQUELLES ? TES VOIX RÊVÉES ?
DENISE LASSALLE ; ALTHEA Mc QUEEN, je l'ai vue chanter live à New York il y a 2 mois : impressionnant ; GWEN Mc REA ; LIZ TORRES.
DES MECS ?
Allez : CE CE ROGERS !!!
LE RIFF MORTEL DE LA HOUSE ?
Encore une fois le piano distordu de Move Your Body de Jefferson. Celui de TODD TERRY, INNER CITY et 99 % de la house. »
ON ÉCOUTE DES NOUVEAUX MORCEAUX SUR DAT. BON SON. ET PUIS TIENS, VOILÀ CE BRAVE VIEUX PIANO.
« Mais non, c'est des voix déformées !
IL Y A UNE TOUCHE RUG ?
... Oui, je trouve. Ne serait-ce que parce que j'utilise tout le temps le même matos. »
À PARTIR DE LÀ ON SE LAISSE ALLER. ON FAIT DU NAME DROPPING.
« T'AS DES REMIXEURS FÉTICHES DONT TU ACHÈTES TOUS LES MAXIS ?
Non. Je fais gaffe, j'achète jamais 2 maxis d'un même type.
ATTENDS, LES PÉRIODES DE GRÂCE, ÇA N'EXISTE PAS ?
Si bien sûr. Qui ? Les MASTERS AT WORK, DJ Duke, Vasquez, DJ EFX, le son Strictly. Allez, des producteurs : je reste un grand fan de TODD TERRY, Rheji Burrell, Cliff St Cyr, Nick Fiorucci, MURK...
LES GRANDS DJS MYTHIQUES, TU LES AS TOUS VUS ?
Tous, vraiment tous, sauf Larry Levan.
TES 3 DISQUES D'ARTHUR BAKER FAVORIS ?
HASHEEM, c'est pas Baker mais c'est tout comme. Les albums de CRIMINAL ELEMENT ORCHESTRA et le Confusion de NEW ORDER bien sûr.
TIENS C'EST MARRANT, J'AI DES MIX RARISSIMES DE CONFUSION PAR VICTOR SIMONELLI.
Normal, Simonelli a été l'assistant de Baker.
PLUS FRANCHEMENT ÉLECTRO CE QUE FAIT SIMONELLI. QUE PENSES-TU DE SON ÉVOLUTION ?
Il était juste l'élève pas le disciple. Le papa de Simonelli écoutait sans arrêt du philly sound. C'est marrant, j'ai un vieil album de CRIMINAL ELEMENT avec une photo de toute l'équipe de Baker ; on y voit Simonelli en jeune premier.
3 PRODUCTEURS EN DEHORS DE LA HOUSE DONT TU ES FAN ?
Trevor Horn dans les années 80, Adrian Sherwood forcément, et puis John Fryer qui a produit plein de trucs 4AD genre COCTEAU TWINS. On dirait du trip hop aujourd'hui. Ah au fait, respect éternel à CERRONE.
OH NON !
Oh si ! Réécoute Supernature, tout y est déjà. Le 1er album à commencer dance et à finir ambient. Grave.
ET JEAN-MICHEL JARRE, PAPA DE LA TECHNO AUSSI ?
Oh non ! Il me fait honte. Quand je vois son matos et j'écoute ses disques, c'est à ne rien y comprendre. Avec un 4 pistes, je fais pareil.
M. RUG, TU AS COMBIEN DE DISQUES ?
L'année dernière j'en ai compté 12000. Aujoud'hui ça doit faire 13.
IL PARAIT QUE TU ES GRAND FAN DE LA KYLIE MINOGUE, TOI AUSSI ?
Ah oui. Elle est mortelle...
ALORS KYLIE OU CARMEN ? »
Pas de réponse, vue que je n'ai pas posé la question. Et puis quoi encore ?
DAVID BLOT
COMPIL9
DIMITRI FROM PARIS
« QUEL EST TON PARCOURS MUSICAL ?
Avant d'aimer la house, j'aimais le funk, la disco. J'ai acheté des disques en 82, des trucs un peu funky comme les WHISPERS. Étant gamin, j'aimais beaucoup les musiques de film, très peu le rock, puis JAMES BROWN, et tout s'est construit autour de lui. Une grande découverte aussi a été le rap et SUGARHILL GANG. Puis AFRIKA BAMBAATAA, et toute la vague Prelude, et Salsoul dont bizarrement j'ai raté les disques à l'époque. J'ai commencé à mixer avec les Prelude. J'ai découvert ce qu'était un remix avec D'TRAIN et You're The One For Me. J'ai fait une sorte de petit montage en mélangeant l'intro avec un autre passage. Puis j'ai passé des après-midi à faire ça. Après mon bac, j'ai envoyé mes remix un peu partout. J'ai croisé un type qui bossait sur l'ancêtre d'Europe 2, CFM, où ils avaient une émission dance animée par un black qui a aimé ce que je faisais. Il a passé mes remix à RLP de Radio 7 qui faisait les premiers mix à la radio. À l'époque j'en faisais un par semaine. Après je me suis acheté un magnéto à bande. C'était alors l'époque Arthur Baker, pré-house, post-électro. Puis j'ai fait une maquette que j'ai présentée à Skyrock. Ils m'ont engagé pour que je fasse une émission dance, Skydance, avec des mix, mais je ne pouvais pas mixer sur place. À Skyrock, j'ai commencé à faire des édits maison, notamment STÉPHANIE DE MONACO que j'avais refusé de faire, mais j'étais obligé sinon ils me viraient. J'ai fait alors un remix en 3 heures. Ça a été un énorme succès ; on en parle encore. Mais ça m'a permis de faire ce que je fais maintenant. Ça a été un tel tube que les gens ont compris ce qu'était un remix. Le producteur m'a proposé de rentrer en studio et de remixer le Stéphanie suivant. Ça m'a permis d'apprendre à remixer. J'ai pu finalement commencer à remixer des trucs que j'aime vraiment comme BJÖRK en 93, qui a très bien marché. Pendant 4 ans en France, j'étais tout seul à faire des remix, puis il y a eu le boum de la house music avec S-EXPRESS et BOMB THE BASS et il y a eu une nouvelle génération de remixeur. J'étais rentré dans la house au moment de FARLEY JACKMASTER FUNK/Love Can't Turn Around, en 86, une révélation. À partir de ce moment, je me suis fixé sur ce son. Ils m'ont engagé à NRJ pour un meilleur salaire en 87. L'émission a été récemment supprimée. Je ne pense pas la reprendre pour le moment.
QUE PENSES-TU DE LA SCÈNE PARISIENNE ?
Je ne la connais pas très bien. Au début, j'avais l'impression d'être tout seul avec RLP, la scène était composée à l'époque de 10 personnes. J'ai eu l'impression que bosser sur les radios populaires m'excluait de la scène underground. Et j'ai été très peu dans les clubs. Je n'ai jamais trop aimé le monde de la nuit à Paris, qui n'a rien à voir avec la musique. J'ai très vite abandonné les clubs pour les remix et NRJ. J'ai développé un public en province et quelques personnes à Paris. Maintenant je trouve la scène très scindée, pleine de chapelles, comme Fnac, BPM... Les gens sont divisés ; c'est chacun pour soi... Il y a quand même une scène, peut-être va-t-elle se trouver. »
SVEN HANSEN-LØVE
INTERVUE1
JUAN ATKINS
Juan Atkins, « le père spirituel » de la techno de Détroit, que nous avons retrouvé aux Transmusicales de Rennes de 1994, était distant au premier abord ; en vérité il est toujours plongé dans ses réflexions.
Juan pense que Détroit est FINALEMENT reconnue à sa juste valeur. « En 1988, ce n'était que de la hype et seulement quelques fans nous soutenaient, mais aujourd'hui Détroit revient à la mode. Même si certaines personnes n'ont pas compris et ne comprendront d'ailleurs jamais l'impact qu'ont représenté les premières productions de l'époque, sur KMS, Métroplex ou Transmat par exemple. Maintenant, on nous écoute. » Rappelons que le 1er projet d'Atkins remonte à 1986 : CYBOTRON sur Fantasy records, qui reste avec CLEAR (Métroplex) et SONIC SUNSET (R&S), un de ses travaux préférés.
« La techno, c'est KRAFTWERK et GEORGE CLINTON bloqués dans un ascenseur » affirme simplement Atkins, qui résume ainsi sa philosophie.
Bien que ses productions soient plutôt électro ou house, Atkins a toujours le même état d'esprit : « a good track is a track moves U. En 1988 les gens étaient plus réceptifs aux tracks électro, mais grâce aux succès de morceaux comme Strings Of Life (Derrick May) ou No UFOs (Atkins), le public s'est ouvert à des morceaux plus techno. »
Quant à Détroit, Juan Atkins est lucide sur l'état de la scène : « une clique de gens détient l'argent et organise des pseudo-soirées, mais ces gens ne s'intéressent pas à la musique ; ils ne nous ont jamais aidés. Depuis que le Music Institute où je jouais avec Kevin Saunderson et Derrick May a fermé, il n'y a plus de club house ou techno à Detroit, seulement d'occasionnelles warehouse parties. »
Alors Juan aime jouer en Europe, parce que « les gens ont une culture dance générale, même si dans leur grande majorité ils ne sont pas undergrounds, ce sont de vrais amoureux de la musique. Ils nous soutiennent et bientôt des soirées 100 % Detroit's DJs seront possibles (projet à suivre...). »
Pour lui un bon DJ est quelqu'un qui a une vraie culture musicale et qui peut en toute logique passer dans la même soirée du disco à la house, à la techno puis de nouveau à la house.
Surpris de la bruyante et monotone programmation de la soirée, Juan Atkins regardait atterré par les grillages des coulisses la foule se déchaîner sur un live de BANDULU, se retourne vers moi et me dit : « It's gonna be hard to play house for them... » Sans commentaire.
Mais durant son set, il a su imposer sa musique, passant subtilement de MARTIAN à DAVE CLARKE, puis à BELTRAM, entre house et techno Detroit, il a réussi à capter l'attention d'une foule... jeune et hurlante !
Atkins, c'est la techno dans ce qu'elle a de plus riche : disco, funk, house, electro, musiques électroniques diverses, se mêlant et se complétant au sein d'une grande famille qu'on appelle la house.
DJ DEEP
TRIBUNES1
LE HARDCORE COMME MÉTAPHORE DE L'AUTISME POLITIQUE
Engluées par la crise, plusieurs générations viennent de se fracasser contre un mur : à Berlin, épicentre de la scène techno-industrielle et matrice underground, cathodiquement sublimée par la rupture épistémologique du siècle, celui de la barbarie concentrationnaire. Une mise en scène brutale et définitivement revancharde. Qui inspirera, non sans talent, les décors des dernières raves - il faut malheureusement dire les dernières - du Bourget ou d'ailleurs.
Le scénario lui-même est sans appel : une fin de l'Histoire selon Hégel. Zéro BPM et conflagrations futures : désastres écologiques, fourmillement apocalyptique de l'espèce, explosion virale, argent corrupteur, nucléarisation planétaire, et PPDA tous les soirs. On peut comprendre que dès 15 ans, ça fatigue déjà nos têtes blondes. Et plus encore brunes. En leur donnant envie de chercher ailleurs. Pourquoi pas vers une transe originelle, héritage vivant, et pas uniquement chez les Kikuyu - « I had a farm in Africa » - mais aussi chez toutes sortes de zindas, en tribus ou pas. Verriez-vous une autre explication à la facilité d'entrer dans l'univers de la techno, perçue non seulement comme un formidable cocon sensoriel mais aussi comme une matrice excitante et rassurante ? Isolés par 200 BPM, diront les docteurs de la Loi, votre apaisement n'est que leurre grossier, barbarie des sens, lavement sensoriel définitif et régression totale. Certes mais qu'adviendra-t-il si on se risque au-delà, mettons 250 ? Tout simplement une dernière station avant la réconciliation cosmique. Où une plongée initiatique radicale. La puissance et la sophistication des sons sont-elles autre chose que l'aboutissement sophistiqué d'un génie humain, celui d'homo faber. À quelques encablures du paléolithique, les rites hardcore, puissante métronomie coronarienne et gestuelle, procèdent d'une écriture cybernétique totale dont le décodage dérange. Vraiment. En ce sens ils sont le dernier refuge d'une conscience politique. Celle du refus d'un futur, déjà fini avant même d'avoir commencé. À 15 ans, de tels arguments n'ont pas besoin de métaphore. Vraiment. Crise quand tu nous tiens !
HENRI MAUREL
TRIBUNES2
POURQUOI J'ÉCOUTE DU HARDCORE
La techno hardcore est une incitation à l'insubordination. Notre société vit surtout de la répétition et de la confirmation plus que du plaisir. Ce caractère est exacerbé dans le hardcore, et le plaisir peut naître de la découverte (qui peut être parfaitement intuitive) qu'on en fait.
Ainsi on danse sur la tête du monde, sur sa déraison, on le foule, on le dame, on le compresse, on le suraccélère et on l'atomise ; c'est une ouverture sur la transgression. Transgresser est devenu un acte très difficile parce que la confusion et la soumission à la valeur unifiée de la marchandise n'autorisent aucune distance possible. Le hardcore permet de refaire surface, mais aussi de faire de la musique : composer les sons entre eux exige du musicien une certaine capacité à dépasser les influences, à en rire ; c'est le mouvement même de la vie de se dégager, par tous les moyens possibles, des entraves de la convention.
Bien entendu le hardcore n'échappe pas à la médiocrité, à la copie, au mercantilisme. Mais alors ce n'est plus vraiment du hardcore.
D'autre part, cet aspect transgressif du hardcore lui confère une force très grande, due justement au fait qu'il est une énergie de dépassement. C'est après les armes la plus grande force détonante qu'ait produite la technologie. Mais cette chaux vive (entre des mains expertes) est une puissance bien plus positive, où la technologie se retourne, critique, contre le monde qui l'a produite. C'est la machine (en tant que métaphore de l'ordre socioculturel) qui s'exprime, et elle a beaucoup à nous apprendre sur elle et sur nous-mêmes. La plupart des sons du hardcore (et de la nouvelle techno) sont exclusivement synthétiques, c'est la musique de la technologie, qui est de moins en moins inféodée à la reproduction, à la simulation et à la multiplication de sons d'instruments dits « naturels ». Là elle échappe à l'esclavage et nous invite à nous délivrer, nous aussi, de l'imitation servile des modèles imposés... Dans certains tunnels du métro, le frottement des wagons sur les rails donne un concert acoustique d'une très grande et très rare beauté.
Le hardcore est l'expression d'une certaine virulence. On peut difficilement tricher sur ce point.
LE PROFESSEUR DIABOLIQUESÉLECTION HARDCORE
ALLEMAGNE :
C-TANK Nightmares Are Reality (Over Drive)
Compilation Phuture (PCP)
THE SPEED FREAK Destruction Of Speed City (Schockwave)
METHYLIZER (Hellrazor 10)
ROYAUME UNI :
PRAXIS 7
BRIDES MAKE ACID Boneheads & Pussies (Outcast Clan 11)
MATRIX PROJECT (Area 51)
SALAMI BROTHERS Eat Dat Pizza (Data Flow)
HOLLANDE :
TRAUMA 2 (80 Aum)
DE KLOOT ZAKKEN Dominee Dimitri (Klote 01)
R-TRAX Collection 1 (Dance International 33)
HAARTCORE (Mokum 31)
FRANCE :
KANYAR 1
LAURENT HÔ Ingler (Epiteth 2)
GANGSTAR TOONS INDUSTRY (GTI 1&2)
EXPLORE-TOI Paris Banlieue (Trois Points 1)
TRIBUNES3
MULTIMÉDIA, INTERNET ET CIE
Les grands gagnants de la vague interactive - en terme d'épanouissement personnel - ce sont sans conteste les « binocleux à boutons », cruelle caricature des « informaticiens » (terme administratif) ou plus précisément, des développeurs de produits numériques (logiciels, CD-Rom, ...). Leur créativité est enfin reconnue : elle touche aujourd'hui à des concepts et media branchés, sexy, à la mode - multimédia, TV interactive, photos, le dernier tube de MADONNA sur Internet, images 3D, morphing, réalité virtuelle, cinéma, Hollywood, le rêve, le rêve (... enfin concrétisé !). À tel point qu'être « branché » c'est lire Wired (le magazine californien, croisement chromosomique fortement hypertextien entre la mode, la stylique et l'informatique en général - la maquette est géniale !) et être sur le « Net » ou le « Web » (tout ça c'est Internet) - avec l'incontournable « e-mail address ».
Finalement, la grande révolution c'est l'éveil d'un comportement actif, de l'initiative individuelle et d'une créativité régénérée qui est enfin divulgable et communicable par tous et pour tous. C'est d'ailleurs la beauté d'Internet et de son fonctionnement anarchique.
Et puis la révolution, c'est aussi la transversalité. Les mondes de l'informatique, de l'audiovisuel, du cinéma, de la musique, des télécoms, des bonshommes à trèfle rouge, des zombies de la nuit, autrefois fermement hermétiques s'interpénètrent aujourd'hui généreusement.
Mais notre bonne vieille Terre doit maintenant endurer la prolifération d'une herbe toxique : les « réseaux », prolongations anatomiques des ordinateurs. À l'intérieur de ces sombres tuyaux, une forme de langage universel s'est installée et se développe presque vicieusement, rapprochant, de façon incolore et virtuelle, des cultures différentes : une communication banalisée, « décharnelisée », transparente, standardisée, neutralisante, surnaturellement directe, qui s'appuie sournoisement sur des flux d'information en explosion, de nouveaux vecteurs qui offrent au citoyen virtuel une séduisante source de tarissement où pouvoir plonger aveuglément et se résigner rend les choses tellement moins compliquées...
Le vice tient aussi dans le pouvoir de conquête du monde que croit détenir le pauvre bougre numérisé à travers tous ces nouveaux outils et concepts. Le résultat c'est la course, le stress du speed (ou SDS - allez, plus vite !) d'une part, le dessèchement du cœur d'autre part. Dans la réalité de tous les jours, les gens ne s'intéressent plus aux autres et ne parlent que d'eux-mêmes. Dans la virtualité à venir, les jeunes iront s'évader dans les jeux de rôle en réseau. C'est plus simple et en plus c'est enivrant... La culture rave a d'ailleurs adopté tous ces bidules + ou - virtuels. Ce n'est pas par hasard.
Irions-nous vers le refroidissement, l'isolement et le repli sur soi-même ? Quelle horreur ! Dans l'émission « Equinox » diffusée début décembre sur la chaîne anglaise Channel 4, et consacrée aux 0 et aux 1 (bref, au numérique), une femme ayant suivi quelques séances de numérisation (!) déclarait que l'ordinateur l'avait accompagnée dans son chemin vers l'orgasme lors d'une expérience de sexe virtuel... L'ordinateur aurait-il reçu secrètement quelques cours d'éducation sexuelle ?
Alors je pose la question : quelle finalité ? Fuir aveuglément une réalité sans issue et s'enfermer en soi-même, ou justement voyager dans le virtuel/numérique/etc., peut-être s'enrichir intérieurement, mieux se réaliser dans notre vie bel et bien réelle, et en faire profiter les autres ? Je laisse la réponse aux nuages, aux montagnes et à toutes ces choses éternelles qui en ont vu d'autres...
SERGE PAPO
TRIBUNES4
ELLE EST COMMENT LA RAVE ?
La petite phrase entendue 1000 fois, comment est la rave, serait-on tenté de répondre, comme toutes les autres : un line-up « mortel », une déco qui tue, des gens happy et souriants. Oui, oui, oui... Retour en arrière. Out ! La carte postale genre « Saint-Tropez, il fait beau ».
Les raves ont des problèmes de santé, mais rassurez-vous à cet âge on a encore des ressources. Sans tomber dans le pessimisme à tous crins, force est de constater que la boulimie « ravesque » de 93-94 a détruit une partie de la magie de ces horribles soirées occultes, véritable rassemblement de sectes et autres drogués, dont les membres communient en un abject sabbat. On regretterait presque tous ces articles parus dans les quotidiens qui descendaient régulièrement ce que les ravers unanimes considéraient comme une des meilleures expériences qu'ils n'aient jamais eues. Trop de raves ? Sûrement pas après les 6 derniers mois de disette que l'on vient de connaître, disons plutôt pas assez de raves SÉRIEUSEMENT ORGANISÉES.
Certes, arriver à décrocher un beau plateau international, ou trouver une salle qui ne soit pas un mess militaire est une déjà une très bonne chose, mais ne parle-t-on pas d'une expérience unique où on ne sait plus donner de la tête ? D'autant que l'avalanche de raves les 2 dernières années a rendu le public particulièrement exigeant et pointu, tout comme les autorités que l'on retrouve régulièrement aux 1res loges.
Monter une rave est soudain devenu une tâche d'envergure où il faut savoir jongler avec autorisations, agences de booking + ou - fiables, propriétaires de salles effrayés par le simple mot « techno ». Beaucoup de candidats, peu d'élus... Ce sont en fait les vieux singes qu'on retrouve aux manettes des meilleures soirées. Une ambiance inimitable avec des Gens, une programmation cohérente, une vraie déco, un bar pratiquant des tarifs non prohibitifs, des visuels, et moins de 30° pour danser me semblent être un minimum. Sans parler des videurs, des embrouilles à l'entrée ou des P.A.F. à 199 F seulement...
Une profession de foi qui sonne peut-être un peu cliché. Peut-être en tout cas la scène se mobilise et bouge. « Tout ceci pour qu'enfin, on nous laisse danser en paix. » L'étincelle vient en l'occurrence de s'allumer grâce au Collectif - regroupant de nombreux participants de cette subculture, principalement du Sud - qui organise le samedi 4 février 1995 une manifestation nationale à Montpellier pour instaurer un nouveau dialogue avec les autorités et assurer la pérennité des raves de qualité.
Thanks to Le Collectif for showing the way...
LIQUID LAVA
TRIBUNES5
STEVE REICH
STEVE REICH remarque lui-même dès 1968 des points communs entre son travail et la musique populaire noire. « Ces musiques sont à même de nous faire prendre conscience de détails sonores infimes, puisqu'elles sont modales » (tonalités constantes, notes soutenues et répétées afin de créer un effet hypnotique). En 70, il prévoyait que la pulsation rythmique re-émergerait comme l'une des sources fondamentales de la nouvelle musique. Au cœur de sa conception de la musique, il y a cette certitude : toute répétition provoque une intensification rythmique. « En fait la véritable solution serait de créer une musique de danse authentiquement nouvelle dont les racines remonteraient à la pulsion fondamentale qui est à l'origine de toute danse : le désir qu'ont les hommes d'un mouvement rythmique régulier ». En 80, Reich définit la house sans le savoir...
Né en 1936 à New York, jusqu'à 14 ans sa culture musicale repose sur l'écoute de musique populaire. Il découvre le classique, est éblouit par la puissance rythmique du Sacre du Printemps de IGOR STRAVINSKY et devient vite batteur de jazz. Dans les années 60, il compose ses premières œuvres en réalisant des boucles de voix sur bandes magnétiques et rencontre le milieu artistique underground new-yorkais. En 71, il étudie les rythmes traditionnels des tambours du Ghana et réutilise leurs motifs dans ses œuvres. Il abandonne en fait assez vite l'utilisation de matériel électronique, les techniques n'étant pas encore assez au point pour réaliser ses projets. Il se tournera donc vers une instrumentation traditionnelle (vents, cordes et piano). Mais sa prédilection étant pour le rythme, il utilise plutôt des marimbas, des glockenspiels ou des xylophones. En fait son travail est proche de l'intelligent techno ou de l'ambient : un son fluide peu souligné, peu de basse mais des motifs simples qui se superposent et se complexifient.
« En essayant d'aligner 2 boucles identiques et de les faire fonctionner en relation, je découvris que la manière la plus intéressante de procéder consistait à aligner les boucles à l'unisson, puis à les laisser se déphaser lentement l'une par rapport à l'autre. C'est en écoutant ce processus graduel de décalage que je commençais à réaliser qu'il s'agissait d'une forme extraordinaire de structuration musicale. C'était un processus musical ininterrompu, continuel, et sans rupture.
Ma musique a du « beat » et peut-être peut-on danser dessus en ce sens qu'elle est plus proche du rock que ne l'est la musique de PIERRE BOULEZ. Et j'ajouterais que la plupart des musiques que j'aime et que je connais ont toujours gardé des attaches avec leurs sources populaires et folkloriques ou avec la musique de danse, que ce soit BARTÓK, BACH, STRAVINSKY, IVES, WEILL ou GERSHWIN ».
En fait, sa musique comme celle de PHILIP GLASS ou de TEDDY RILEY, est emblématique du rejet de la musique contemporaine des années 50 à 60 dominée par le sérialisme et l'électroacoustique. À partir des années 70, les compositeurs minimalistes américains, lassés de l'abstraction de ces musiques trop théoriques et intellectualisées, axent leurs travaux sur un retour à la tonalité et à la pulsation rythmique. La musique est répétition plus que tout autre art. « Au point que le système de ARNOLD SCHÖNBERG bien qu'aujourd'hui tombé en désuétude ne fût qu'une énorme muraille de lois et d'interdits édifiés autour d'une seule préoccupation : empêcher la musique de suivre son penchant naturel à se répéter » (Michel Cion). STEVE REICH est le 1er compositeur du XXe siècle à avoir compris que les disques de DJ PIERRE, les chants des Pygmées AKA et ses propres œuvres étaient une seule et même musique, celle du rythme, de la pulsation, du cœur et du corps...
BENJAMIN MORANDO
TRIBUNES6
VALENCIA : LA RUTA DEL BACALAO
Mythique en Espagne, méconnue des étrangers, Valence est un endroit unique pour faire la fête. Chaque fin de semaine, depuis de nombreuses années, quelques milliers de personnes empruntent la fameuse ruta del bacalao (en français : « la route de la morue »). Certains viennent de Barcelone, de Madrid, voire du sud de la France pour faire le tour des boîtes de bacalao de Valence - pour ceux qui ne connaissent pas, le bacalao n'est ni + ni - que de l'electro body accéléré mais qui a malheureusement tendance aujourd'hui à relever beaucoup plus de l'eurobeat commercial.
Le vendredi soir, on commence sûrement mais pas lentement avec le célèbrissime Chocolate. Conçu comme une arène, absolument tout le monde y danse dans une sorte de symbiose. Il faut dire que le DJ assure une programmation frénétique à laquelle il est difficile de résister. Il joue avec son public et ne cesse de l'exciter. On a l'impression d'être en montée permanente.
Mais tout à une fin et le soleil se levant, le Chocolate se vide. Direction : le Puzzle, la seule boîte homo de la ruta. L'ambiance y est complètement différente. Des sosies de Barbie et de Ken (typés espagnols bien sûr) se croisent et s'entrecroisent dans les nombreux coins et recoins de cet immense club. Seule ombre au tableau : la musique est franchement insupportable : le DJ, installé dans une sorte de pyramide vitrée au centre de la piste, s'acharne à détruire chaque morceau avec des vocaux dignes de vedettes de karaoké. De quoi se taper la tête contre les murs.
Samedi soir, pour ceux qui sont à la hauteur : Spook Factory. C'est sans doute la boîte la plus dure. Oreilles et nez sensibles s'abstenir ! À ce propos, le speed est la substance reine sur la ruta. Les Espagnols le fument, le gobent ou le raillent.
Dimanche matin, retour inévitable dans l'enfer du Puzzle. Pour se détendre, il suffit d'aller faire un tour sur le parking qui, comme dans toutes les discothèques de la ruta, est hallucinant. Les sonos sont à fond. Ça court, ça danse et ça sniffe dans tous les sens.
Vers 15h, Barraca ouvre ses portes. Cette boîte qui était l'une des plus délirantes il y a encore 2 ans, sert maintenant de repère à tous les minos et minettes du coin en mal de « sensations fortes ». À éviter.
Après Barraca, pas question d'aller se coucher. En fait le meilleur reste à venir avec l'ACTV (le dimanche à partir de minuit). Cet endroit est magique : son exceptionnel, show laser incroyable et ambiance fantastique. Le DJ est quant à lui impressionnant (pour qui aime le bacalao) et est l'un des seuls avec celui du Chocolate à savoir mixer. Et comme toujours sur la ruta, un parking hallucinant ; en + celui-là est au bord de la plage et jouxte l'immeuble de la Guardia Civil.
Lundi matin, pour terminer le parcours, vous pouvez retrouver l'hystérie du Spook ou lui préférer la douce énergie du NOD (ex-Don Julio). L'après-midi, vous pouvez enfin aller vous coucher ; la route se termine ici.
Conseil d'ami : si vous voulez connaître la folie de Valence, ne tardez pas car elle se tarit à vitesse grand V. Ainsi la route étant de + en + souvent jalonnée de flicaille, le speed devient, comme vous pouvez l'imaginer, difficile à trouver, sa qualité moyenne et sa quantité contestable. L'autre nouveauté dont on se passerait bien est de payer l'équivalent de 10 francs pour pouvoir sortir des boîtes si bien sûr on a l'intention d'y revenir. Quelque soit l'endroit, c'est toujours le même schéma : 1- mouvement underground, 2- il plaît, 3- tout le monde en parle, 4- le business s'en empare, 5- c'est le début de la fin.
CLARE
TRIBUNES7
VIBE MUSIC PRODUCTIONS
Décidément la musique noire comporte tellement de facettes qu'on ne sait pas par quel bout la prendre. Quel est le point commun entre ICE T et TERRY HUNTER ? Entre LUTHER VANDROSS et DERRICK MAY ? Entre PUBLIC ENEMY et TEDDY PENDERGRASS ? Et qui a dit que ces gens-là n'avaient pas de cœur, seulement de l'âme ? Et puis d'abord, avant eux, il n'y avait rien. Le journaliste emporté serait même tenté de dire, avant eux, il y avait Adam et Ève qui s'ennuyaient fermement au jardin d'Éden. Et puis FRANKIE KNUCKLES est arrivé. Il les a fait danser sur JOE SMOOTH et ce qu'on sait après. Mais je m'égare. Et revenons à nos moutons. Autant JEFF MILLS c'est la frange dure de la techno, autant Vibe c'est la frange hardcore du garage. Par hardcore j'entends vraiment mellow. Notez que je m'exprime par hyperboles inversées. N'allez pas croire que je dis que c'est mou, damned. Non, il n'y a pas plus pumpin' que Vibe. Mais ce n'est pas rapide ! Tout en restant très romantique : de la soul avec des accents de mélancolie. Voilà comment on pourrait définir le son de cette scène du Chicago's South Side, telle qu'elle est née et s'est développée dans des clubs comme La Mirage, The Music Box, The Candy Store, The Powerhouse ; du miel avec des beats. Des gros rythmes de préférence, chaloupés, moelleux, avec des kicks de grand-père. Bon, groovy, inutile de le dire ; mais aussi vraiment fun, c'est là tout le truc, la musique à danser en jouant la nouvelle version de Donkey Kong sur Super-Nintendo, en matant l'intégrale des Simpsons, en sifflant la glace Häagen Dasz au chewing-gum (si ce n'est qu'il est impossible de faire tout ça simultanément ; la rédaction vous le confirme).
Terry Hunter (qui a fondé UBQ avec Aaron Smith et Ron Trent, celui-ci étant parti ensuite vers d'autres paysages musicaux) a magistralement défini la house music : « House music is basically about love ». Vibe c'est aussi une grande famille, avec le copain MAURICE JOSHUA, la pimpante D'BORA, GEORGIE PORGIE. On peut voir leurs noms s'entremêler couramment sur les maxis. La compilation UBQ (UBQ's Project) est à cet égard exemplaire. Elle retrace un an de sortie d'excellents maxis. On l'écoute comme on dévore un sachet d'Haribos : chaque morceau a sa saveur, chaque morceau renvoie à un autre. Il y a les instrumentaux mélodiques comme Symphonie Of Love, les vraies chansons, When I, Sometimes I Wonder, les dubs à danser comme Now I Know I Love You.
Revenons à Terry. Son vrai coup de coeur musical, contrastant avec son physique imposant à côté duquel Knuckles passerait pour un gringalet affamé en descente d'exta, c'est quand même la disco. Ce qui se ressent lorsqu'il est DJ, de toute évidence un des plus talentueux du moment. Quand fera-t-on venir Terry et son team à Paris ? Il paraît qu'à la 1re de la soirée Hardtimes en GB où pourtant il y avait tout le gratin (5 salles avec exclusivement du garage ! Le nirvana !) et bien c'est eux qui ont le plus assuré, ils ont tenu 7 heures d'affilé et ils n'ont pas relâché la tension une seule seconde. Sinon, les fortunés auront eu l'occasion de le voir ce nouvel an à l'occasion de la grande fête en Suisse en compagnie de Frankie Knuckles et David Morales. La vrai bombe de 1994, le morceau le + (et là le journaliste se voit obligé de créer un néologisme tant les mots sont maintenant galvaudés, rabâchés. Avez-vous remarqué que le mot garage sert à désigner n'importe quoi maintenant ? C'est le mot fourre-tout par excellence) freshpump de l'année, c'est (ça hurle dans toutes les chaumières) Going Round, dû tout au talent d'Aaron Smith, musicien à la base.
En guise de conclusion, je citerais DJ Mag et cette définition qui convient on ne peut mieux à Vibe : handbag = disco-influenced house music with female vocals and cheesy pianos, music for girls and boys who wish they were girls.
SVEN HANSEN-LØVE
SKEUDS
CD COMPILS :HEADZ (Mo Wax/UK) :
A delicious 2CD compilation by James Lavelle featuring LA FUNK MOB (a.k.a. MOTORBASS), AUTECHRE, R.P.M., among numerous others. It goes from porno funk, passing through jazz style and experimental techno hip hop. If anyone ever asks you to play some trance so you can cool down after a night of thumping techno, hand them this.NEW ELECTRONICA "Soundwaves 1" (New Electronica/UK) :
The NE compilation series has been particularly interesting, the music centered around Detroit techno, with the lot being rather non-commercial. with regular contributions from Juan Atkins, UR and QUADRANT, anybody who claims to understand and love real techno must give this a listen, even just to hear « Die Kosmischen Kuriere » by 3MB Featuring JUAN ATKINS and « Rave New World » by X-101.
GEORGE ISSAKIDISFRANCE TRANSE AMBIENT (Omnisonus/F) :
Cette compil permet de découvrir le versant le + doux et le + chill out d'un certain nombre d'acteurs connus de la scène techno/transe française : LOREN X, Sonic, I FLY, Guillaume la Tortue, ou Immense Paris II London. Les PILLS nous offrent E-Men, excellent titre ambient house qui nous permettra de patienter en attendant la sortie de leur album sur un nouveau label parisien. Quant aux DUPONT, c'est la révélation de la compil et Sur l'eau est un superbe morceau dub house uplifting ; on le retrouve d'ailleurs sur leur 1er maxi qui sort ces jours-ci sur Virtual/Omnisonus.SOMA QUALITY RECORDINGS (Soma/UK) :
1re compil de ce gros label de Glasgow. Quelques excellents titres : SLAM/Eterna, REJUVINATION/I.B.O. et Requiem, DESERT STORM/Scoraig'93, et bien sûr, les parisiens de DAFT PUNK avec leur superbe Alive (dont vous avez une version sur le disque vendu avec ce nº de eDEN). Et quand même une énorme déception : pourquoi n'ont-ils pas mis la version originale, absolument géniale, de SLAM/Positive Education, au lieu du remix par Richie Hawtin, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il semble bien fade en comparaison.THE SOUND OF CLEVELAND CITY (Cleveland City/UK) :
Double CD hautement recommandable avec toutes les bombes qui ont fait la réputation de ce label de Wolverhampton : gros son, rythmiques dures et groovy, mélanges hard house, acid et disco. Le 2e CD n'est soi-disant disponible qu'en édition limitée et contient 5 titres.BOTTOM LINE "Volume 2" (Esoteric/UK) :
Esoteric, maison de disques londonienne spécialisée dans la deep et le garage sort un 2e double CD consacré au label de Ed The Red : Bottom Line. Entre temps, ce dernier a déménagé de New York vers la Floride, ce qui ne l'empêche pas de continuer à sortir des maxis de garage jazzy, très soft et très agréable, qui sont sa marque de fabrique. La sélection sur ce volume 2 est peut-être plus convaincante que sur le volume 1 et on écoutera avec délectation DEVASTATING/Where Ever You Are Right Now, PHOENIX/The Answer, JERZZEY BOY/Take A Ride, et le sublime BROOKLYN UNDERGROUND/Someday, Someway.KEVIN SAUNDERSON PRESENTS KMS "The Party Of The Year A Compilation Album" (Network/UK) :
C'est la meilleure compil du moment : que des titres sortis entre 92 et 94 (la plupart sur KMS, le label de Kevin Maurice Saunderson) et réalisés par les plus grands musiciens de Détroit. Jugez plutôt : Mad Mike+MEMBERS OF THE HOUSE/Party Of The Year dans l'efficace Stereogenius Remix, le garage sublime de KREEM/Now Is The Time (produit par Saunderson lui-même), le sublime remix par CHEZ DAMIER et Ron Trent de SONYA BLADE AND THE FUNKY HOME DOGS/House Of Love, les 2 mêmes avec leur propre groupe CHEZ-N-TRENT/The Choice, sans oublier Carl Craig, Jay Denham, ou MK (avec notament son célèbre remix de CHEZ DAMIER/Can You Feel It).
Dans sa version CD, cette compil contient un bonus : une 2e galette argentée, avec les mêmes morceaux, mais mixés entre eux, une fois par Kevin Saunderson et une fois par SLO MOSHUN. Aucun intérêt, évidemment.DEEP HOUSE NERVOUS BREAKDOWN Volume Two (Nervous/US) :
Pratique pour se tenir au courant des sorties Nervous depuis 2 ans. Vaut particulièrement le coup pour DJ JOE T. VANNELLI Featuring CSILLA/Play With The Voice, NU YORIKAN SOUL/The Nervous Track (production MASTERS AT WORK), KIM ENGLISH/Nite Life (production TEN CITY), LONI CLARK/Rushing (production MOOD II SWING) et SHOCK WAVE/The Mental Track (production DJ PIERRE).EAST COAST HARD TRANCE SORTED RECORDS COMPILATION Volume 1 (Sorted/US) :
Sorted est un sous-label de Nervous sensé sortir des disques plus durs ou plus blancs, plus transe puisque c'est la mode. Heureusement, les Américains ont une définition de la hard trance sensiblement différente de la nôtre. Et on retrouve nos artistes Nervous préférés avec des titres ou des mix moins garage et plus dépouillés que d'habitude. Par exemple, les remix par ARMAND VAN HELDEN de KIM ENGLISH/Nite Life, par JOHNNY VICIOUS de LONI CLARK/U ou par JOEY BELTRAM de DJ JOE T. VANNELLI Featuring CSILLA/Play With The Voice In USA. Beltram, aussi présent en tant que producteur, et qui nous gratifie avec Future Groove de son meilleur titre récent. Quand aux groupes signés spécialement pour Sorted, ils font une espèce de house idiote, rapide et sans groove qui ressemble effectivement à ce que les Européens appellent trance. C'est le cas de TWIZZLER ou de CYPHER. Ce n'est par contre pas du tout le cas de l'excellent WINX alias Josh Wink qui, avec Feeling Good et How's The Music, nous donne 2 titres géniaux qui fleurent bon les influences Détroit et techno intelligente."THIS IS STRICTLY RHYTHM Volume Four", "STRICTLY RHYTHM'S LATIN THANG", "TODD, 'LITTLE' LOUIE & KENNY 'DOPE'" (Strictly Rhythm/US) :
Le plus gros label house mondial profite de la période des fêtes pour sortir toute une cargaison de compils CD ; en voici 3, presque au hasard...
Todd, "Little" Louie & Kenny "Dope" est une sorte de compil historique, qui rassemble 10 vieux morceaux hard house, sur lesquels ont travaillé à des degrés divers les maîtres de ce style : TODD TERRY et MASTERS AT WORK (c'est-à-dire "Little" Louie Vega et Kenny "Dope" Gonzalez). Ceux qui n'achètent pas de vinyl pourront donc retrouver les excellents SOLE FUSION/We Can Make It, HARDRIVE/Just Believe, THE UNTOUCHABLES/Take A Chance et Dance To The Rhythm, et l'inévitable CLS/Can You Feel It.
Strictly Rhythm's Latin Thang est une autre compil thématique, cette fois-ci sur la house latinos new-yorkaise. TODD TERRY et MASTERS AT WORK en sont aussi des maîtres, mais à part le sublime RIVER OCEAN Feat. INDIA/Love & Happiness (Yemaya y Ochún), aucun titre de ceux-là. On retrouve plutôt des productions de William Rosario, ARMAND VAN HELDEN, Erick Morillo, les frères Vargas, S.V.B. Crew Productions, et même Oscar Gaetan de MURK (AFRO-CUBE/Sugar Cane). L'ensemble sonne parfois un peu commercial, voire de mauvais goût. Mais c'est toujours efficace et groovy. Et puis c'est tellement dépaysant : on meurt d'envie de se retrouver dans une de ces boums organisées l'après-midi dans Spanish Harlem, où les familles se retrouvent au complet pour manger, puis pour danser sur cette musique.
Enfin, dernière compil en date, This Is Strictly Rhythm Volume 4 contient des titres du label qui ont bien fonctionné sur les pistes de danse ces derniers mois, suivant en cela le principe de cette série. Retrouvez donc quelques morceaux de George Morel, de Armand Van Helden (dernière coqueluche à New York et réponse de Strictly à JOHNNY VICIOUS), un mauvais mix de SMOOTH TOUCH/House Of Love (In My House), et surtout, 2 classiques : THE BELIEVERS/Who Dares To Believe In Me ? et LOOP 7/The Theme.
WIDOWSKY
CD ALBUMS :GYPSY "Soundtracks" (Limbo/UK) :
Le style de GYPSY, c'est la progressive house ; ou du moins ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : mélange d'influences rock et disco, mais en conservant les acquis de la house anglaise uplifting, c'est-à-dire rythmiques groovy et accords jazz/techno. GYPSY résout cette équation à sa manière : sons trancy, nappes deep et tempi humains. Leurs 2 classiques, I Trance You et Funk de Fino, présents sur ce 1er album, en sont la parfaite démonstration. En fait, tout le disque est du même acabit (voir Transition, I Dream Of Santiago, etc. - il y a même un morceau trip hop : Dirty Bass). Convaincant.THE BLACK DOG "Spanners" (Warp/UK) :
Depuis 1 an, l'electronic listening music (ou living room techno ou ambient techno ou electronica, peu importe le nom) connaît un énorme développement. Les BLACK DOG en ont été parmi les inventeurs. Les revoilà avec un nouvel album très attendu. Et ils remettent quelques pendules à l'heure. Pas de facilité (style des heures de nappes), pas de dogmatisme ni de passéisme (style hors des TR et des synthés analogiques, point de salut !), pas de dépouillement simpliste (style « c'est génial, c'est tellement vide ! »). Au contraire : beaucoup de musique, des sons de toutes origines, des rythmes et des structures complexes ; les BLACK DOG reviennent avec leur mélange personnel, dans la lignée de leurs précédents albums. Bref, un disque riche et original qui confirme leur place de leader de ce genre, avec RELOAD.MR. FINGERS "Back To Love" (Black Market International/UK) :
Larry Heard alias MR. FINGERS est une figure de la house. Can You Feel It?, c'est lui sur Trax en 86, où déjà il invente la deep house et un son de TB-303 repris 2 ans plus tard par BABY FORD. On le remarque aussi au sein de plusieurs groupes : FINGERS INC. avec Ron Wilson et ROBERT OWENS (album Another Side sur Indigo en 88), THE IT avec Harri Dennis (album On Top Of The World en 90, déjà sur Black Market). Enfin, il y eut l'album Introduction sorti sous le pseudo MR. FINGERS en 92 sur MCA avec les classiques What About This Love et Closer (tous 2 sortis en maxi). Ce nouvel album en est la suite logique où Larry Heard montre sa maîtrise totale de ce style qu'il a créé, doux, deep, jazzy. Pas de bouffe pour DJ ici : des chansons avec une rythmique house quasi sous-mixée ; il y a même 5 mid-tempos. Les compos sont excellentes (écoutez Angel Eyes, Never Take Your Place, Back To Love ou les 2 instrus : Sweet Wine et Caress). Le son est parfait, intemporel (ce n'était pas toujours le cas avant). Le parfait album de soul moderne ; on pourrait appeler ça « living room garage ».
WIDOWSKY
« Le corps, le cœur et l'esprit... »FSOL "ISDN" (Virgin/UK) :
The FUTURE SOUND OF LONDON are back after the Lifeforms album and EP with a new record of 15 techno dub tracks, most of which are driven by hip hop grooves and slithering jazz melodies. All the tracks are live, sent from their studio in London to radio stations via the ISDN phone link. This group is absolutely fascinating, restructuring the possibilities of musical communication, and they've just begun.LUKE SLATER "My Wise Yellow Rug" (GPR/UK) :
LUKE SLATER's second album is gorgeously mellow electronica that's varied from beginning to end and stays interesting throughout, something that can't be said about every album. Message to the party organisers : you've brought Erin, Sacha and Charlie Hall a hundred times, how about bringing in this young genius instead next time ?JEFF MILLS "Transmisions Waveforms Vol 3" (Axis/US) :
JEFF MILLS, with his hybrid hardcore techno that varies in tempo, stays experimental, non-commercial and endlessly fascinating. His funked up melodies wind through each other resulting in a music that keeps morphing into something else, not content with staying put. Above the rest.
MAXIS :DJ HELL "Allerseelen" (Disko B/D) :
Jeff Mills' mix is a completely mental tribal stomper you can head nod to something chronic ! Crisp high pitched frequencies laid over pulsing sub bass - guaranteed to make you grin.SYSTEM 7 "Sirenes (limited addition)" (Big Life/UK) :
(Marshall Jefferson Mix & System 7.1 Carl Craig Mix). This track is originally a collaboration between Steve Hillage and our own trancehead superstar LAURENT GARNIER. Despite this Jefferson and Craig do wonderfully. Marshall Jefferson manages (very well) to turn this track into a real Chicago style track where as CARL CRAIG puts forth a mix that's a soundtrack for the mid-nineties : melancholic but with a beautiful ray of hope.BOMB THE BASS "Bug powder dust" (Fourth & Broadway/UK) :
The DUST BROTHERS cook up a killer mix in their typical style, delicious distorted bass gets knocked into shape by a snare that doesn't stop.
GEORGE ISSAKIDISIMPULSION "Big Muff EP" (Loaded/UK) :
Nouvelle création du duo parisien talentueux, cette fois sur le label anglais Loaded (label respectable si l'en est), ce disque est un excellent maxi de hard house, happy house. Les 4 morceaux sont savamment construits, les rythmiques surprenantes. Celui que je préfère est Big Muff π, avec son sample de voix érotique, le tout baignant dans une atmosphère new-yorkaise redoutable. Pascal R, le DJ énergique, et Christophe Monier ont réalisé cette perle qui a très certainement l'envergure d'un tube. Les Anglais en raffolent, on ne s'en étonnera pas. Décidément, la house française est pleine mutation, avec ST GERMAIN, les DAFT PUNK, MOTORBASS, IMPULSION, nous avons enfin des maxis dont nous n'avons pas à rougir... Signe des temps ?KERRI "KAOZ" CHANDLER Presents ARNOLD JARVIS "Inspiration" (Freetown/US) :
Voilà exactement ce qu'on appelle un OVNI, non pas tant parce que c'est original, mais parce que c'est vraiment bien. La voix d'ARNOLD JARVIS pourrait faire penser à celle de MICHAEL WATFORD mais elle est plus introvertie, plus sobre. Il s'en dégage une mélancolie exceptionnelle qui tient aussi aux arrangements de KERRI CHANDLER, qui se montre cette fois d'une grande finesse. C'est un garage sombre et sans concession, dans lequel on retrouve cette étrange sensation de tristesse si particulière à la house music, telle qu'elle s'est définie au départ. Cette sensation qui fait que certains n'aiment pas le garage, le trouvant, paradoxalement, trop profond. Le label Freetown est un label véritablement prometteur spécialisé dans le garage dark. Il est à noter que ce morceau, récemment sorti à Paris se trouve dans les playlists de grands DJs comme Vega depuis déjà 4 ou 5 mois.DEEP DISH Presents QUENCH "High Frequency" (Tribal United Kingdom/UK) :
Faux nouveaux talents, puisqu'en fait présents depuis un certain temps dans la production, les 2 membres de DEEP DISH composent une house somptueuse, d'une grande richesse sonore, qui est actuellement consacrée en Angleterre. High Frequency, tube incontestable, en est l'illustration parfaite qui pourrait faire penser à du DJ PIERRE, avec un thème répétitif et évolutif, extrêmement affiné, en mieux.DANNY TENAGLIA "Bottom Heavy" (Tribal United Kingdom/UK) :
Dernière livraison en date du DJ new-yorkais DANNY TENAGLIA dont les mérites ne sont plus à vanter. Bottom Heavy est un double maxi de hard house terriblement efficace et délicieusement sobre : il s'y distille un groove spécial, sombre, lent. Cela se rapprocherait d'un MURK sans voix, ou d'un Junior Vasquez intellectualisé. Une bonne galette, donc. Mais pourquoi, bon sang de bonsoir, en faire un double maxi alors qu'un seul disque noir aurait suffi ?DONNA SUMMER "Melody Of Love (Wanna Be Loved)" (Casablanca/US) :
Morales est infatigable, increvable, le modèle même du remixeur immortel : ne s'arrêtera-t-il jamais ? Que doivent penser certains autres qui pondent un remix par an (et pas forcément bon) ? Je sais ce qu'ils pensent : Morales utilise toujours la même recette, break piano, voix soul, groove, 3 ou 4 fois le mot « love » dans le refrain. OK, mais 1- faites-le, 2- il n'y a rien à dire c'est bien à chaque fois. Ici donc il s'attaque à la grosse machine disco DONNA SUMMER sans aucun complexe et le résultat est bon.
SVEN HANSEN-LØVEBLAZE & ALEXANDER HOPE "Share" (Perfect Pair/US) :
LE disque garage du moment. Prenez un petit moment pour écouter la rythmique, le Bonus Beats par exemple, et bon courage pour tout comprendre ! Ca s'appelle du groove, c'est vrai que vous n'êtes pas gâtés à Paris pour ça... Le vocal est superbe, on connaît Alexander Hope pour son travail avec Smack et MENTAL INSTRUM (Saturdays, etc.), ce qu'il dit est beau en plus. Les harmonies sont superbes et deep au maximum. BLAZE sait allier harmonies jazzy, basses sexy, rythmes subtils et quasi sexuels !!! Comme personne. Faut reconnaître qu'il a un peu d'expérience.CASSIO WARE & SAJHEDA & BLAZE "Fantasy" (Shelter/US) :
Très soft, très deep, le disque fantasmagorique où Cassio associe sa voix sexy à celle de Sajheda pour nous emmener dans un voyage au pays d'harmonies jazzy-pop, et de basses envahissantes. Incitation à une danse de la séduction torride !!! Only for the real deep house lovers !KENNY LARKIN "Catatonic EP" (R&S/B) :
This is techno. Ça faisait longtemps. Tout est typique, tant la rythmique que les cordes, du son de Détroit. Les 2 morceaux de Kenny sont superbes. Le 1er est meilleur à moins 2 (seulement pour les « old school » comme moi, d'accord !). Si vous découvrez la techno, achetez ce disque avant quelques autres communes imitations, SVP ! Le remix de CARL CRAIG est comme d'habitude caractéristique avec une de ses caisses claires infernales et ses rythmiques chaotiques. Le mix de Stacey est très beau, plus calme d'une certaine manière, mais il a su exploiter les cordes au mieux. J'adore vraiment : combinaison parfaite des vraies racines de Détroit avec un son et un mix très moderne.NUAGES "Blanc EP" (F Communications/F) :
Sfumato : SHAZZ + Ludovic Navarre, forcément ça ne peut que me plaire, à la fois pumping hard house, puis deep techno, et pumping again ; c'est intéressant, ça change des structures habituelles. C'est peut-être aussi pour vous dire, à vous house lovers, que le but de la musique, ça n'est ni de monter, ni de descendre (sinon allez chez Otis), c'est aussi et surtout un voyage différent à chaque fois (ça y est je parle comme un raver !!!?). En tout cas, c'est un groove génial et en + très pratique à jouer ; pas mal non ? !
No Work Today : certainement influence de SHAZZ dans les mélodies et le sample vocal ; un très joli morceau entre house et deep deep techno. Après les larmes : rêverie mélancolique et douce, rythme house, groove house. Un mélange intéressant, le morceau est hypnotique et envoûtant. À déconseiller aux amateurs de Bonzai Records (humour).
Move : this is house music ! Tout est subtil, la rythmique, la basse, tous les jeux de synthé, etc. Un vrai beau morceau, superbe à écouter chez soi, et très efficace en club (quand je dis efficace, je veux dire pour les vrais « house music lovers »). Bravo Ludo !
DJ DEEPBATAMANIA "The Paradiso E.P." (Mama/UK) :
Mama Records, le label anglais en vogue, sort son 5e cru : the Paradiso E.P. par BATAMANIA. Fidèles à leur philosophie, les 2 artistes Philippe Lovéna et The Rhythm Dr. font dans le goût et les couleurs, à contre-courant des disques délavés, dilués et donc insipides. Le goût c'est plus Blow Motion, un mix chaleureux et confortable - tout en restant énergique - et accompagné d'un solo de sax très sympa. Wild Island renferme plein de couleurs, de tribalisme (si, si, ça existe !) et se construit autour d'un build-up intelligent (comme toujours chez Mama). Toutes ces couleurs ont un goût gentil, celui des accords qui ont la classe d'être sans prétention et optimistes. La cerise c'est le Iris Blue, à jouer impérativement à la maison pour faire plein de conneries. Bref, Mama c'est super et chacun de leurs bijoux est + ou - incontournable. BATAMANIA n'échappe pas à cet état de fait.MONDO GROSSO "Soufflé" (Masters At Work Remix) (white/US) :
Commençons par les bonnes nouvelles. Ce remix par MASTERS AT WORK du groupe japonais MONDO GROSSO est époustouflant ! Sa musicalité évolue dans un espace de liberté particulièrement vaste, tout en évitant de tomber dans le jazz masturbatoire. La ligne de basse est un morceau de jazz à part entière, au-dessus duquel se promènent des soli de flûtes et de sax, ainsi que des nappes succulentes. Les sentiments qui s'en dégagent sont beaux et positifs. La construction émotionnelle du morceau, bien que rendue complexe par sa richesse, est réussie et s'organise en 2 parties : la 1re est pleine de joie, la 2e pleine de sentimentalité et d'amour. À aucun moment, le morceau se permet de stagner. Avec juste ce qu'il faut de rythmique house, ce titre est en plus suffisamment relevé pour être joué sur une piste de danse. Les MASTERS AT WORK se sont surpassés.
Maintenant les mauvaises nouvelles : le remix est sorti en septembre exclusivement au Japon. Il devait être licencié par King Street Records, le label américain, mais celui-ci ne l'a toujours pas sorti. Cependant, un pirate circule depuis octobre. Essayez coûte que coûte de le trouver...
SERGE PAPO